S’inscrivant dans le cadre du programme OMBREE, l’organisation de ces Assises était l’une des préconisations du rapport sénatorial de 2017. La dernière étape sera la publication d’un livre blanc en octobre 2024, afin de proposer des référentiels adaptés aux spécificités de ces territoires. Tour d’horizon des premières conclusions de cette mobilisation sans précédent des acteurs ultramarins.
Les premières conclusions des Assises
Gouvernance et pérennité des actions
Pour mettre en place une gouvernance pérenne et poursuivre, dans la durée, le travail initié durant ces Assises, trois axes doivent être travaillés :
- L’intégration des territoires ultramarins dans un collectif,
- L’intégration de ces territoires dans l’environnement politique, technique et économique,
- L'intégration de l’expertise régionale dans la production d’un corpus normatif.
Une attention particulière doit également être portée à l’équilibre, qui reste à trouver, entre la mise en place d’un organe unique, porte-parole des territoires ultra-marins, et le soutien aux actions développées dans chaque territoire.
Adaptation et production de référentiels techniques vis-à-vis des contraintes environnementales, des matériaux disponibles localement et de la vulnérabilité des constructions
Chaque territoire dispose d’un savoir-faire local relatif à une construction adaptée au climat et aux ressources disponibles. L'architecture vernaculaire présente différents atouts (qualité d'usage, recours aux matériaux locaux, réponses aux spécificités climatiques). Ce savoir est à protéger et à valoriser car il a tendance à disparaître.
Un travail important doit être mené pour formuler des référentiels techniques, qui s’inspirent des textes formulés pour l’Hexagone mais qui prennent en compte les spécificités locales (techniques, économiques ou culturelles). Trois cas de figure peuvent être identifiés :
- La mise à jour de l’existant (par exemple : règles Antilles et référentiels sur la thermique),
- Des vides réglementaires à compenser (par exemple, réglementation para-cyclonique, RTAA manquante pour le tertiaire),
- Des pratiques héritées de l’Hexagone ayant fait disparaître les pratiques locales.
Adaptation et production de référentiels vis-à-vis des usages et spécificités culturelles
En matière de logement, les usages (éducation, alimentation, hygiène…) doivent être replacés au centre des référentiels, chaque territoire disposant de sa propre culture et donc de sa façon d’habiter. Il est important d’acculturer les maîtres d’ouvrage à la compréhension des milieux et des modes de vie sur chaque territoire pour construire des logements que les habitants s’approprieront, la qualité d’usage jouant un rôle important dans la pérennité de l’ouvrage.
Contributions scientifiques locales à l’adaptation et production de référentiels
L’expertise locale permet, à la fois, de valoriser la culture constructive locale et de faciliter l'acceptation des constructions par les populations car leurs usages auront été pris en compte. Les laboratoires et les centres d’essais régionaux en collaboration avec les laboratoires nationaux représente une force dans l’adaptation des référentiels.
Capitalisation sur les savoir-faire et les produits issus de zones géographiques proches
Un des défis identifiés pour les territoires ultra-marins est de pouvoir construire leurs propres référentiels de construction, qui répondent aux critères hexagonaux, tout en ayant la possibilité d’utiliser les produits disponibles localement. Cela implique une réciprocité entre les référentiels de pays différents. A l’heure actuelle, il est beaucoup plus écologiquement et économiquement rationnel pour Saint-Pierre-et-Miquelon d’utiliser des matériaux canadiens, mais ces matériaux canadiens ne correspondent pas aux référentiels en œuvre sur ce territoire.
Enfin, un autre enjeu fort concerne la méthodologie à adopter pour capitaliser sur les savoir-faire locaux : on observe fréquemment une descente d’information vers les territoires, mais la diffusion des messages issus des territoires ultra-marins vers les instances politiques ne doit pas être négligée.
Prochain rendez-vous est donné en octobre 2024 pour la publication du livre blanc des Assises de la Construction Durable en Outre-mer.