L'institution monétaire a dit s'attendre à une croissance de 0,1% à 0,2% du produit intérieur brut (PIB) français sur les trois premiers mois de l'année par rapport au trimestre précédent, marqué par une stagnation.
C'est peu ou prou le niveau de croissance attendu par l'Insee, qui table de son côté sur une progression de 0,2% sur chacun des deux premiers trimestres de 2024.
"Il y a une conjoncture ralentie, mais nous allons échapper au scénario noir que certains redoutaient", a déclaré le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, dans un entretien au journal Ouest-France, excluant une récession cette année, "sauf choc".
"La baisse de l'inflation va générer plus de pouvoir d'achat pour les ménages donc plus de consommation. Dès à présent, les prix augmentent moins vite que les salaires, en moyenne", a-t-il ajouté, redisant sa "confiance" quant à un retour de la hausse des prix à 2% d'ici 2025 "au plus tard".
Pour l'ensemble de 2024, la Banque de France a toutefois fait montre d'un peu plus de prudence, prévoyant désormais, selon le gouverneur, une croissance "proche de 0,9%", contre 0,9% auparavant. C'est bien moins que celle du gouvernement (1,4%), qui a prévu de la réviser en baisse prochainement.
Baisse des taux
Entre janvier et mars, l'activité serait tirée par l'industrie manufacturière et les services marchands, tels l'information-communication, l'hébergement-restauration ou les services de transport.
Restée relativement stable en janvier, l'activité progresserait dans l'industrie en février, selon les anticipations de 8.500 chefs d'entreprise ou établissements interrogés par la Banque de France entre le 29 janvier et le 5 février.
Bien qu'à un rythme plus faible, les services poursuivraient quant à eux en février la progression observée le mois précédent, malgré les blocages des agriculteurs qui ont affecté les transports et la réparation automobile.
Dans le bâtiment, alors que le second oeuvre résiste grâce à la rénovation énergétique, le gros oeuvre, notamment la construction de maisons neuves, resterait à la peine.
Il souffre des taux d'intérêt élevés décidés par la Banque centrale européenne (BCE) pour contrecarrer l'inflation, mais qui pèsent sur les investissements des ménages.
François Villeroy de Galhau a indiqué que les taux devraient diminuer cette année, mais uniquement "quand les perspectives d'inflation seront suffisamment ancrées autour de 2%".
De mauvais augure pour l'activité dans les prochains mois, les entreprises se montrent pessimistes concernant les carnets de commande dans l'industrie et le bâtiment.
L'indicateur d'incertitude est reparti légèrement en hausse en janvier. Outre le mouvement des agriculteurs, les entreprises ont mentionné un manque de visibilité accru par les difficultés touchant les approvisionnements passant par la mer Rouge.
"Modération des prix"
Sur le front de l'inflation en revanche, la Banque de France a signalé une poursuite de "la modération des prix de vente", en dépit des "traditionnelles révisions tarifaires de début d'année".
Dans l'industrie (15%), les services (21%) et le bâtiment (14%), la proportion d'entreprises ayant augmenté leurs prix de vente en janvier a retrouvé les niveaux observés ce mois-là avant la pandémie.
Les entreprises sont aussi de plus en plus nombreuses à baisser leurs prix dans l'industrie (10%) et le bâtiment (9%). Une proportion qui reste toutefois faible dans les services (5%).
Ainsi, dans l'agroalimentaire, où les négociations commerciales entre fournisseurs et distributeurs ont été avancées à janvier, 13% des entreprises ont augmenté leurs prix le mois dernier (contre 36% en janvier 2023) et 15% les ont baissés (contre 2%).
Les difficultés d'approvisionnement sont restées stables en janvier dans l'industrie, citées par 14% des entreprises, l'amélioration constatée dans l'aéronautique étant contrebalancée par les difficultés rencontrées par certains secteurs comme la métallurgie en raison de la situation en mer Rouge.
Ces problèmes d'approvisionnement sont "en voie de disparition" dans le bâtiment (4%), selon l'institution monétaire.
Malgré le faible dynamisme de l'économie, les difficultés de recrutement sont restées stable à 41% en janvier par rapport à décembre, surtout dans les services et même le bâtiment.