Le président de la République devrait détailler le lancement des emplois francs, un retour des services publics et le recours au "testing" contre les discriminations.
Lundi, il s'est rendu à Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), ville de la banlieue parisienne dont le quartier du Plateau a bénéficié du plus ambitieux programme de rénovation urbaine de France (670 millions d'euros) après avoir été le berceau des émeutes de 2005.
Le chef de l'Etat a cependant débuté sa visite dans le quartier du Chêne Pointu fait de barres d'immeubles délabrées en cours de rénovation. Par cette visite non annoncée, il a voulu "se rendre compte sur le terrain" des difficultés du quartier, a-t-il expliqué devant la presse.
Il a souhaité "accélérer les délais" pour cette rénovation qui au rythme actuel prendra une douzaine d'année car il faut racheter chaque logement et reloger les habitants avant de reconstruire.
Emmanuel Macron a été accueilli par le maire de la ville, Olivier Klein, dont il a annoncé la nomination comme président de l'Agence nationale de rénovation urbaine (Anru). Chaleureusement accueilli par les habitants, il a passé une demi-heure à bavarder avec eux et faire des selfies.
Il s'est ensuite rendu au centre social de Clichy-Montfermeil puis a passé deux heures à saluer plusieurs centaines d'habitants.
M. Macron en a profité pour confirmer les engagements de l'Etat pour achever la future gare de la ligne 16 du métro du Grand Paris Express en 2024.
Il s'est ensuite envolé dans la soirée pour Lille et Roubaix où il participera à un dîner placé sous le thème des discriminations. Mardi, il passera la matinée à Tourcoing, l'une des villes les plus pauvres de France, pour prononcer un discours sur sa politique de la ville.
Emplois francs
Emmanuel Macron veut "agir dès maintenant avec des mesures concrètes pour améliorer le quotidien" des 5 millions de personnes qui habitent dans les 1.514 quartiers les plus pauvres, appelés "quartiers de la politique de la ville", a expliqué l'Elysée.
A 25%, le chômage y est 2,5 fois plus élevé que la moyenne, la pauvreté peut y atteindre 40% et le taux d'activité réel plafonner à juste 44%, 20 points de moins que dans le reste de la France.
Leurs habitants ont des difficultés à accéder aux emplois, aux services publics, aux médecins, aux logements et 17% s'estiment victimes de discrimination en raison de leurs origines. On y trouve deux fois moins de généralistes, trois fois moins de spécialistes et quatre fois moins de crèches.
Le président annoncera aussi des initiatives pour les collégiens et lycéens: renforcement des internats, aide aux stages de 3e que les principaux des collèges auront la charge de trouver.
Dans ces quartiers, l'Etat veut aussi faire revenir les services publics, comme la Poste, et doubler les maisons de santé.
Promesse de campagne, les emplois francs -les entreprises reçoivent des primes si elles embauchent des jeunes des quartiers- seront expérimentés dans plusieurs dizaines de quartiers dès 2018. Ce système, qui avait échoué sous Hollande, a été budgété à hauteur de 180 millions d'euros pour 2018 (environ 10.000 emplois francs).
Pour lutter contre les discriminations sur le nom, l'adresse ou l'origine, Emmanuel Macron "souhaite étendre les mesures de testing" des entreprises privées (test sur les recrutements) avec une publication des résultats, selon le principe américain du "name and shame" (nommer et blâmer).
Le chef de l'Etat va créer un "conseil présidentiel" sur la politique de la ville, constitué de "jeunes issus des quartiers ayant réussi leur vie professionnelle" pour "entendre et bénéficier" de leur expérience et ainsi "redonner une image positive et de l'espoir".
Il doit aussi confirmer le doublement des crédits des programmes de rénovation urbaine, qui seront portés à 10 milliards d'euros pour des programmes courant jusqu'à 2031.
De nombreux élus et associations ont critiqué les restrictions budgétaires annoncées cet été, comme la baisse des emplois aidés, très nombreux dans les quartiers populaires. Emmanuel Macron a répondu que le niveau des 200.000 emplois aidés par an serait maintenu de façon pérenne.