Cette démarche s’est concrétisée par la mise en place d’un Observatoire Construction Tech®, l’organisation de deux Challenges Start-Ups, la création du 1er Annuaire digital des Start-Ups de la Construction et de l’Immobilier, et l’émergence sur BATIMAT d’un secteur dédié à la digitalisation du bâtiment.
Comme en 2019, Construction Tech® décrypte les tendances repérées au CES 2020 de Las Vegas pour essayer d’envisager ce qui fera le bâtiment de demain, et l’édition 2021 de BATIMAT. Ainsi, cinq tendances confirment leur essor et viennent transformer en profondeur l’usage des bâtiments en réponse aux nouvelles exigences des utilisateurs et des habitants.
Cinq tendances clés repérées au CES 2020 de Las Vegas
1 – La commande vocale : nouveau standard de l’offre connectée
Dorénavant, concevoir une offre connectée sans y intégrer la commande vocale est totalement obsolète. Les équipementiers, et même les constructeurs automobiles choisissent à minima une solution de commande vocale, sinon plusieurs afin de laisser le choix au consommateur final.
Les solutions de commandes vocales d’Amazon, Google et Apple sont aujourd’hui présentes dans la quasitotalité des solutions connectées et automatiquement intégrées aux offres.
Et dans le bâtiment ?
En décembre 2019, le projet « Connected Home over IP » (CHIP) lancé par Amazon, Google et Apple annonçait l’interopérabilité des enceintes et produits vocaux. Les 3 initiateurs du projet étaient d’ailleurs très vite rejoints par Ikea, Schneider Electric, Somfy, Legrand, ZiggBee Alliance. Pour le bâtiment, cela permet d’abaisser progressivement les obstacles à l’intégration de nouvelles technologies, notamment dans l’existant, avec un choix plus large et une possible personnalisation.
Exemples : Legrand intègre Alexa dans ses interrupteurs Céliane by Netatmo ; Enki (Leroy Merlin) intègre Google Assistant et Alexa ; le pommeau de douche connecté de Kohler Moxie intégre Alexa.
2 – L’Intelligence Artificielle : un outil de différenciation
Si l’intelligence artificielle a parfois fait l’objet d’annonces extravagantes, force est de constater que la technologie se généralise. Aidée par le nombre d’objets connectés toujours plus important, l’IA se développe en se basant sur des données générées par ces objets.
Et dans le bâtiment ?
L’intelligence artificielle permet, par exemple, selon le niveau technologique atteint, d’adapter le fonctionnement des produits dotés d’IoT aux comportements de l’habitant. Aujourd’hui, l’IA permet même de détecter les objets connectés et de les configurer sans l’intervention du consommateur. Toutefois, et malgré la présence de l’IA, ces équipements auront vraisemblablement toujours besoin d’accompagnement professionnel. Pour le bâtiment, c’est l’émergence du nouveau métier d’opérateur de service : fournir et faire la maintenance des IoT, mais aussi assister le client dans la personnalisation et le paramétrage.
Exemples : L’IA de Viaroom détecte et configure automatique les IoT dans la maison, et adapte leur consommation par apprentissage ; ThinQ de LG Electronics est une IA qui contrôle et gère la maison dans son intégralité ; Samsung IA Neon est capable de générer des avatars humains ; SK Magik purifie l’air en fonction des résultats de l’IA qui analyse l’espace en 3D autour d’elle.
3 – Création d’un marché Smart Home de masse par les géants de la tech
Alors que l’industrie de l’électronique grand public constate un ralentissement de la consommation des offres traditionnelles (TV, smartphones, tablettes, appareils photo…), le Smart Home émerge comme un segment au très fort potentiel de croissance. Il a ainsi été identifié par la Consumer Technology Association comme l’un des segments porteurs de la croissance du marché de l’électronique grand public. Les différents acteurs s’attendent à la transition du Smart Home de luxe au Smart Home de masse. Pour preuve, les géants de l’électronique présentent tous désormais leurs plateformes de contrôle des objets connectés : Samsung avec SmartThings et son robot Ballie, LG avec ThinkQ Home, Panasonic avec HomeX, Bosch qui va intégrer HomeKit d’Apple…
Et dans le bâtiment ?
Comment produire, stocker et fournir l’énergie d’un nombre toujours croissant d’objets connectés et électriques ? Les géants de la tech annoncent en effet une augmentation significative de la data et de la consommation énergétique. Peu d’exposants abordaient cette question au CES 2020.
Exemples : Panasonic présentait HomeX mis en scène par deux acteurs interagissant avec la maison. Haier introduisait quant à lui ses solutions Smart Home avec une vidéo et des hologrammes. Ballie de Samsung est un robot compagnon qui se promène dans la maison pour gérer l’ensemble des objets connectés. Le robot CLOi’s Table par LG s’occupe de la cuisine, contrôlé par l’app ThinQ.
4 – Un nouveau marché grand public, la sérénité
Forte préoccupation identifiée lors de l’édition précédente du CES, mais avec une offre limitée de solutions, la santé est très présente cette année, y compris dans la maison, avec de nombreuses offres en termes d’accessibilité, d’alerte et d’assistance aux personnes.
Et dans le bâtiment ?
L’émergence de nouveaux besoins et usages pour la santé et la sécurité illustre l’importance de cette préoccupation, notamment dans une société qui vieillit. Sur le long terme, ce nouveau marché pourrait se traduire par une offre technologique d’équipements pour la maison (ou même pour le tertiaire), avec les besoins en installation et supervision qui l’accompagnent. Le sujet de la qualité d’air intérieur trouve là un lieu propice à son développement.
Exemples : Somfy propose le Sensor Control air io, un capteur pouvant ouvrir et bloquer une baie coulissante pour aérer l’intérieur ; PLACA Curtain Disinfection System with Air Purifier est une innovation primée au CES, le rideau d’AIMD purifie l’air autour du lit dans les hôpitaux ; Sekisui House installe des capteurs au plafond pour mesurer le rythme cardiaque des habitants ; Le compagnon robot PECOLA, par ITRI, suit et détecte les comportements anormaux chez les seniors pour soins préventifs.
5 – La mobilité : un enjeu pour les 10 prochaines années
Si la voiture n’est pas encore autonome, elle est omniprésente dans cette édition du CES en termes d’annonces et d’offres. Les offres liées directement ou non à la mobilité étaient visibles dans toutes les zones thématiques du salon : dans l’automobile bien entendu, mais aussi dans le smart home, l’audiovisuel, l’informatique, même la santé… Tout est connecté, et tout se connecte à la voiture, mais aussi au vélo et à la trottinette. Les fabricants comme les développeurs de services anticipent tous l’arrivée de la 5G et ses applications pour la mobilité.
Et dans le bâtiment ?
La mobilité implique un grand bouleversement des infrastructures, nécessité absolue pour l’entrée en circulation des véhicules électriques. Comment recharger ces véhicules ? Recycler les batteries et les connecter au bâtiment ? Intégrer le stockage, la production et la distribution d’énergie vers la mobilité dans les GTB ?
Exemples : Bosch « IoT Shuttle » est un véhicule entièrement électrique et connecté, destiné à la mobilité partagée ; Sony, pourtant attendu sur la PlayStation 5, a choisi de dévoiler son prototype Vision-S ; En partenariat avec Uber, Hyundai présentait un prototype de taxi volant ; Valerann Smart Roads, IoT pour la gestion du traffic urbain, a été récompensé au CES 2020 ; Renault a choisi OTODO pour connecter ses voitures à la maison.
Selon Guillaume Loizeaud, Directeur de l’Observatoire de la Construction Tech® et du salon BATIMAT : « Le CES Las Vegas, parce qu’il s’adresse à un marché BtoC, permet de s’immerger dans les solutions qui seront proposées demain aux habitants et usagers. Elles auront donc des incidences directes sur les exigences de ceux-ci. Le passage annoncé à un marché de masse du smart home va accélérer le besoin d’évolution de l’offre et les acteurs du bâtiment seront de plus en plus sollicités. L’interopérabilité accrue entre le bâtiment, l’automobile, et les produits électroniques, vont profondément modifier les écosystèmes, et ce d’autant plus qu’ils n’évoluent pas dans les mêmes échelles de temps. Enfin, la question de la production et du stockage de l’énergie nécessaires à ces innovations reste ouverte, et clairement non abordées à Las Vegas. »