Dans le cas du BPE, l’atterrissage se poursuit donc de façon assez logique et graduelle, en écho avec une dynamique des carnets de commandes qui, bien qu’étant encore très garnis, cessent de se remplir avec la même vigueur. Du côté des granulats, le mouvement de modération, bien que réel, reflète moins un épuisement de tendance qu’une simple variation conjoncturelle, le rythme annuel de l’activité continuant d’osciller autour de + 2 %. Les indicateurs de demande traduisent toujours un climat très porteur du côté des travaux publics, tandis que, du côté du bâtiment, le moral des professionnels du gros œuvre se maintient en dépit du retournement du cycle du résidentiel.
Un deuxième trimestre en repli, un mois de juin stable
Les données provisioires de l'enquête mensuelle de juin traduisent globalement une poursuite des tendances amorcées au deuxième trimestre. Dans les granulats, on note toutefois une certaine amélioration avec une légère hausse de l’activité par rapport au mois de mai (+2,5%, données CVS-CJO), même si celle-ci demeure comparable à celle du mois de juin de l’an passé (-0,2%).Au deuxième trimestre, la production de granulats enregistre cependant un recul par rapport au trimestre précédent, plutôt très dynamique, (-4,3%) mais aussi au regard du deuxième trimestre de 2018 (-1,8%). Ainsi, au premier semestre 2019, l’activité granulats affiche une hausse de +2,5% sur un an tandis que, en cumul sur les douze derniers mois, la tendance ressort à +1,9% ce qui traduit une relative stabilité de la tendance. Du côté du BPE, les livraisons ont plutôt stagné en juin, à la fois par rapport à mai (+0,1%, données CVS-CJO) mais aussi par rapport à juin 2018 (-0,2%). La production des trois deniers mois se contracte de -3,3% par rapport au premier trimestre 2019 et de -1,9% rapportée au même trimestre de 2018.
L’activité reste cependant dynamique puisqu’au premier semestre 2019, elle continue de croître de +5,1% sur un an, un rythme plus soutenu que celui constaté en cumul sur les douze derniers mois (+4,4%).
Notre indicateur Matériaux traduit des tendances assez comparables pour la période. En effet, en dépit d’un mois de juin encore provisoire, l’activité du deuxième trimestre décrit un repli de -1% par rapport à la même période d’il y a un an (données CJO). Cette contraction, qui intervient après un premier trimestre très vigoureux, concerne la quasi-totalité des matériaux qui composent le panier, les produits en béton à destination des chantiers de travaux publics se distinguant par une hausse de +2,9% sur le bimestre avril-mai. Sur les six premiers mois de l’année 2019, l’indicateur enregistre une progression de +4,6% sur un an.
Bâtiment : en apesanteur
La dernière enquête menée auprès des professionnels du bâtiment en juillet par l’INSEE confirme que le climat des affaires reste stable à haut niveau. L’indicateur synthétique est ainsi “calé” autour de 111, pour le sixième mois consécutif, soit bien au-dessus de sa moyenne de long terme (100). Après avoir accumulé des retards dans la livraison des chantiers (goulots de production liés au personnel, au matériel), les carnets de commandes commencent tout juste à se tasser, bien que restant historiquement élevés, notamment dans le segment du gros œuvre (8,7 mois). Les perspectives d’activité dans le segment résidentiel se modèrent graduellement aussi en liaison avec le repli des mises en chantier.
Quant aux ventes de logements neufs, les derniers chiffres de la commercialisation parus pour le premier trimestre 2019 confirment une situation contrastée sur le marché résidentiel.Après une année 2018 en léger repli (-1,4%), où près de 129 000 logements neufs ont été écoulés, dont 50% auprès des investisseurs bénéficiant du dispositif Pinel (54% en 2017), les ventes se sont stabilisées par rapport au premier trimestre de 2018 (à 30 900 unités, soit -0,4%), ce qui suggère que la demande de logements neufs ne se dément pas. En revanche, l’offre se contracte sensiblement, avec un repli de -30,9% (à 23 900 unités) ce qui se solde par une baisse sensible des encours (-6,7% sur un an, soit 105 850 logements dont plus de 70% ne sont encore qu’à l’état de projet). Selon la Fédération des Promoteurs Immobiliers, cette contraction de l’offre, plutôt inquiétante car génératrice de tensions sur les prix, s’explique d’une part par une diminution du nombre de permis accordés par les maires depuis un an, avec l’approche des échéances municipales de 2020 et du fait de l’élaboration des PLUi. Par ailleurs, lorsque les permis sont obtenus, l’aboutissement des projets est rendu de plus en plus difficile en raison des coûts des travaux, de la disponibilité des entreprises ou encore des recours contentieux.
Travaux publics, un climat toujours très favorable
Selon la dernière enquête menée en mai, l’activité des travaux publics continue sur un rythme soutenu, les travaux réalisés affichant +15,6% sur les cinq premiers mois de l’année par rapport à la même période de l’an passé (données CVS-CJO en volume). Du côté des travaux routiers, les progressions sont très comparables, des pénuries de bitume commençant à refaire leur apparition, en raison de tensions sur la production des raffineries et les transports. Cette dynamique solide de l’activité repose pour plus des deux tiers sur l’effet du cycle électoral, qui alimente l’accélération de l’investissement des communes, mais aussi sur la vigueur des grands opérateurs (Plans autoroutiers, Haut-débit, Grands travaux, notamment avec le Grand Paris).
Enfin, la météo favorable vient faciliter la réalisation des travaux. Si l’approche des élections municipales vient mécaniquement doper l’activité, l’année postélectorale est souvent source d’inquiétudes. Toutefois, il semble que le contexte soit très différent de 2014 où le retournement du cycle avait été particulièrement marqué. En effet, les grands projets devraient continuer d’alimenter la demande tandis que l’environnement financier des collectivités locales apparaît plus que porteur. Selon le dernier rapport de l’OFGL (Observatoire des Finances et de la Gestion publique Locales) paru en juillet, la situation financière des collectivités locales s’est nettement améliorée. Au-delà de certaines disparités territoriales, les trésoreries du bloc communal apparaissent abondantes, le niveau d’endettement très faible avec une capacité de désendettement inférieure à 5 ans (contre 10 à 15 ans en Europe). Si les investissements du bloc communal ont bien progressé en 2018, leur niveau global au cours de la mandature actuelle restera toutefois inférieur de -15% à celui de la précédente, en raison d’une baisse marquée des dépenses en début de mandat. Mais ces investissements, d’un montant de 172 milliards d’euros sur 2014-2018, ont été majoritairement
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