Ce pavillon a connu depuis 2000 une aventure rocambolesque. Et c'est finalement le créateur français de chaussures de luxe aux semelles rouges, passionné par le Bhoutan, qui acquiert cet ensemble exceptionnel, vendu démonté et stocké dans une vingtaine de containers, a-t-on appris auprès de la maison Quai des enchères qui a effectué cette vente à Mâcon.
Sans les frais de vente, l'enchère ressort à 160.000 euros.
"C'est la première fois qu'on propose un pavillon d'une Exposition universelle aux enchères en France", expliquait peu avant la vente le commissaire-priseur Jérôme Duvillard.
Et il ne s'agit pas de n'importe lequel car le pavillon du Bhoutan fut considéré comme le plus beau de l'exposition universelle Millenium de Hanovre (Allemagne) en 2000.
Un petit bijou architectural en pierre et pin bleu assemblé sans clou ni mortier, réalisé par des artisans de ce petit royaume d'Asie du Sud qui participait alors pour la première fois de son histoire à un tel évènement.
Un succès confirmé par un afflux de demandes d'acquisitions après l'Expo: l'Allemagne, l'Autriche, les États-Unis, la Suisse et... l'acteur américain Richard Gere, converti au bouddhisme et engagé en faveur de la défense des droits des Tibétains.
Mais c'est le conseil départemental de Saône-et-Loire qui l'emporta pour 228.000 euros, en raison de la présence sur son sol des "Mille Bouddhas", le plus grand temple bouddhiste d'Europe, fondé justement par des lamas bhoutanais.
Toutefois, faute de moyens, le grand projet d'implanter le Pavillon de Bhoutan en Saône-et-Loire ne s'est jamais réalisé. Et l'édifice a finalement été stocké sur la commune de la Boulaye en pièces détachées (17.000) dans 17 containers et offerts en 2009 à la mairie pour 1 euro symbolique par Arnaud Montebourg, alors président socialiste du département.
La mairie de la Boulaye, aujourd'hui propriétaire du pavillon, a donc décidé de le vendre aux enchères, au grand dam de l'Association Himalaya en Bourgogne.
Un vrai pari car il semblait difficile de trouver acquéreur pour cet ensemble démonté, impliquant d'importants frais de stockage.
Le pavillon comprend une partie principale en forme d'Ihakhang ("maison des divinités" en tibétain), elle-même reliée à des galeries d'exposition latérales. Le temple étant recouvert d'un triple toit au sommet duquel se trouve un serto, pinacle traditionnel en cuivre.
La salle centrale est occupée par un autel bouddhique comportant cinq statues en argile peinte, parées de multiples motifs. Des peintures et motifs traditionnels ornent l'extérieur de l'édifice.