Trois catégories d’acteurs identifiées
L’élaboration de l’index de maturité du secteur à partir des 223 dirigeants interrogés a permis d’identifier trois catégories d’acteurs :
Globalement, les acteurs du secteur du BTP sont à mi-chemin en matière d’innovation. Leurs efforts ont d’abord porté sur la réussite des projets et sur les talents, puis sur l’adoption des nouvelles technologies. L’index de maturité nous révèle une vraie disparité des acteurs dans ce domaine.
Les « Leaders innovants » sont convaincus qu’il s’agit de l’unique chemin pour continuer à se développer et assurer leur pérennité. De ce fait, ils investissent sans crainte particulière, et ce, même dans un environnement incertain, en mutation.
Les « Suiveurs » sont moins enclins à investir massivement dans les nouvelles technologies telles que la réalité virtuelle, les capteurs intelligents ou encore les robots. Ils s’engagent dans l’innovation prudemment avec le « ROI » comme principal critère, afin de limiter les risques et coûts liés aux projets qu’ils développent.
Les « Décrochés ou Retardataires » qui devront se lancer dans les années à venir dans une véritable course à l’innovation afin de rester compétitif sur le marché et conserver leur attractivité en matière de talents.
L’innovation au service de la performance des projets
Les résultats de l’enquête montrent qu’il y a un lien fort entre innovation et maitrise des projets complexes conduits par les répondants. Les leaders innovants sont ceux, par exemple, qui disposent d’un système intégré de gestion de projet ou encore qui estiment que leur processus en la matière sont bons voir excellents. Conséquence, deux sur trois livrent la quasi-majorité (90 %) de leurs projets dans les délais.
A contrario, ceux qui sont « en retard » utilisent des outils de gestion hétérogènes et non communicants, pensent que leurs méthodes de construction et de gestion sont perfectibles expliquant qu’aucuns ne soient capables de livrer les projets dans les temps impartis. Il en va de même pour les « suiveurs » qui, en raison d’un faible taux d’adoption des nouvelles technologies, sont seulement 14 % à livrer dans le délai prévu ou proche de la date initiale.
Adoption des nouvelles technologies : un excellent début qui va nécessiter une accélération
La photographie des technologies adoptées par les leaders de l’innovation réserve quelques surprises : le BIM arrive en tête, fruit d’une démarche initiée il y a presque 10 ans maintenant.
A l’opposé l’impression 3D parait loin de se généraliser mais cela est vraisemblablement dû aux cas d’usage encore limités et peut être aussi à l’interrogation des clients sur la pertinence de cette technologie versus les techniques plus classique de construction. Le Data & Analytics simple commence également à se développer et il est fort à parier que le développement de l’IA et du machine learning va amplifier cette tendance.
Toutefois, à ce stade les répondants sont toujours un peu perplexes quant au potentiel de ces deux innovations : seuls 52 % des leaders nous disent les voir jouer un rôle important dans un horizon de 5 ans.
Les talents au cœur de toute stratégie d’innovation
La guerre des talents est clairement d’actualité dans l’industrie de la construction, et ce, que ce soit du côté des donneurs d’ordres ou des entreprises. L’enjeu de l’attractivité et de la rétention des profils à hauts potentiels est au centre de toutes les stratégies de développement. Agilité face au monde digital, qualification en matière d’ingénierie et capacité managériale sont les trois caractéristiques les plus recherchées par les acteurs du secteur.
Les Leaders innovants ont un avantage indéniable pour attirer les Millenials et la Génération Z. Ce que veulent ces générations s’est évoluer dans une organisation dotée de moyens de communication et de management très innovants tels que la possibilité de pouvoir travailler de n’importe où, n’importe quand. Plus de liberté, plus de flexibilité grâce aux nouvelles technologies. Voilà ce qu’attendent les collaborateurs et futurs recrues du secteur de la construction. D’ailleurs, ces leaders innovants ne s’y trompent pas puisqu’ils placent « l’humain » comme étant un des deux défis majeurs à relever dans les prochaines années alors que les autres répondants le classent à la 5ème place.
Pour répondre à ces attentes, les répondants ont mis ou commence à mettre en place des « softs controls » :
Un autre aspect sur lesquels les « Leaders Innovants » sont en avance est la diversité. L’étude montre clairement qu’ils sont plus attentifs à cette question que les autres répondants et qu’ils en retirent un avantage en termes de performance, d’image, et donc in fine d’attractivité.
La vision 4.0 du secteur
Plus des 2/3 des leaders innovants interrogés sont persuadés que les nouvelles technologies vont favoriser l’arrivée de nouveaux entrants sur le marché de la construction et des infrastructures. Ils auront, selon eux, 4 caractéristiques :
- Leurs offres seront centrées sur une expérience client différenciante grâce à l’usage des données
- L’agilité des techniques de construction qu’ils utiliseront leur permettra de produire de manière performante un service « à la demande »
- Leurs actifs seront adaptables en fonction de l’évolution de leur environnement, et ce, grâce à l’instauration d’alliances avec d’autres acteurs et à leur mise en réseau
- Les profils de leurs talents seront profondément modifiés par l’automatisation des travaux peu complexes et très risqués. Ils piloteront la migration d’une main d’œuvre manuelle vers une main d’œuvre digitale.
« L’industrie de la construction s’est engagée avec vigueur et pragmatisme sur le chemin de l’innovation. C’est parce qu’elle sera au service des clients et des talents que l’innovation sera un exceptionnel levier de performance pour les acteurs du secteur », souligne Xavier Fournet, Associé KPMG, Responsable du secteur Infrastructure & Construction
Méthodologie
KPMG a interrogé 223 dirigeants du secteur de l’infrastructure et de la construction sur leur perception de la disruption technologique dans leur secteur.
Cette étude a été complétée par des entretiens qualitatifs menée auprès de cadres dirigeants de ces sociétés ainsi que d’associés KPMG experts du secteur.