Dans ce contexte, Rami Karam, Directeur Général de lesfurets, et Sylvain Lefèvre, co-fondateur et Président de La Centrale de Financement, réalisent un état des lieux de la situation actuelle et dressent les perspectives de reprise progressive, en ces premières semaines de déconfinement.
Point de vue de deux experts :
Les marqueurs d'une accélération des solutions digitalisées pour faciliter les démarches immobilières
Sylvain Lefèvre : Le confinement a eu un impact très fort sur la demande de crédit immobilier. Malgré le maintien des projets en cours, beaucoup de nouvelles affaires ont été annulées ou différées. Le décret du 4 avril permettant aux notaires de proposer des signatures électroniques pour tous les actes notariés a facilité les démarches qui étaient en attente. L'adaptation des acteurs de l'immobilier avec l'augmentation des visites virtuelles a également ouvert la voie à une reprise progressive du marché.
De notre côté, nous avons mis au point, comme la plupart de nos banques partenaires, la signature électronique afin de finaliser, dans les meilleurs délais, les demandes de prêts de nos clients. Nous nous sommes également chargés de prolonger la validité des offres de prêt jusqu'à 90 jours, contre 30 jours habituellement.
La digitalisation de la chaîne immobilière s'est donc accélérée avec une légère augmentation des taux au mois d'avril sans que celle-ci n'impacte véritablement les conditions d'emprunt. Les conditions de taux généralement constatées augmentent légèrement pour l'ensemble des durées habituelles de prêts avec 0.07% d'augmentation sur 10 et 25 ans, 0,08% sur 7 et 15 ans. Cette légère tendance haussière s'accentue pour les emprunts sur 20 ans, avec 0.09% d'augmentation constatée, ainsi que pour les emprunts effectués sur 12 ans, pour lesquels les taux se sont accrus de 0.1%.
À date, les pertes du marché sont difficiles à estimer, elles seront plus visibles en août-septembre en raison du report de certaines signatures sur mai-juin ; l'été étant une période peu propice aux transactions immobilières.
Rami Karam : Côté comparaison, après avoir noté une baisse de quasi 50% des visites sur notre site et de 67% des simulations de tarification sur le produit prêt immobilier au mois d'avril versus la première quinzaine de mars alors que nous comptabilisons 300.000 devis annuels sur le produit immobilier en temps normal, les simulations repartent à la hausse avec une forte reprise depuis le début du mois de mai versus le mois d'avril (+58% en trafic naturel uniquement), celles-ci étant encore plus exploratoires qu'intentionnistes.
Pour 70% des Français, l'achat immobilier est l'objectif d'une vie et se fait 1,5 fois au cours de celle-ci, un indice qui explique le choix des consommateurs de continuer à se projeter en faisant des estimations de prêts immobiliers, malgré la période. Sachant qu'un tiers de la charge mentale des Français a été liée à la gestion des dépenses contraintes pendant le confinement, nous avons voulu tenir notre promesse d'accompagnement de cette valeur refuge en développant de nombreux contenus sur le site pour donner des éléments de décryptage et de conseils aux utilisateurs notamment sur les reports et suspensions de prêts. Aujourd'hui, de nombreuses visites s'orientent encore prioritairement vers des pages de contenu plutôt que sur les pages amenant l'usager vers le tunnel de comparaison.
Report ou suspension de crédit et assurance emprunteur, quelle bonne formule pour maintenir un budget impacté par la crise économique ?
R. K. : En France, l'encours de remboursement de prêts immobiliers détenus par 9 millions d'emprunteurs est de 1.300 milliards d'euros. Si les revenus des Français sont en baisse, il existe des solutions à l'instar du marché italien qui a adopté le 11 mars dernier la possibilité de suspendre le remboursement de son prêt immobilier jusqu'à la fin de l'année.
S. L. : La modulation des échéances de prêt n'est possible, en France, que si cette clause est prévue au contrat de prêt (mais, ces clauses ne s'appliquent souvent qu'à partir d'une ou deux années de crédit). Au regard de la situation inédite dans laquelle se trouve l'ensemble du pays, le report des échéances de prêt a été rendu possible pour une durée de 6 mois. Sans pénalités ni frais additionnels, cette mesure exceptionnelle est une solution véritablement solidaire et efficace apportée par les banques. Elle permet à un grand nombre d'emprunteurs de se prémunir de fins de mois difficiles.
R. K. : Pourtant cette bonne initiative a un coût et un impact fort : l'allongement des intérêts et le coût de l'assurance qui perdure même en cas de suspension ou report.
S. L. : En effet, les échéances de l'assurance emprunteur ne sont pas reportables, puisque le contractant au prêt continue d'être exposé aux différents aléas couverts par l'assurance (ex : problèmes de santé, décès etc.). Celui-ci ne peut pas non plus être dispensé du paiement de ses mensualités, malgré une baisse de revenu liée au chômage partiel. Les assurances emprunteurs ne couvrent en général que la baisse de revenu engendrée par la perte d'un emploi, pour motif économique.
R. K. : C'est ici que la comparaison est une solution économique importante. Grâce à la loi Bourquin, les emprunteurs peuvent résilier leur contrat d'assurance emprunteur en deux temps trois mouvements et effectuer des économies pouvant s'élever à plusieurs milliers d'euros par an. Dans la majorité des cas, séparer son crédit et son assurance est une démarche très rentable et les économies peuvent dépasser en moyenne jusqu'à 1.000 euros sur la durée totale du prêt.
Le rachat de crédits, champion du traitement à distance
R. K. : Même si nous avons noté une baisse de 30% des demandes d'utilisateurs sur notre site sur les trois premières semaines de confinement, le travail à distance de nos partenaires sur les produits financiers comme le rachat de crédits ainsi que la possibilité de ne pas avoir de frein à la finalisation des documents a permis un maintien de l'offre comme de la demande intéressant pour les consommateurs. Nos partenaires bancaires ainsi que les courtiers ont continué à se rendre disponibles avec des outils digitaux simples et éprouvés. Les simulations reprennent de façon certaine depuis deux semaines avec +30 à 40% sur le produit rachat de crédits.
S. L. : La crise que nous vivons actuellement risque d'impacter sur une longue durée les revenus des Français ainsi le rachat de crédits peut permettre de réduire le montant dépensé chaque mois en remboursement d'échéances incluant le capital et les intérêts. Le rachat de crédits pourrait être une solution pour abaisser le poids des crédits sur le budget mensuel des Français.
R. K. : À noter que la baisse des mensualités peut aller jusqu'à 60% lors d'une opération de rachat de crédits. Le rachat de crédits est une opération particulièrement intéressante pour éviter toute situation de surendettement puisqu'elle permet notamment de dégager un montant de reste à vivre plus important chaque mois. Si elle peut intervenir sur un seul crédit immobilier ou consommation, l'opération de regroupement de crédits peut également en compter plusieurs et de chaque type. Une solution simple et accessible pour tous les Français !