La rencontre entre les huit dirigeants des grandes centrales syndicales (CFDT, CGT, FO, CFE-CGC, CFTC) et patronales (Medef, CPME, U2P), en présence aussi du Premier ministre Jean Castex et des ministres Bruno Le Maire (Economie) et Elisabeth Borne (Travail) aura duré environ 3 heures.
A la sortie, les partenaires sociaux ont notamment évoqué la "montée en puissance" du variant Delta jugée "préoccupante" et le sujet de la vaccination, alors que Jean Castex consultera les élus locaux jeudi sur une possible obligation pour les soignants.
Le patron du Medef Geoffroy Roux de Bézieux a plaidé qu'"il faut se vacciner et pas exclure de rendre la vaccination obligatoire" dans certains cas, là où pour Philippe Martinez (CGT) "la rendre obligatoire c'est contraindre sans convaincre". Pour Laurent Berger (CFDT), "il faut une politique d'impulsion très forte", seule "solution pour en sortir".
Autre point sur lequel l'exécutif était très attendu: la réforme des retraites, sujet remis sur la table par le chef de l'Etat lors d'un déplacement dans le Lot début juin, mais que l'exécutif ne semble plus si pressé de pousser.
Le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, a souligné cette semaine qu'une décision politique sur le sujet devrait être prise "notamment en fonction de l'épidémie et de l'ampleur de la reprise".
"Si le redécollage économique se confirme cet été et à la rentrée, et que la situation épidémique est maîtrisée, il est possible d'agir et d'enclencher un mouvement", a-t-il insisté.
Lors de la réunion, le sujet a été évoqué "sans que le président ne nous ait dévoilé ses intentions", a indiqué le patron du Medef, en s'interrogeant "sur le timing, surtout avec le variant Delta et la recrudescence" de l'épidémie de Covid-19.
"Risque social"
Laurent Berger (CFDT) a lui prévenu qu'il n'y avait "pas de voie de passage" sur une mesure d'âge à l'automne prochain. Une réforme des retraites en l'état actuel de la situation serait "hors de propos", a-t-il insisté, pointant du doigt "un risque social et démocratique".
Son homologue de la CGT Philippe Martinez a relevé pour sa part que le président avait dit qu'il allait "réfléchir, consulter" et qu'"en même temps, il nous proposait de prolonger le travail engagé en 2019 pour voir les conditions dans lesquelles on pourrait faire les choses". Disant ne pas avoir "bien compris" la position du chef de l'Etat, il a lui aussi relevé que "tout le monde a insisté sur les risques de tension sociales".
Yves Veyrier (FO) a également redit son "total désaccord" sur la nécessité de réformer et Cyril Chabanier (CFTC) a "bon espoir" que les discussions reprennent. Le président a dit que "quelle que soit la décision qu'il prendra, il faut en tout cas que les prochains mois ne soient pas des mois inutiles", a-t-il rapporté.
L'Elysée avait indiqué en amont de la réunion que les échanges devaient porter "sur la situation économique et sanitaire après plus d'un an de crise" et, "à la suite notamment du rapport Blanchard-Tirole", sur "les solutions devant être apportées aux grands défis tels que la croissance durable et la transition écologique, la lutte contre les inégalités économiques ou encore le défi démographique".
Manière de dire que les retraites seraient en filigrane des discussions, alors que le rapport estime "inévitable" de réformer le système français, notamment en retardant l'âge de départ.
Une prise de parole du président de la République est attendue d'ici la mi-juillet, plusieurs responsables syndicaux évoquant mardi "la semaine prochaine", sans plus de précisions. Elle doit permettre de définir le cap de la fin du quinquennat, en particulier sur les réformes qu'il souhaite lancer.