Ainsi, la croissance des productions de BPE continue de se modérer, confirmant un atterrissage en douceur d'ici la fin du second semestre, les carnets de commandes étant encore particulièrement bien garnis dans le segment du bâtiment (près de 9 mois dans le gros œuvre en juin). Du côté des granulats, l'activité se tempère un peu au regard du premier trimestre mais fait preuve d'une certaine résilience avec une tendance annuelle qui oscille entre +1,5% et +3% depuis près de deux ans. La bonne orientation des prises de commandes dans les travaux publics couplée aux stocks de chantiers en cours dans le bâtiment devrait contribuer à maintenir ce rythme d'activité au cours des prochains mois.
L'accalmie "logique" se poursuit
Selon les données provisoires de l'enquête mensuelle de mai, la production de matériaux se serait de nouveau contractée par rapport à il y a un an. Ainsi, les volumes de granulats ont perdu -1,3% sur un mois et -5,7% au regard de mai 2018 (données cvs-cjo). De façon assez mécanique, les productions des trois derniers mois reculent par rapport aux trois mois précédents (-2,9%) mais demeurent quasi stables au regard de ceux de l'an passé sur la même période (+0,3%).
De janvier à mai, l'activité des granulats s'inscrit désormais en hausse de +2,8% sur un an, tandis que, en cumul sur les douze derniers mois, elle progresse de +2,1%. Du côté du BPE, les livraisons ont également accusé un repli en mai par rapport à mai 2018 (-2,6%) mais ont légèrement augmenté par rapport à avril (+0,8%, données cvs-cjo). Tout comme pour les granulats, la tendance des trois derniers mois se contracte assez logiquement par rapport au trimestre précédent (-2%) mais se situe encore tout juste au-dessus de son niveau d'il y a un an (+0,6%). Sur les cinq premiers mois de l'année 2019, les volumes de BPE produits augmentent de +6,2% sur un an tandis que le rythme cumulé sur douze mois se modère à +4,8%.
Notre indicateur matériaux, encore provisoire pour le mois de mai, confirme cette décélération des tendances.Après un premier trimestre à +10,8% sur un an (données cjo), les mois d'avril-mai modèrent le rythme d'activité, le ramenant à +5,3% pour les cinq premiers mois de l'année, un rythme haussier encore élevé et qui concerne la totalité des matériaux composant notre panier.
Bâtiment : un moral résilient
En dépit du déclin des permis et des mises en chantier de logements,le moral des industriels du bâtiment tient bon.En effet,selon la dernière enquête menée en juin par l'INSEE, le climat des affaires reste stable, se maintenant à haut niveau (11 points au-dessus de sa moyenne de longue période) pour le cinquième mois consécutif.
Les entrepreneurs sont quasiment aussi nombreux qu'en mai à signaler une hausse de leur activité au cours des trois derniers mois mais plus nombreux à prévoir une nouvelle accélération de celleci le trimestre prochain, y compris dans le gros œuvre. Dans ce segment d'activité, les carnets de commandes se stabilisent à un point haut historique de 8,8 mois, sur la base des effectifs actuels.
La forte augmentation de demande de travaux dans le segment du logement courant 2017 et 2018 a contribué à gonfler les carnets dans un contexte où les goulots de production et les difficultés de recrutement se sont accrus, retardant les délais d'achèvement des chantiers. Ce stock d'activité et l'accumulation de certains retards masquent aujourd'hui le freinage sans doute amorcé des nouvelles commandes.Reste que, au-delà de la décélération du segment résidentiel, les mises en chantier de locaux continuent de progresser et d'alimenter la demande. Ainsi, de mars à mai, les surfaces commencées de locaux d'activité affichaient une hausse de +1,7% par rapport à il y a un an tandis que les permis grimpaient de +12,8%. Du côté du logement, en dépit d'un rebond des autorisations par rapport aux trois mois précédents (+3,8% dont +4,7% dans le collectif et +2,5% dans l'individuel, en cvs-cjo), le recul se poursuit avec des permis et des mises en chantier en baisse de -8,6% et -4,5% respectivement, en cumul sur les douze derniers mois.
Le rabotage des mesures d'aide à l'accession, la baisse des investissements des bailleurs sociaux, l'essoufflement du dispositif Pinel pour l'investissement locatif mais aussi le haut niveau des prix expliquent la contraction des permis et des mises en chantier.
La solvabilité des ménages dans le cadre de l'achat d'un logement neuf s'est en effet sensiblement émoussée au cours des deux dernières années, comme en témoigne l'indicateur de l'Observatoire du Crédit Logement (à 95,5 au premier trimestre 2019 contre 108,3 fin 2016). Cette chute s'accompagne pourtant d'une stabilisation des taux d'intérêt à très bas niveau sur la période (1,48% en moyenne sur ces deux dernières années) et d'un allongement de la durée moyenne des prêts (+14,5 mois sur la période, soit 229,3 mois au premier trimestre 2019). De fait, le coût relatif moyen d'une acquisition immobilière dans le neuf ne cesse de grimper pour les ménages. Il atteint 5,3 années de revenus début 2019, soit une hausse de +2,3% par rapport à il y deux ans.
Travaux publics : moteur de la construction
La dernière enquête menée en avril par la FNTP confirme un niveau soutenu d'activité sur le début d'année 2019. L'indice des travaux réalisés affiche en effet une progression de +13,8% par rapport à avril 2018, soit +15,8% sur les quatre premiers mois de l'année et +10,2% en cumul sur douze mois (données cvs-cjo en volume). Les perspectives d'activité demeurent favorablement orientées dans un contexte où l'approche des échéances électorales des municipales et la montée en charge des grands projets (notamment le Grand Paris) alimentent les commandes de la clientèle tant privée que publique. Avec des carnets de l'ordre de 6,2 mois en moyenne début 2019 (dont 9,3 mois en Ile-deFrance), les professionnels soulignent encore de nombreuses disparités territoriales mais aussi des contraintes de main-d'œuvre pour près de la moitié d'entre eux.
Perspectives Matériaux 2019
Les résultats du début d'année s'inscrivent plutôt dans l'épure du scénario de prévision tracé en mars dernier pour les matériaux, bien qu'ils soient meilleurs qu'attendus dans le segment du BPE.De fait, compte tenu des perspectives de demande suggérées par le niveau des carnets de commandes dans le bâtiment et les travaux publics, la prévision d'activité du BPE, qui intègre toujours un atterrissage graduel des rythmes de production, a été réhaussée d'un point sur l'année (à +2,5% en volume) tandis que celle de granulats, basée sur une certaine résilience de la demande, a été maintenue autour de +2% pour 2019.