Maisons inondées, effondrements, vieillissement prématuré des structures, fissures importantes qui menacent l’équilibre des bâtisses sont autant de problèmes rencontrés ces dernières années et qui vont prendre de l’ampleur dans le futur. Le réchauffement climatique pourrait avoir de très nombreuses conséquences dans nos vies et notamment dans nos lieux de vie. Certaines régions, aujourd’hui agréables, deviendront inhospitalières tant pour y habiter que pour y exploiter des terres.
Les ravages causés par les inondations sont catastrophiques, les habitations sinistrées en raison de fissures causées par les fortes chaleurs et la sécheresse menacent de s’effondrer. Les communes et les habitants s’inquiètent tandis que les plus malchanceux perdent tout. La faute notamment à l’étalement urbain, à l’empreinte de l’homme sur la nature…, facteurs aggravants du dérèglement climatique ?
Si on ne peut pas toujours contrer les phénomènes naturels, il existe pourtant des solutions pour se prémunir et protéger ses biens de telles catastrophes.
Sylvain Pasquier, Architecte HMONP, spécialiste des constructions en zones inondables et auteur d’un mémoire sur « la politique d’urbanisation française en zone inondable », fait le point.
Adapter l’environnement et les constructions aux nouveaux risques climatiques
Les conditions climatiques extrêmes et/ou intermittentes, ont un impact irréversible sur nos habitations. Et passer d’un extrême à l’autre amplifie encore ce phénomène. Ce sera de plus en plus le cas dans certaines régions comme le sud-est et le sud-ouest par exemple.
En effet, avec la hausse du niveau des mers, l’augmentation des précipitations et les risques accrus de tempête, les inondations représentent désormais un enjeu commun à l’ensemble des régions du monde, et constituent des coûts potentiels extrêmement élevés et mal connus. Et avec l’augmentation progressive des températures, les épisodes de fortes chaleurs et de sécheresses vont, quant à eux, inévitablement se multiplier. Les vagues de chaleur impliquent des risques non seulement pour le confort de vie des habitants, mais aussi au niveau de la structure du bâtiment, provoquant un vieillissement prématuré des matériaux (notamment le béton).
Ces événements sont à prendre en considération pour pallier ces risques pour les nouvelles constructions mais également renforcer celles existantes.
Ainsi, par exemple, pour limiter les risques liés aux inondations, il faut dès à présent favoriser la revégétalisation des sols et des toits pour améliorer la rétention d’eau. Également, installer des pompes à eau, élever les installations électriques, construire en hauteur, ne pas habiter les rez-de-chaussée et construire dans certaines zones inondables des maisons amphibies...
Pour faire face aux fortes chaleurs et aux épisodes de sécheresse, il faut préférer les façades de couleur claire pour limiter l’absorption de chaleur, favoriser la revégétalisation des sols pour maximiser les surfaces ombragées et ainsi limiter la hausse des températures et permettre la ventilation naturelle des bâtiments (notamment la nuit).
Créer des normes strictes et obligatoires permettant d’obtenir le plus d’éléments possible
Il est important que des normes strictes et obligatoires voient le jour pour cadrer et anticiper. C’est pourquoi les PLU (Plans Locaux d’Urbanisme) imposent les règles générales et font mention des PPR (Plans de Prévention des Risques). Les PPR, qui répertorient les risques, doivent être appliqués et prévalent sur les PLU. C’est pourquoi, les PPR imposent les règles de constructions spécifiques à plusieurs zones en fonction du degré de risque.
A compter du 1er janvier 2020, le nouveau décret du 22 mai 2019 entre en vigueur pour les terrains à bâtir : l’étude géotechnique pour les sols argileux. Les sols argileux sont présents sur une grande partie du territoire. Ce diagnostic permet de mieux informer et sensibiliser les acquéreurs de terrains à bâtir grâce à une nouvelle carte d’exposition, remplaçant l’ancienne carte d’aléa retrait-gonflement des argiles et une obligation d’étude de sol. Elle identifie quatre catégories de zones : exposition forte, moyenne, faible et le reste du territoire. En application de l’article 68 de la Loi ELAN, l’étude est désormais obligatoire dans les zones classées en aléa moyen ou fort, avant toute construction et elle est à la charge du vendeur.
Même si aujourd’hui l’adaptation au changement climatique est un sujet émergeant, les acteurs du monde de l’immobilier, tels que les architectes, les constructeurs, les promoteurs, prennent en considération ces risques climatiques pour modifier leur politique de gestion des risques. Les cadres réglementaires nationaux évoluent pour aider les propriétaires à protéger leur habitation en mettant en place des solutions adaptées aux sites de construction et efficaces dès la réalisation des bâtiments.