La hausse des prix de 32% entre fin 2015 et mi-2022 a fait long feu. L'indice de référence publié jeudi marque pour la première fois un recul de -1,8% sur un an au 3e trimestre, période de l'année pourtant traditionnellement faste, après des hausses de +0,5% au deuxième trimestre et de 2,7% au premier.
Tous les secteurs géographiques et segments de marché sont concernés, maisons (-1,6%) comme appartements (-2%).
La baisse est particulièrement forte en Île-de-France (-5,3%), où les prix des appartements diminuent aussi bien dans la petite couronne (-6%) que dans la grande (-4%). Mais c'est surtout le volume des transactions qui chute (-34% sur un an).
A Paris, le prix moyen au mètre carré passe pour la première fois depuis 2019 sous la barre des 10.000 euros, à 9.920 euros fin novembre, une baisse qui devrait se poursuivre, a déclaré lors d'une conférence de presse Elodie Frémont, présidente de la commission statistiques des Notaires du Grand Paris.
Les prix des appartements parisiens au mètre carré s'échelonnent de 7.540 euros (-9,2% sur un an) à la Chapelle (18e arrondissement), quartier le moins cher, à 19.150 euros (+3,5%) du côté des Champs Elysées (8e), où les prix sont tirés par l'investissement étranger.
La tendance baissière est similaire en province, où les prix reculent eux aussi pour la première fois en huit ans. C'est particulièrement vrai pour les maisons (-1% au troisième trimestre après +1,3% au deuxième).
Seuls les prix des appartements tirent leur épingle du jeu (+0,5%) sauf à Lyon (-7,3%).
Le nombre global de transactions, indicateur de l'activité du marché et qui avait atteint un record absolu en 2021, continue de refluer rapidement.
Pour l'ensemble de la France hors Mayotte, il passe ainsi sous la barre du million, à 928.000 au 3e trimestre, contre 1 million fin juin.
Marché figé
Dans le neuf, la tendance poursuit son repli. Le nombre de permis de construire délivrés continue sa chute en octobre (-26,2% sur un an), avec 375.100 logements autorisés à la construction, selon les chiffres provisoires publiés jeudi par le ministère de la Transition écologique.
Depuis un niveau record atteint en août 2022, du fait de dates butoirs réglementaires, le nombre de permis délivrés chaque mois s'est stabilisé à un niveau faible, faisant inexorablement baisser le total annuel.
Le nombre estimé de chantiers commencés, qui suit traditionnellement de quelques mois celui des permis, s'érode lui aussi nettement (-17,8%), avec 305.400 mises en chantier sur 12 mois.
La chute des autorisations concerne tous les types d'habitat notamment l'individuel pur (-31,8%), mais aussi l'individuel groupé comprenant les lotissements (-25,4%), le collectif (-25,2%) et les résidences seniors et étudiantes (-16%).
L'immobilier neuf subit à la fois la forte baisse de pouvoir d'achat des acquéreurs et un renchérissement des coûts de construction.
La hausse rapide des taux d'intérêt a exclu beaucoup d'acquéreurs du marché, notamment les primo-accédants à la propriété, dont les revenus sont en outre rognés par l'inflation.
"Il est à craindre que l'on se soit installé dans une crise longue après des sommets historiques au sortir de la pandémie", a commenté Elodie Frémont, rappelant que le taux d'inflation de 4% en octobre est "très impactant pour le pouvoir d'achat des ménages".
"On enregistre la plus forte décélération des ventes de logements anciens depuis l'après-guerre", a déclaré à l'AFP Loïc Cantin, président de la Fédération nationale de l'immobilier (Fnaim), pour qui l'année 2024 doit être celle "du réajustement des prix du marché, si les taux d'intérêt conservent la stabilité annoncée".
"Cette baisse des prix va s'accélérer dans les prochains mois. Pour l'instant ils ne baissent pas suffisamment pour relancer la machine", prévient de son côté Thomas Lefebvre, directeur scientifique de Meilleurs Agents.