L'opérateur Q-Park a annoncé mardi l'installation de 4.000 bornes de recharge d'ici à 2025 dans ses parkings français, où il gère 126.000 places. Le leader français du stationnement, Indigo, a déjà installé 1.050 points de recharge et en a annoncé presque 7.000 de plus d'ici 2025.
"Notre ambition est d'amener ce service de recharge en coeur de ville", a déclaré à l'AFP Michèle Salvadoretti, directrice générale de Q-Park France. Les bornes prévues par Q-Park délivrent une puissance moyenne de 7 à 22 kilowatts, visant les automobilistes qui "viennent trois heures pour faire des courses, se garer la nuit ou pendant leur travail". Q-Park prévoit notamment d'installer ses premières bornes dans les souterrains de La Défense, où les salariés des tours commencent à s'équiper en véhicules électriques.
Les Airbnb du parking sont aussi sur les rangs : la plateforme Yespark, qui loue des places inoccupées sous des immeubles d'habitation, a installé 300 bornes à Paris en 2021 et prévoit d'accélérer en 2022.
Ces annonces donnent un coup d'accélérateur à l'équipement des villes en bornes ouvertes au public, qui a pris du retard en France. Si les particuliers ont commencé à s'équiper et que les bornes ouvertes au public fleurissent sur certains grands axes routiers et sur les parkings de supermarchés, elles restent encore bien absentes des centre-villes.
"Pour être au bon niveau d'équipement du territoire, il manque 15.000 bornes d'ici 2025", avait indiqué le ministre des Transports fin 2021.
Alors que la Commission européenne compte interdire la vente de véhicules thermiques en 2035, la loi l'orientation des mobilités (LOM) impose de connecter une place sur vingt dans les parkings des bâtiments d'entreprises existants, et de pré-équiper 20% des places dans les nouveaux parkings depuis 2021. Une aide publique couvre les coûts de fourniture et d'installation à hauteur de 60%.
Entre 15 et 30 euros le plein
Parallèlement, de nombreuses métropoles comptent sur les parkings souterrains pour accueillir les voitures chassées du stationnement en surface.
Mais les contraintes de sécurité incendie rendent coûteuse l'installation de bornes souterraines. Jusqu'en 2009, la loi limitait à trois le nombre de véhicules électriques garés en sous-sol. Désormais, si un opérateur veut installer plus de 20 bornes à un étage, des bornes ultra-rapides, ou en installer en dessous du très demandé premier niveau du parking, il faut qu'il équipe tout le niveau de coûteux "sprinklers", des extincteurs automatiques à eau.
"Le coût du sprinklage peut être prohibitif par rapport à une équation de la recharge qui n'est déjà pas simple", explique Quentin Derumaux, auteur d'une étude sur les bornes pour le cabinet Sia Partners.
"Les opérateurs peuvent aussi se trouver en concurrence avec une offre que la collectivité locale déploie en voirie et sans trop de visibilité sur ce qu'elle va déployer", relève-t-il.
Q-Park va lancer son offre à un tarif avantageux (hors coût du parking), à un euro la charge et 30 centimes le kWh, sans contrainte de temps, soit entre une quinzaine et une trentaine d'euros le "plein", selon la taille de la batterie.
La tarification pourrait évoluer dans quelques années avec la multiplication des voitures électrifiées, et notamment prendre en compte le temps de charge pour accélérer les rotations et éviter les voitures-ventouses, a précisé Q-Park.
D'autres opérateurs souterrains misent déjà sur la charge rapide (entre 20 minutes et une heure pour le plein), notamment à destination des flottes d'entreprises, des loueurs, des VTC et taxis.
Total prévoit d'installer dix stations de recharge avec des bornes de 50 kW dans des parkings souterrains parisiens. Indigo a également annoncé la signature prochaine d'un partenariat pour lancer dès 2022 des stations puissantes dans une quarantaine de parkings français.