Même si la progression encore plus sensible sur un an peut s'expliquer par un effet de base défavorable du début d'année 2018 lié aux intempéries, elle témoigne néanmoins d'un vrai raffermissement conjoncturel. Dans les travaux publics comme dans le bâtiment, le climat de confiance des entrepreneurs demeure bien orienté avec des carnets de commandes particulièrement bien garnis.
Mois de mars dynamique dans les granulats
Les mois se suivent et se ressemblent... Après les bons chiffres de février (encore provisoires), les premiers résultats du mois de mars confirment le raffermissement de l'activité dans les matériaux. Ainsi, les livraisons de granulats ont accéléré de +1,2% par rapport à février et de +9,6% par rapport au mois de mars 2018. Sur le premier trimestre, l'activité gagne donc +2,9% au regard des trois mois précédents et +7,6% sur un an. Ramenée sur les douze derniers mois, la production de granulats s'inscrit désormais en hausse de +3,4% (données CVS-CJO).
Du côté du BPE, le mois de mars marque un léger repli (-1,2%), après un mois de février particulièrement dynamique, mais s'inscrit en hausse de +7,7% par rapport à mars 2018. Les trois premiers mois de l'année affichent ainsi une progression de +2,1% par rapport au quatrième trimestre de 2018 et de +12,9% au regard de la même période d'il y a un an, certes impactée par le froid et la neige.
En cumul sur douze mois, la production de BPE ressort à +6,8%. Cette embellie semble se constater pour la majeure partie des matériaux, comme le suggère notre indicateur. Encore provisoire pour le premier trimestre, ce dernier décrit une progression de +9,8% sur un an (données CJO) après une année 2018 en hausse de +1,4% pour l'ensemble de l'année 2018 ce qui marque, là aussi, une accélération du rythme de l'activité, commune à l'ensemble des matériaux suivis dans notre indicateur.
Bâtiment : le moral encore à haut niveau
En avril, bien que l'opinion des entrepreneurs de l'industrie du bâtiment sur leur activité à venir se soit légèrement dégradée, elle demeure à haut niveau et le climat des affaires se situe encore largement au-dessus de sa moyenne de longue période (à +11%).
Tout comme le mois précédent, les carnets de commandes dans le gros œuvre affichent un stock de près de 9 mois d'activité, compte tenu des effectifs actuels, ce qui constitue un point haut historique, la moyenne sur ces 45 dernières années étant de 6 mois.A noter que les artisans du bâtiment demeurent également optimistes sur les perspectives générales d'activité de leur secteur.
Ces ressentis conjoncturels très positifs peuvent trancher avec les données de la construction qui témoignent d'une poursuite de la chute des mises en chantier et des permis. Toutefois, ils s'expliquent par les délais de démarrage des travaux (environ 12 mois en moyenne entre la date d'autorisation et celle de la mise en chantier dans le collectif), délais eux-mêmes rallongés par les difficultés de recrutement rencontrés en 2018 dans le secteur du BTP.
De fait dans un tel contexte et en dépit du repli des permis et des mises en chantier, les professionnels du gros œuvre absorbent aujourd'hui la montée en charge des permis et mises en chantier de 2017 et début 2018 avec des carnets de commandes assurant leur activité jusqu'à la fin de l'année. Les données de la construction du mois de mars confirment toutefois la poursuite de l'atterrissage du marché résidentiel : au premier trimestre 2019, le nombre de logements autorisés à la construction (en données CVSCJO) a continué de baisser mais de façon plus atténuée que le trimestre précédent (-0,9% après -1,5%). Le redressement du segment du collectif, y compris les logements en résidence (+1% après -5,1%), expliquent cette modération tandis que les logements individuels se réorientent à la baisse (-3,6%).
Sur douze mois, on recense ainsi 445 700 permis, soit un repli de -8,2%. Sur la même période, le nombre de logements mis en chantier diminue aussi (-4,6%), un mouvement constaté dans le collectif comme dans l'individuel. Sur les douze derniers mois,les ouvertures de chantier atteignent 410 700 unités, soit une contraction de -5,2% sur un an.
En revanche, du côté des locaux d'activité, le premier trimestre 2019 a marqué un redressement des permis (+5,4% sur un an,soit 10,7 millions de m²) mais aussi des ouvertures de chantier (+2,2%,soit 7,3 millions de m²), les secteurs des entrepôts, de l'hébergement hôtelier et de certains services publics alimentant la hausse.
Si le marché résidentiel confirme son retournement, la dernière enquête menée en avril auprès des promoteurs par l'INSEE traduit toutefois une amélioration des perspectives de mises en chantier. En effet, après trois trimestres de baisse, l'opinion des professionnels sur la demande de logements neufs se redresse sensiblement, une tendance du reste plus marquée s'agissant des logements destinés à la location que pour ceux destinés à la vente dont le solde reste encore sous sa moyenne de longue période. Mais les récentes évolutions du marché résidentiel neuf semblent montrer que le faible niveau des taux d'intérêt et l'allongement de la durée des crédits à l'habitat ne parviennent pas à resolvabiliser la demande des ménages, fragilisée par le rabotage des mesures de soutien (Pinel, PTZ) et la suppression de l'APL accession. En ce sens, l'orientation de la politique du logement apparaît déterminante pour les années à venir avec, entre autres, la question du prolongement du PTZ neuf au-delà de 2020. Si, lors du dernier Sommet de la Construction de la FFB du 18 avril, le ministre de la Ville et du Logement, Julien Denormandie,a déclaré que le travail sur de meilleurs dispositifs d'aides à la construction restait engagé, l'avenir des mesures existantes demeure encore soumis à l'évaluation de leur “pertinence” et à une réflexion approfondie sur les zonages. Des conclusions très attendues par l'ensemble des professionnels de la filière construction…
TP : les professionnels restent confiants
La dernière enquête menée en avril auprès des professionnels des travaux publics traduit un climat conjoncturel encore très favorable. Après une hausse de +7% en 2018, l'activité reste en forte progression en ce début d'année 2019. Si le solde d'opinion sur l'activité récente se stabilise s'agissant de la clientèle publique, il se redresse légèrement pour la clientèle privée. Pour le second trimestre, les professionnels sont certes moins nombreux à anticiper une nouvelle hausse de leur activité qu'au trimestre précédent mais le solde d'opinion sur les carnets de commandes se redresse par rapport à janvier et atteint son plus haut niveau depuis fin 2007. Ces évolutions se soldent par de nouvelles tensions sur les capacités de production, 47% des entrepreneurs se déclarant confrontés à un manque de main-d'œuvre en avril, contre 36% en janvier dernier.