"L'artisanat va bien, mais le monde reste quand même fragile", a lancé Joël Fourny en ouverture de la conférence de presse de rentrée des CMA. "Nous entrons dans une période de transition (...) pendant laquelle nous devons être extrêmement vigilants", a-t-il ajouté.
Plus des trois quarts des artisans estiment que leurs activité "va se stabiliser voire s'améliorer" dans les six prochains mois, selon un sondage Qualitest réalisé en août auprès de 2.000 artisans pour CMA France. Une progression de près de 13 points par rapport au printemps.
CMA France sera "prudent" sur la fin des dispositifs d'accompagnement mis en place pour faire face à la crise liée à la pandémie: "certains secteurs restent encore fragiles et il faudra garder les dispositions nécessaires pour leur permettre de pouvoir passer cette période", a prévenu M. Fourny.
D'autres freins à la reprise de l'activité sont aussi dans le radar des artisans: les risques de pénurie de main-d'oeuvre, qui perdurent et poussent CMA France à "travailler sur le recrutement et l'accompagnement au recrutement", notamment par "le biais de l'apprentissage".
Les artisans dans les secteurs du bâtiment et de la production industrielle sont par ailleurs particulièrement exposés aux problèmes d'approvisionnement et de coûts des matières premières.
Enfin, CMA France promet de rester vigilant sur les problèmes de trésorerie. Pas seulement sur le remboursement des prêts garantis par l'Etat, sollicités par environ 20% des entreprises artisanales, mais aussi pour celles qui n'y ont pas eu recours et ont puisé dans leurs fonds propres, "ce qui a fragilisé leur trésorerie", a souligné Joël Fourny.
Les défis de la rentrée : la transmission, le numérique et la formation
L’utilité des CMA est plus que jamais une réalité puisqu’il ressort très nettement que ¾ des artisans interrogés sont satisfaits de l’accompagnement de la CMA, et ceux qui ne le sont pas souhaitent d’abord avoir davantage de contacts avec leur chambre. Les attentes des artisans sont grandissantes : des contacts encore plus fréquents avec les chambres locales et un accompagnement face aux difficultés et dans la recherche de financement.
« La crise a accéléré le besoin de conseil et d‘accompagnement des chefs d’entreprise artisanale. Les artisans nous disent avoir besoin de réponses encore plus pointues et adaptées à leur situation. C’est tout l’enjeu de la régionalisation, réforme majeure que le réseau a mené à son terme pour améliorer la qualité de service au plus près des artisans dans tous les territoires », précise Julien GONDARD, directeur général de CMA France
Parmi les priorités de développement des entreprises artisanales, le numérique se hisse au premier rang, car la crise a accéléré la prise de conscience sur les enjeux du numérique mais également sur l’usage pratique de ces nouveaux outils. Le développement durable continue de figurer à un niveau d’intérêt élevé, ce qui montre que beaucoup d’artisans souhaitent de plus en plus s’inscrire dans cette transition écologique.
Deux autres priorités se dégagent en cette rentrée : la formation et la transmission.
Les entreprises artisanales proposent des opportunités pour lutter contre le chômage des jeunes, pour former à un métier passion et redonner du sens à leur travail, voire à leur vie. L’artisanat est plus que jamais la voie royale pour devenir chef d’entreprise.
Les CMA enregistrent un taux d’insertion dans l’emploi de 80% dans les 7 mois post-diplôme, et entendent faire encore mieux en 2021. 100 000 jeunes sont formés chaque année, à travers les 137 CFA du réseau des CMA, tous certifiés Qualiopi, et grâce à tous les organismes de formation partenaires. Sans oublier, les 130 000 adultes formés en 2020 dont 40 000 demandeurs d’emploi. L’apprentissage pour les CMA représente un cycle permanent, pour toutes générations confondues.
« Un enjeu majeur pour cette rentrée 2021 : la formation des apprentis sur les 6 prochains mois. ¼ des entreprises artisanales se disent prêtes à accueillir un ou plusieurs apprentis. Les secteurs de l’alimentation et du bâtiment figurent en première ligne sur le sujet de la formation des apprentis », selon Joel FOURNY, président de CMA France.
La formation constitue un véritable levier pour pallier le manque de main d'œuvre qualifiée que les entreprises rencontrent aujourd’hui. De nombreux métiers sont en tension, 8% des entreprises, près de 130 000 entreprises sont à reprendre dans les deux prochaines années, une situation qui paralyse le développement de certaines entreprises.