A la fois cathédrale et paquebot industriel, où des arbres semblent saluer les visiteurs à travers une verrière au plafond, il a été pensé comme "une traversée du futur" et "un musée du XXIe siècle", a déclaré Jean Nouvel, 79 ans, en présentant son ouvrage vendredi.
L'ensemble, de 150 mètres de longueur et aux façades qui seront entièrement transparentes, est inséré sous les arcades d'un bâtiment haussmannien aux extérieurs classés monument historique, qui n'est autre que l'ancien Louvre des antiquaires.
Seule la présence d'un gigantesque cube recouvert de miroirs face au musée du Louvre, place du Palais-Royal, trahit le chantier en cours, qui a débuté en 2020 et dont le coût est estimé à "230 millions d'euros", selon Alain Dominique Perrin, président de la fondation.
La fondation Cartier pour l'art contemporain, qui fête ses 40 ans et a été pionnière en France dans ce secteur, devrait s'y installer fin 2025, face au plus grand musée du monde et à deux pas du ministère de la Culture, non loin aussi de la Bourse de commerce, qui abrite depuis 2021 la collection d'art contemporain de l'homme d'affaires François Pinault.
Porte-avions
Construit avec des matériaux contemporains comme l'acier recyclé et le béton, le bâtiment disposera de 8.500 m2 accessibles aux publics, dont 6.500 m2 de surface d'exposition, installée en grande partie sur cinq plateformes mobiles, dont la conception emprunte autant à "celle des porte-avions qu'au théâtre", selon l'architecte.
Elles permettent en effet, grâce à un système de levage inspiré de celui qui existe pour les ponts mobiles ou les porte-avions, de modifier les surfaces d'exposition et les parcours au sein du bâtiment, de les faire monter ou descendre au gré des installations, "grâce à des verticalités allant jusqu'à 11 mètres de hauteur", a précisé Mathieu Forest, directeur de projet.
"Ce sont des espaces très généreux pour permettre aux artistes contemporains de jouer avec la grande échelle, avec plusieurs scènes et plusieurs expositions pour correspondre à des mises en scène qui ne sont pas celles d'un musée traditionnel", a commenté M. Nouvel, qui avait déjà conçu le bâtiment tout en verre qui abrite encore la fondation boulevard Raspail, dans le XIVe arrondissement de la capitale.
"L'art depuis la rue"
"Ces vides, qui ont l'air aléatoires, peuvent être très différents. Tous les trous qu'on verra à la verticale sur les deux rues (qui longent les futurs locaux de chaque côté, NDLR) nous permettront de regarder nos prestigieux voisins avec cette présence de l'art qui se regarde depuis la rue", a-t-il ajouté.
La nouvelle fondation Cartier abritera également un espace pédagogique d'une superficie de 300 m2, un auditorium de 120 places assises, une librairie et un restaurant.
Selon M. Perrin, elle devrait exposer "entre 600 et 800 oeuvres d'art de la collection" qui en compte 4.500, réalisées par plus de 500 artistes français et internationaux, des pionniers comme César à la peinture africaine, de l'architecture japonaise au design italien ou aux dessins d'artistes amérindiens, des maîtres de la photographie américaine aux jeunes plasticiens européens.
En 40 ans, la fondation, née à Jouy-en-Josas (Yvelines) en 1984, a organisé "plus 300 expositions en France et à l'étranger" et a accueilli près de 1.000 "soirées nomades" avec des artistes dans tous les domaines artistiques, dont la troupe d'humoristes Les Deschiens à ses débuts, a rappelé son président.
Sa dernière exposition boulevard Raspail (XIVe arrondissement), qui dure jusqu'au 16 mars, est la première grande rétrospective à Paris consacrée à l'artiste textile colombienne Olga de Amaral.