Cette dégradation est particulièrement marquée dans le secteur de la construction neuve dont l’activité chute de -11% au 3e trimestre après avoir déjà reculé de -6,5% au deuxième trimestre 2024. Quel seuil d’alerte faudra-t-il franchir pour qu’enfin tous les acteurs soient invités à réfléchir ensemble à une politique du logement repensée et à la hauteur de l’immensité des besoins ?
Par ailleurs, le recul d’activité s’intensifie pour toutes les entreprises artisanales du bâtiment, quelle que soit leur taille. Tous les métiers sont impactés, les artisans de la maçonnerie et ceux de la menuiserie-serrurerie, qui interviennent davantage sur le neuf, accusant une baisse particulièrement notable (respectivement -6% et -5,5%). L’ensemble du territoire est concerné par ce recul de l’activité, l’Ile-de-France et la région Centre-Val de Loire étant plus impactées que les autres régions (respectivement -7% et -6%).
L’enlisement de la construction neuve confirme un modèle économique à bout de souffle
La tendance négative reste forte pour les autorisations et les mises en chantier. À l’échelle nationale, les nombres de logements autorisés et commencés cumulés sur douze mois de septembre 2023 à août 2024 sont en recul de respectivement -9,5% et -19,9% par rapport à la même période l’année précédente. Un mauvais résultat lié à la forte baisse de ces indicateurs pour les logements individuels (-23,6% pour les autorisations et -33,4% pour les mises en chantier). Au troisième trimestre 2024, le volume d’activité en construction neuve recule de -11% pour les entreprises artisanales du bâtiment par rapport au troisième trimestre 2023. La chute de la construction neuve se poursuit donc de trimestre en trimestre sans que rien ne semble pouvoir l’enrayer.
Travaux de rénovation : la tendance baissière s’accentue
Bien que l'activité en entretien-amélioration soit moins dégradée que l’activité en construction neuve, elle n’en reste pas moins en baisse : le segment de l’entretien-amélioration recule de -1% au 3e trimestre, comme au trimestre précédent. En parallèle, l’activité en amélioration de la performance énergétique des logements diminue également en glissement annuel (-0,5%), ce trimestre comme au trimestre précédent. Les transactions dans l’ancien, génératrices de travaux de remise aux normes, d’amélioration du confort et de la performance énergétique, sont en berne. De juillet 2023 à juillet 2024, les ventes de logements anciens cumulées sur 12 mois ont ainsi chuté de 20%.
Face à cette situation, la CAPEB met en garde contre les incertitudes des mois à venir qui pourraient aggraver encore cette situation et plaide pour des mesures positives et réalisables dans le cadre du projet de loi de finances et du projet de loi de financement de la sécurité sociale, visant à établir une politique dynamique et cohérente au niveau national.
Des petites entreprises à la limite de leur capacité de résilience
Dans ce contexte dégradé, la trésorerie des entreprises est également impactée. En effet, 28% des entreprises déclarent une détérioration de leur trésorerie au troisième trimestre 2024. Sur ce même trimestre, 24% des entreprises font état de besoins de trésorerie (contre 19% au même trimestre de l’année précédente), pour un montant moyen constant depuis début 2024 de 29.000 €. La baisse de l’activité (pour 55% des entreprises) ainsi que l’allongement des délais de paiement des clients (pour 45% d’entre elles) sont les principales causes de ces difficultés.
Des perspectives peu brillantes qui appellent une réelle prise de conscience de l’État
La nécessité de contenir le déficit public conduit aujourd’hui l’État à devoir dégager 60 milliards d’économies. La CAPEB en comprend les enjeux. Toutefois, elle alerte sur les conséquences dommageables que certains arbitrages budgétaires pourraient avoir sur les charges des entreprises artisanales du bâtiment et sur leur capacité à répondre aux besoins du pays en termes de rénovation énergétique et d’accessibilité des logements. Or, les travaux d’amélioration de la performance énergétique continuent de baisser au 3e trimestre (-0,5%) alors que ce champ d’activité devrait être en forte croissance compte tenu des besoins et des enjeux.
Pour Jean-Christophe Repon, président de la CAPEB : « Les artisans du Bâtiment constituent indéniablement une force sur laquelle le Gouvernement peut compter. Les chiffres de ce 3e trimestre démontrent qu’ils sont de plus en plus fragilisés par une situation économique défavorable et dont il faut absolument éviter l’aggravation. L’heure est à l’action. La priorité doit être donnée à créer les conditions d’une relance rapide en impliquant tous les acteurs concernés. Les dispositions prises dans le cadre du PLF 2025, comme le relèvement brutal du taux réduit de TVA sur les chaudières à gaz, la diminution de l’accompagnement des entreprises formatrices d’apprentis, la hausse de leurs charges, etc., interrogent sur la manière dont le Gouvernement souhaite résoudre les difficultés économiques du secteur et répondre aux enjeux environnementaux et sociétaux. »
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