La semaine prochaine, dès le lendemain du 2e tour, priorité à l'économie: le chef de l'Etat ira sur le site de la future usine de batteries électriques d'un grand groupe chinois à Douai - Xavier Bertrand, candidat déclaré à la présidentielle, est invité - puis recevra 150 grands patrons français et internationaux à Versailles, avant d'inaugurer mardi les nouveau locaux parisiens de la banque américaine JP Morgan.
"Du résultat !": c'est le mot d'ordre d'Emmanuel Macron à ses ministres, après un scrutin calamiteux pour ses troupes, dont il s'est tenu soigneusement à l'écart, refusant d'en dire un seul mot lors de ses récents déplacements.
Tout comme des couacs ou de la passe d'armes entre ses ministres de l'Intérieur et de la Justice Gérald Darmanin et Eric Dupond-Moretti qui a accusé le premier de "trahison".
Comme Emmanuel Macron l'a encore répété mercredi en Conseil des ministres, il s'agit pour lui d'un scrutin local dont il ne veut tirer aucune leçon au plan national, sauf sur le niveau inquiétant de l'abstention.
La feuille de route fixée au gouvernement reste donc d'accompagner les réouvertures, déployer la vaccination, soutenir la relance économique et sociale et de déployer les actions en matière d'écologie, de sécurité et d'égalité des chances.
Il s'appuie sur le plan de relance de 100 milliards d'euros, dont 40 milliards donnés par l'Europe, qui vient d'être validé par Bruxelles. Un feu vert mis en scène mercredi dans les jardins de l'Elysée, avec une Ursula von der Leyen tout sourire.
Autre satisfaction, la hausse du chômage a été limitée. "Il y a eu +9% quand c'était +25% après la crise de 2009", souligne un membre du gouvernement. Mais le front de l'emploi, bataille essentielle pour 2022, reste tendu, avec environ 300.000 chômeurs de longue durée de plus, des emplois non pourvus dans la restauration ou le bâtiment et l'afflux de jeunes qui ont retardé leur entrée sur le marché du travail.
Arbitrages
S'il compte continuer à arpenter la France jusqu'à mi-juillet, personne autour de lui ne s'avance à prévoir ses décisions.
Faut-il relancer les réformes et si oui lesquelles ? Celles de l'assurance-chômage, la seule clairement remise sur les rails ces derniers mois et qui devait s'appliquer en juillet, vient d'être coupée en plein élan par le Conseil d'Etat.
La réforme des retraites, à laquelle le chef de l'Etat tient toujours -- "la question n'est pas de savoir si, mais quand", a-t-il lancé en Conseil des ministres, selon un proche - est combattue non seulement par les syndicats mais par une partie de la Macronie.
"La priorité c'est de faire repartir le pays, et pas de risquer de le bloquer" avec des mouvements sociaux de contestation, fait valoir une ministre.
La réforme pourrait, prône une partie de la majorité, se limiter à une simple "mesure d'âge", autrement dit augmenter l'âge du départ en retraite.
Le chef de l'Etat est aussi attendu sur une "garantie jeune", dont le nombre de bénéficiaires fait débat entre ministres sociaux et économes, et qui ciblerait plutôt des jeunes qui s'engagent à suivre une formation.
L'idée reste de proposer aux Français avant la mi-juillet un nouveau projet et de commencer à l'appliquer, pour en faire le socle d'un programme avant la présidentielle de 2022, selon son entourage.
L'argument de "la compétence" est aux yeux du chef de l'Etat le plus efficace pour contrer la candidate du RN Marine Le Pen, dans un scénario de duel au 2e tour toujours privilégié.
Et la "prime au sortant" dont a bénéficié Xavier Bertrand comme les autres présidents de région pourrait profiter à son tour à Emmanuel Macron en 2022.
"Il existe un sentiment de dépossession, économique, social et culturel, qui pousse les Français à choisir des figures connues", analyse un proche.
Pour le reste du quinquennat, un remaniement est-il à prévoir ?
"Il n'y aura pas de changement de Premier ministre. Il fait le job", avance une ministre.
"On ne va pas vers un grand soir ministériel", dit un proche du président, qui s'attend cependant à de grandes manoeuvres. "Son silence est lourd de possibilités", glisse-t-il.