Face aux crises sociales et environnementales, à la pénurie des ressources et des matériaux, le Conseil national de l’Ordre des architectes plaide avec ses partenaires internationaux pour une stratégie politique ambitieuse, alliant économie et écologie, et utilisant l'architecture comme levier pour améliorer la qualité des cadres de vie.
Pour Christine Leconte, présidente du Conseil national : « Redonnons sa place à l’architecture en tant que solution face aux crises actuelles, partout dans le monde : celles de la préservation des ressources planétaires, de la protection de la biodiversité et de l’adaptation aux changements climatiques. Privilégions la réparation de l’existant et concevons des bâtiments au service des habitants et l’environnement. En tant que concepteurs du cadre de vie, les architectes ont une forte responsabilité dans la transition écologique et sociétale. Changeons nos pratiques, renforçons nos liens avec tous les acteurs de la chaine de valeur de la construction pour être à la hauteur des enjeux ! »
Déclaration conjointe UIA-CAE-CNOA pour une architecture durable : transformer nos pratiques aujourd’hui pour construire le monde de demain
Les architectes et représentants de la profession architecturale, rappelant leurs multiples engagements pris en faveur :
- du développement durable, de l’efficacité énergétique et de la neutralité carbone de notre environnement bâti ;
- d’une pratique de leur profession fondée sur leur conscience environnementale, leurs savoirs et compétences ainsi que sur leur conception interdisciplinaire et durable.
Reconnaissant que réduire les émissions de gaz à effet de serre à un niveau proche de zéro d'ici 2030 et de zéro émission nette d'ici 2050 sont des objectifs ambitieux mais réalisables.
Conscients de l’importance que l’ensemble des acteurs de la chaîne de valeur du secteur de la construction œuvrent ensemble pour influencer un développement éthique, socialement responsable et durable à travers le monde.
Les architectes s'engagent à faire de l'architecture un levier économique au service des habitants et de la planète en respectant les lignes directrices suivantes :
- Prioriser la réhabilitation du bâti existant de manière vertueuse plutôt que de construire des bâtiments neufs : transformer l'usage des bâtiments, mobiliser les bureaux vides et réaliser des études de ressources pour tous les projets en vue de réutiliser les matériaux avant tout travail de réhabilitation. Réhabiliter les bâtiments, c’est réduire la production de déchets.
- Décarboner la construction en développant de nouvelles filières de matériaux. Passer de matériaux intensifs en carbone et en énergie à des matériaux neutres en carbone et renouvelables. Développer les écomatériaux. Mettre en place une architecture en circuits courts en développant localement les filières de productions de matériaux de construction s’appuyant sur les ressources des territoires.
- Prioriser une utilisation responsable du foncier et prévenir l'étalement urbain. Favoriser un développement territorial plus équilibré. Limiter les conditions d’ouverture à l’urbanisation des terres non bâties dans les documents d’urbanisme, en incitant les villes à n’ouvrir aucune nouvelle zone sans avoir démontré l’impossibilité de rénover/densifier l’existant. Solliciter une expertise pluridisciplinaire impliquant des concepteurs (architectes, paysagistes) lors de l'élaboration et de la révision des documents d'urbanisme pour s'assurer qu'ils sont adaptés aux meilleures pratiques de gestion foncière et pour garantir la qualité architecturale, urbaine et environnementale des projets.
- Renforcer la résilience et adapter nos villes et territoires aux phénomènes extrêmes qui deviennent la nouvelle normalité. Concevoir des bâtiments qui répondent aux nouvelles contraintes climatiques et prendre en compte la question du risque pour proposer des solutions d'adaptation. Arrêter l'urbanisation dans les zones soumises à des risques majeurs (érosions côtières, inondations, glissements de terrain, incendies, etc.).
- Protéger et promouvoir la biodiversité. Sanctuariser les terres agricoles et les espaces naturels. Préserver les forêts existantes et replanter massivement des espèces adaptées, sources de biodiversité.
- Souligner le besoin urgent d'une culture du bâti (Baukultur) de haute qualité, qui place la culture au centre afin de créer des espaces durables et vibrants offrant une meilleure qualité de vie et de bien-être pour tous.
- Financer en conséquence. Accorder des aides publiques pour prendre en charge les éventuels surcoûts liés aux nouvelles techniques de construction d'architecture durable pendant leur période de « démarrage ». Veiller à ce que toutes les mesures fiscales et d'aide publique soient conditionnées au respect de normes de qualité et écologiques, étayées par des études de conception approfondies. Moduler le taux de TVA des matériaux en fonction de leur indice carbone. Soutenir la recherche académique en éco-conception et en solutions durables innovantes.
Ceci forme l'engagement des architectes renouvelé pour une architecture plus durable afin de transformer nos pratiques aujourd’hui et construire le monde de demain.
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