Le cru 2018 aura donc été marqué des rythmes d'activité très contrastés selon les mois, mais aussi selon les matériaux. Ainsi, en 2018, la production de BPE devrait finalement afficher une progression de +3,6%, tandis que celle de granulats atteindrait +1,8% (données provisoires, CJO). Si le retournement du cycle du logement explique la décélération de la dynamique de production du BPE, la croissance plus ralentie des granulats ne fait pas écho à l'activité soutenue des TP et des routes en 2018, une part croissante de la demande de granulats étant sans doute satisfaite en dehors du circuit extractif.
Décembre finit bien l'année
Après plusieurs mois plutôt décevants, les résultats de l'enquête rapide de décembre ponctuent le dernier trimestre 2018 sur une note plus positive. En effet, les livraisons de granulats se sont raffermies de +5,6% en décembre par rapport à novembre et de +6,5% au regard du mois de décembre de 2017 (CVS-CJO). Mal engagé, le dernier trimestre se solde finalement par une légère progression, de +0,9% par rapport au trimestre précédent et de +0,4% par rapport à la fin 2017 qui avait été, pour mémoire, relativement dynamique. Sur l'ensemble de l'année 2018, la production de granulats afficherait une hausse de +1,8% en données CJO et de +1,2% en données brutes, soit une performance en deçà des prévisions de mi-année, notamment en regard de la hausse d'activité constatée dans les travaux publics (+6% en volume en 2018) ou encore dans l'industrie routière (+5% en volume).
Mais la demande en granulats, si elle a sans doute été dynamique, n'a que partiellement été assouvie par la hausse de la production de granulats naturels et de recyclage. En effet, une part croissante de matériaux sont réutilisés sur chantiers en liaison avec le développement des pratiques responsables des professionnels du secteur. Du côté du BPE, après deux mois de repli, le mois de décembre a connu un rebond de +3,5% par rapport à novembre et de +8,6% par rapport à décembre 2017 (CVS-CJO). Ainsi, au quatrième trimestre, la production de BPE a connu une nouvelle progression de +1,4% par rapport au troisième trimestre et de +3,1% par rapport à il y a un an. Au total, en 2018, la production de BPE aurait crû de +3,6% (+3% en données brutes), soit un rythme conforme aux prévisions initiales. L'amorce du retournement du cycle de la construction résidentielle fin 2017-début 2018 laissait supposer ce freinage de la croissance, qui devrait d'ailleurs se poursuivre en 2019.
S'agissant de l'indicateur matériaux, l'année 2018 pourrait se solder par une hausse de +1,5%, le dernier trimestre marquant un nouveau ralentissement du rythme de l'activité (+1,1%, données provisoires, CJO). Le profil infra annuel est apparu très inégal, de même que les performances par matériaux, certains d'entre eux, comme les briques ou encore les produits en béton, ayant connu un net repli de leur activité en 2018.
Logement : dégradation des enquêtes
Selon l'enquête menée en janvier par l'INSEE dans l'industrie du bâtiment, le climat des affaires s'altère légèrement, partant il est vrai d'un niveau très élevé. Si l'opinion sur l'activité passée est un peu moins bien orientée, celle sur l'activité prévue se stabilise, les deux restant très au-dessous de leur moyenne de long terme. A noter que l'opinion sur l'activité future se replie dans le segment du logement, tandis qu'elle reste haussière dans celui du non résidentiel. S'agissant des commandes, les entrepreneurs jugent leurs carnets un peu moins bien garnis, même si leur niveau assure à ce jour 7,4 mois de travail, soit 1,8 mois de plus qu'en moyenne sur longue période. Cette légère dégradation du climat conjoncturel se constate également parmi les promoteurs qui voient la demande de logements neufs se détériorer sensiblement en janvier.
En effet, l'enquête trimestrielle de l'INSEE traduit un nouveau repli des perspectives de mises en chantier des promoteurs, atteignant leur plus bas niveau depuis juillet 2015. Le solde d'opinion recule d'ailleurs plus sensiblement s'agissant des logements destinés à la vente, repassant nettement sous sa moyenne de long terme, que pour les logements destinés à la location. Ces évolutions vont de pair avec les résultats de l'activité construction désormais connus pour l'année 2018. Ainsi au dernier trimestre, les mises en chantier de logements ont plongé de -18,3% par rapport à la même période de l'an passé, la baisse étant plus marquée pour le segment du collectif (-20,4%) que pour l'individuel (-10,6%).
Au total, en 2018, le recul des logements commencés atteint -7% à 398 100 unités. La contraction des permis est du même ordre, avec un recul de -7,1%, soit 460 500 autorisations délivrées. En revanche, le segment de l'individuel groupé tire son épingle du jeu avec une hausse de +1,9% des demandes de permis, une hausse qui s'est d'ailleurs raffermie au quatrième trimestre (+3,7%) tandis que l'ensemble des autorisations affichaient un recul de -8,4%. L'année 2018 aura également été marquée par une hausse du délai moyen d'ouverture des chantiers, à 11,6 mois pour le collectif (5,4 mois pour l'individuel), mais surtout par une remontée des taux d'annulation des permis, notamment dans le collectif, atteignant 27,3% fin 2018 (contre 19,1% en moyenne sur longue période)
TP : légère baisse de confiance
Selon l'enquête menée en janvier 2019 dans les travaux publics, le climat conjoncturel serait légèrement moins favorable que le trimestre précédent même si les professionnels restent confiants.Après un plus haut de ces douze dernières années en octobre, le solde d'opinion sur l'activité passée et future se replie légèrement en janvier, pour la clientèle privée comme la clientèle publique. En revanche, les carnets de commandes sont jugés bien garnis, le solde d'opinion étant à son plus haut niveau depuis onze ans. Pour autant, même si l'activité fut soutenue en 2018, la FNTP note qu'elle demeure inférieure de 15% à son point haut de 2007.
Données annuelles 2017
Les derniers résultats de l'enquête annuelle 2017 font apparaître une nouvelle hausse de l'activité, généralisée cette fois à l'ensemble des matériaux couverts par l'enquête de branches UNICEM(1). Le chiffre d'affaires global des branches a ainsi progressé de +4,4% (à 8,647 milliards d'euros en 2017) pour un volume produit de 481 millions de tonnes. Certes, le secteur de la pierre de construction reste en retrait avec une hausse très modeste (+0,3%, avec 514,6 M€ de CA) mais l'année 2017 met fin à cinq années de recul important (-20% depuis 2012). Du côté des matériaux de carrière pour l'industrie, l'année se solde par une nouvelle hausse du CA (+3,7% à 700 M€) tout comme les granulats (+2,4% à 3 529 M€) dont la production a progressé de 2,6% (à 339 Mt, contre 384 Mt en moyenne ces 20 dernières années). Enfin, le secteur du BPE affiche une hausse de +7% de son chiffre d'affaires (à 3 333 M€) pour une production de 38,8 M de m3 (+7,1%), soit le volume moyen de ces quinze dernières années.
(1) Granulats, BPE, Pierres de construction, Matériaux de carrière pour l'industrie