"Quand je me rappelle dans quel état était ce musée et ce bâtiment, je me dis qu'on a fait oeuvre utile pour la communauté nationale", juge le maire PS François Rebsamen.
Enthousiaste au milieu des allées dépoussiérées et lumineuses, le directeur et conservateur du musée David Liot s'est dit fier du "travail formidable" accompli dans l'ancien Palais des Ducs et des États de Bourgogne. Un "véritable sauvetage de cet élément historique en péril" qui abrite l'institution depuis 1799.
Au-delà des salles fraîchement repeintes, c'est en effet toute l'organisation de ce palais construit par accumulation entre 1370 et la fin du XIXe siècle qui a été revue.
Le parcours labyrinthique de l'ancien musée - un des plus anciens de France après le Louvre - fait désormais place à une balade plus fluide, plus évidente.
"Le passage d'un bâtiment à l'autre - souvent d'époques différentes - se fait dans une continuité qui est un acquis fort de la rénovation", explique l'adjoint au directeur Thomas Charenton.
L'un des changements majeurs est l'incorporation plus poussée de la Tour de Barre au parcours de visite. Grâce à la surélévation de l'aile XIXe, son dernier étage prend maintenant place au milieu d'une pièce lumineuse aux verrières modernes.
Cet "épicentre du palais", autrefois indépendant et qui se visitait de manière verticale, est maintenant accessible depuis les galeries principales et se visite "strate par strate".
Pour restaurer ces bâtisses classées monuments historiques - de la tour de Barre au salon de Condé, en passant par la salle des statues - le maître d'oeuvre Yves Lion a dû se coordonner avec Eric Pallot, architecte des monuments historiques.
"Le travail en commun de ces deux architectes a permis de respecter l'histoire du bâtiment, sa valeur patrimoniale", souligne M. Charenton. "L'idée était de préserver un maximum d'éléments anciens du musée et de les mettre en valeur".
Artistes bourguignons
Et si l'enveloppe a connu un grand coup de neuf, près de 1.000 oeuvres ont aussi bénéficié d'une restauration, légère ou fondamentale, pour un montant avoisinant les 5 millions d'euros.
"Nous avons sorti des réserves beaucoup d'oeuvres restaurées spécialement pour la réouverture", explique la responsable de la valorisation des collections Sandrine Balan, précisant que les chefs-d'oeuvre du musée seront évidemment aussi présents au sein des 1.500 pièces exposées.
Parmi les oeuvres toilettées, une attention particulière a été donnée à celles de talents régionaux, afin de "faire connaître un peu mieux les artistes bourguignons", comme Jean Auguste Dampt, Félix Trutat ou encore Alphonse Legros.
Lors de sa première exposition temporaire, le musée mettra à l'honneur l'artiste franco-chinois Yan Pei-Ming, diplômé des Beaux-Arts de Dijon tombé amoureux de la région où il est arrivé à ses 20 ans.
Suivant un ordre globalement chronologique, la nouvelle visite commencera au rez-de-chaussée par les collections antiques et finira au troisième étage par la donation Granville, qui fait la part belle à l'École de Paris des années cinquante.
"Dans la mesure du possible, nous avons essayé de présenter des oeuvres dans des salles datant de leur époque", souligne le directeur du musée, "pour faire coïncider au maximum contenu et contenant".
Les tombeaux des Ducs de Bourgogne sont ainsi installés dans les salles médiévales; tout comme les collections de l'école de dessin du XVIIIe siècle et les oeuvres du XIXe siècle trouvent leur place dans des salles correspondantes.
Rendre toute sa jeunesse au musée a coûté près de 60 millions d'euros, financés en grande partie par l'État (16,6 millions) et les collectivités territoriales (Ville de Dijon, Dijon métropole, région Bourgogne-Franche-Comté).
"Restaurer le musée et les réserves nous a coûté beaucoup d'argent", concède, espiègle, le maire de Dijon, "mais nous avons construit un lieu absolument extraordinaire qui nous est envié, je crois, par beaucoup de villes de France et d'Europe".