"C'est une des principales bonnes nouvelles de ce semestre: on a une très bonne performance en logement", a résumé jeudi à l'AFP Eric Dumas, directeur financier du groupe.
Entre janvier et juin, Altarea Cogedim, troisième promoteur français après Nexity et la filiale dédiée de Bouygues, a réalisé un chiffre d'affaires de 1,28 milliard d'euros, soit 17% de plus qu'un an plus tôt, et a vu monter de 10% son bénéfice net, à 80 millions.
Le groupe a vu progresser ses revenus dans tous domaines. Présent dans le logement, les bureaux et les commerces, où il table en particulier sur les gares, Altarea Cogedim se revendique comme acteur du "marché de la ville" et mise notamment, pour l'avenir, sur le développement de grands quartiers mixtes.
Mais ces chiffres témoignent largement d'opérations passées, dont le groupe ne fait que tirer les fruits. Là où il se distingue particulièrement, c'est sur les réservations de logements, gage de l'activité future, alors que le secteur constitue le gros de son chiffre d'affaires.
Elles progressent en nombre d'opérations (+2%) et, bien plus encore, de montant total potentiel (+16%), une bonne performance qui différencie Altarea Cogedim du gros du marché du logement neuf.
Parmi ses gros concurrents, Icade et Kaufman & Broad ont vu leurs réservations baisser depuis le début de l'année, même si Nexity s'est aussi distingué par une hausse, notamment grâce à son pari sur les résidences pour personnes âgées ou étudiants.
Plus généralement, la construction de logements recule depuis l'an dernier, les promoteurs mettant en avant notamment la difficulté à trouver des terrains et à engager des opérations à l'approche d'élections municipales qui poussent les élus à la prudence en matière d'octroi de permis de construire.
Mariage dans le bois
"Ca demande des équipes pour discuter avec les mairies, obtenir des permis de construire...", a détaillé M. Dumas. "Ca demande du temps et des compétences. On a été bons, et on est l'un des rares promoteurs à avoir de l'offre, parce qu'on a réalisé pas mal d'investissements dans les équipes."
Depuis un an, le groupe a ainsi recruté des centaines de personnes dans ses activités de logements, tout en accélérant nettement son portefeuille de projets.
Ce pari a un coût: si le bénéfice net semestriel augmente, le bénéfice récurrent, plus représentatif des performances car il n'est pas sujet aux fluctuations de valeur du patrimoine, baisse de plus de 6% à 110 millions d'euros.
"Ca a pesé, puisqu'il faut d'abord embaucher des gens (...) pour enfin construire et livrer, et on passe tous nos frais de développement dans nos charges", a admis M. Dumas.
Le groupe vient aussi d'annoncer une grosse opération dans le logement: il compte débourser 100 millions d'euros pour se marier avec le promoteur Woodeum, spécialiste du bois, un secteur qui reste marginal mais fait l'objet de vifs encouragements des pouvoirs publics.
En dehors du logement, un autre facteur, plus exceptionnel, explique la baisse du bénéfice récurrent: dans l'immobilier de bureaux, un fonds spécialisé d'Altarea Cogedim avait reçu des honoraires élevés de ses clients voici un an. Ils concernaient une performance sur plusieurs années et ne sont donc pas censés se reproduire dans l'immédiat.
"Ca venait couronner cinq années de boulot", a expliqué M. Dumas.
Signe que le groupe ne considère que comme ponctuelle la baisse de son bénéfice récurrent, il maintient en l'état son objectif d'une nette hausse l'an prochain, à 300 millions d'euros, et surtout dit maintenant prévoir une hausse en 2019: il l'attend entre 17,5 et 17,7 euros par action, contre 17,3 euros l'an dernier.