Le freinage de la conjoncture des matériaux au premier trimestre qui est en partie imputable aux intempéries, ne semble pas remettre en cause la dynamique de reprise qui s'est confirmée en 2017.
Le mois d'avril vient d'ailleurs confirmer ce diagnostic rassurant avec des livraisons de granulats et de BPE en progression par rapport aux mois précédents mais aussi au regard de l'an passé. S'il est vrai que, du côté du bâtiment résidentiel, les signaux d'un ralentissement se confirment, avec notamment le repli des ventes de logements neufs au premier trimestre, du côté des travaux publics, en revanche, la tendance est au beau fixe avec des facturations et des carnets en hausse.
Les matériaux retrouvent des couleurs en avril
Après un premier trimestre quelque peu chahuté, le mois d'avril vient redonner une certaine lisibilité conjoncturelle, confirmant le cycle de reprise de l'activité des matériaux. En effet, les livraisons de granulats ont rebondi de +6,2% par rapport à mars (données cvs-cjo) et de +8,6% par rapport à avril 2017. Ce bon résultat permet ainsi de « stabiliser » l'évolution sur les trois derniers mois, le repli se limitant à -0,6% par rapport aux trois mois de novembre-décembrejanvier et à -0,4% par rapport aux trois mêmes mois d'il y a un an. En cumul depuis janvier, la progression de l'activité granulats revient à +2,4%, soit un rythme légèrement inférieur à celui constaté sur le cumul des douze derniers mois (+2,6%). Du côté du BPE, le rebond est plus modéré mais néanmoins perceptible. Entre mars et avril, les livraisons de béton prêt à l'emploi ont grimpé de +2,6%, les laissant à un niveau 7,1% supérieur à celui d'avril 2017. Sur les trois derniers mois connus, la production affiche également une quasi-stabilité par rapport au trimestre précédent (+0,4%) mais reste un peu en-deçà des niveaux enregistrés il y a un an (-2,1%). Si depuis janvier, le rythme de progression de l'activité a ralenti (+1,8% en cumul sur un an), il est plus soutenu sur les douze derniers mois (+5,8%).
Le ralentissement du premier trimestre n'a pas touché que le BPE et les granulats. L'ensemble des matériaux a été concerné par ce freinage, certains de façon plus marquée que d'autres, comme en témoigne notre indicateur qui enregistre un repli de -0,7% au premier trimestre après +6,8% le trimestre précédent. Un redressement est néanmoins attendu dès avril.
Les ventes de logements neufs en repli
La dernière enquête menée en mai par l'INSEE auprès des chefs d'entreprises du bâtiment traduit une certaine stabilité du climat des affaires. Certes, les soldes d'opinion concernant l'activité passée et l'activité future marquent un certain tassement mais ils n'en demeurent pas moins encore très supérieurs à leur niveau moyen de long terme. En outre, les entrepreneurs jugent toujours leurs carnets de commandes bien garnis, ces derniers leur assurant 7,4 mois de travail compte tenu de leurs effectifs actuels, soit, là aussi, un niveau bien au-dessus de la moyenne sur longue période. Du côté des promoteurs, en dépit de l'amélioration de l'enquête d'avril, traduisant un regain de confiance quant à la demande de logements neufs, les résultats de l'enquête commercialisation du premier trimestre 2018 marquent, quant à eux, un repli des ventes.
En effet, les réservations affichent une baisse de -5,1% par rapport au premier trimestre 2017 (avec 30 100 logements vendus), le mouvement étant plus prononcé dans le segment de l'individuel (-11,7%) que dans celui du collectif (-4,5%). Dans ce dernier, il est d'ailleurs intéressant de noter que la baisse des ventes est surtout imputable aux petites surfaces, les ventes de studios chutant de 11,6% contre une hausse de +3,3% pour les appartements de 4 pièces ou plus. En revanche, en liaison avec l'amélioration de leurs perspectives, l'offre des promoteurs reste dynamique au premier trimestre avec des mises en vente en progression de +2% par rapport à la même période de l'an passé. C'est dans l'individuel cette fois que le mouvement est le plus marqué avec une hausse de +17,3% contre une quasi-stabilisation pour les appartements (+0,7%).
Dans ce contexte d'une hausse des mises en ventes couplée d'un repli des ventes, les encours affichent une légère progression au premier trimestre (+3,6% sur un an). Toutefois, avec un stock d'environ 108 500 logements, composé à 91% d'appartements, la part des logements vraiment disponibles, c'est-à-dire achevés ou en cours d'achèvement, diminue de 6,6 points. Si le freinage du marché du neuf est sans doute en partie imputable au recentrage des mesures fiscales, moins incitatives dans le cadre de l'investissement locatif (Pinel) mais aussi pour les primo-accédants (PTZ), il tient globalement à une certaine détérioration de la solvabilité des ménages. Bien que le niveau des taux d'intérêt demeure attractif, (1,51% pour l'accession dans le neuf en moyenne en avril 2018, selon les données de l'Observatoire du Crédit Logement), l'allongement de la durée des prêts (+15 mois depuis le début 2014 à 238 mois dans le neuf) ne parvient pas à compenser la hausse des prix de l'immobilier. Ainsi, sur la période, le prix moyen d'une maison a augmenté de plus de 7% (à 265 000 euros début 2018) et de près de 6% pour les appartements (à 4070 euros le m2). De fait, l'indicateur de solvabilité de la demande pour le marché du neuf (calculé par l'Observatoire) chute depuis un an, renouant avec les niveaux de 2014 quand les taux d'intérêt étaient deux fois plus élevés…
TP : climat au beau fixe malgré les intempéries
La dernière enquête menée en mars auprès des professionnels des travaux publics par la FNTP traduit un niveau d'activité en hausse de 9,5% pour le premier trimestre (données cvs-cjo en valeur), soit un rythme assez proche de celui enregistré par les marchés conclus (+9,2%). Dans un contexte marqué par les fortes intempéries, avec un nombre d'heures chômées en mars encore deux fois plus élevé qu'en mars 2017, ces résultats sont très encourageants puisque plus d'un tiers des entrepreneurs (37%) ont dû limiter leur activité en raison des aléas climatiques.
Toutefois, même si les perspectives restent bien orientées pour le deuxième trimestre, tant du côté des marchés publics que du côté des marchés privés, les professionnels déplorent une reprise très inégale selon les territoires. Mais la croissance attendue des investissements des collectivités locales en 2018, notamment sur le bloc communal (+5% environ) en liaison avec la phase porteuse du cycle électoral, devrait contribuer à estomper progressivement les disparités territoriales.