"Pas de ministère des Transports!!!!" s'est étranglée sur Twitter, avec sept émoticônes rageurs, l'eurodéputée Karima Delli, présidente de la commission transports et tourisme au Parlement européen.
Or, Elisabeth Borne connaît bien le secteur. Elle avait été une ministre des Transports remarquée entre 2017 et 2019, et nommée tout de suite, dès l'arrivée au pouvoir d'Emmanuel Macron.
Il n'est pas rare que les postes sectoriels, ministres délégués et secrétaires d'Etat, soient distribués dans un second temps, après les législatives, mais la liste communiquée vendredi comprend 27 personnes dont certaines chargées de la Mer, l'Enfance, l'Egalité entre les femmes et les hommes ou la Francophonie. D'où l'étonnement des oubliés.
"Il n'y a pas de ministre des Transports et y a un ministre des JO ?", a persiflé Thierry Douine, président de la CFTC Transports, parlant de la nouvelle ministre des Sports et des Jeux olympiques et paralympiques, Amélie Oudéa-Castéra.
"Je pense qu'il va falloir réagir collectivement. (...) Ca montre encore une fois qu'on était des salariés indispensables pendant la crise sanitaire, mais depuis on nous oublie", a-t-il tonné dans un coup de fil à l'AFP.
"Nous félicitons Amélie de Montchalin", nouvelle ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires qui garde la tutelle sur le secteur, "et nous attendons la nomination d'un ministre délégué aux Transports", a indiqué plus calmement une porte-parole de l'Union des transports publics et ferroviaires (UTP).
Autre orphelin, le Logement, qui va aussi rester sous la tutelle du grand ministère de Mme de Montchalin.
"Heureux de savoir qu'il n'y a pas de problème de logement en France. Sinon, il y aurait un ministre du Logement", a raillé sur Twitter le maire (PS) de Bourg-en-Bresse, Jean-François Debat.
"C'est une belle claque!", a renchéri Damien Hereng, président de la Fédération française des constructeurs de maisons individuelles (FFC).
Pourtant, selon les fédération d'agents immobiliers et de professionnels de la gestion locative Fnaim, Unis et Plurience, "le pouvoir d'achat est une préoccupation centrale et partagée, comme la transition écologique". "Le logement est indéniablement au cœur de ces enjeux", ont-elles regretté.
Qui commande ?
Les sortants aux Transports et au Logement, Jean-Baptiste Djebbari et Emmanuelle Wargon, n'ont pas dit un mot vendredi soir lors de la passation de pouvoirs.
Encore un secteur oublié de la déclaration du secrétaire général de la présidence, Alexis Kohler, sur le perron de l'Elysée: le Tourisme.
"Nous sommes très déçus que le mot même de tourisme n'ait pas été prononcé", a déploré Didier Chenet, président du GNI, l'organisation patronale des indépendants de l'hôtellerie restauration.
Roland Héguy, président de l'UMIH --la principale organisation patronale de l'hôtellerie restauration--, a fait part de sa "déception".
"Nous osons espérer une prise en considération du tourisme après les législatives", dit aussi Jean-Virgile Crance, président du Groupement national des chaînes hôtelières (GNC).
Le Numérique n'a plus de secrétaire d'Etat dédié, mais il est au moins cité dans les attributions du ministre de l'Economie, Bruno Le Maire.
Les Anciens combattants ont été adoptés par le nouveau ministre des Armées Sébastien Lecornu. "Je deviens aussi le ministre de la mémoire des anciens combattants et si dans l'intitulé du ministère les anciens combattants ne figurent pas, néanmoins j'en suis pleinement le ministre", a-t-il déclaré en prenant ses fonctions.
Quant à la Mer, sa rétrogradation d'un ministère à un secrétaire d'Etat en a froissé plus d'un.
"Nous nous rapprocherons de Mme Benin (la nouvelle secrétaire d'Etat à la Mer Justine Benin, députée MoDem) et certainement du Premier ministre pour comprendre le poids de la pêche et de la mer au sein du nouveau gouvernement", a prévenu le Comité national des pêches maritimes et des élevages marins.
Bien que regrettant cette disparition d'un ministère de plein exercice, un proche du cabinet de la sortante Annick Girardin a expliqué que la nouvelle formule permettrait peut-être de sortir d'une dichotomie parfois compliquée, entre le ministère et le secrétariat général de la Mer, rattaché au Premier ministre et qui coordonne les actions des préfets maritimes.
La Ville, elle, n'est nulle part pour l'instant. Rendez-vous dans le Journal officiel dans les prochains jours, pour savoir quel ministre aura la main.
La Fédération des Promoteurs immobiliers se demande où est le logement ?
La FPI prend acte de la composition du Gouvernement annoncée ce jour. Elle adresse ses vœux de réussite aux ministres.
Elle regrette fortement que le logement, premier poste de dépenses des ménages, ne bénéficie pas d’un ministère de plein exercice demandé par l’ensemble de la filière immobilière et la FPI en particulier. De plus, le logement n’apparaît dans aucun intitulé des ministères annoncés.
Pour Pascal Boulanger, président de la FPI : « Après avoir été le grand oublié de la campagne électorale, nous refuserons fermement qu’il soit l’oublié du quinquennat ! Il s’agit d’un bien essentiel pour chacun de nos concitoyens. L’ajustement qui interviendra à l’issue des législatives devra impérativement corriger cette position. Nul ne pourra nous faire le reproche de ne pas avoir suffisamment alerté sur le risque majeur d’une véritable et profonde crise du logement. »
Il y a un combat politique fondamental à mener pour les Français: permettre à chacun, à chaque étape de sa vie, de se loger dignement. Il est pour cela absolument indispensable de relancer rapidement et efficacement une offre de logements collectifs neufs, accessibles, sobres en consommation d’espace et aux performances environnementales remarquables, en complément de la nécessaire rénovation du parc ancien.
Les élus locaux détenant le pouvoir de délivrer les autorisations de construire, la FPI attend de l’Etat qu’il porte un message politique fort auprès des maires :
Pour Pascal Boulanger, président de la FPI : « Le Ministre de l’Intérieur et son ministre délégué aux Collectivités territoriales, eux-mêmes issus des territoires, ont la capacité de mobiliser efficacement les élus locaux afin de relancer la construction de logements. Les maires ont besoin du soutien politique et financier de l’Etat pour agir. »
L’Etat devra par ailleurs concilier deux impératifs, sociétal et environnemental : construire suffisamment, pour tous et abordable dans un contexte de sobriété foncière et de transition bas carbone :
Pour Pascal Boulanger, président de la FPI : « Les promoteurs immobiliers de la FPI, par la qualité de leurs réalisations et les innovations qu’ils mettent en œuvre au service de leurs acquéreurs, démontrent chaque jour les nombreux atouts du logement neuf pour relever les défis de sobriété foncière et transition bas carbone et répondre aux besoins des Français. »
Il y a urgence à agir pour la FPI:
Pour Pascal Boulanger, président de la FPI : « Déçue par l’absence du logement dans le 1er Gouvernement, la FPI sera vigilante, combative auprès du nouvel exécutif et porteuse de propositions audacieuses. Elle se tient dès à présent à la disposition des ministres pour apporter des solutions efficaces et rapides : le pouvoir d’habiter est une priorité non négociable pour les Français ! »
Mise à jour : des portefeuilles pour le logement et les transports après les législatives
Le gouvernement sera complété après les législatives avec l'attribution de portefeuilles dédiés au logement et aux transports, deux thématiques dans le périmètre de la ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, a précisé lundi 23 mai la porte-parole Olivia Grégoire.
"Il y aura très certainement de nouvelles personnalités au sein du gouvernement spécifiquement dédiées par exemple aux transports, au logement, sous la supervision de la ministre Amélie de Montchalin (ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires ndlr) directement placée sous la Première ministre", a déclaré Mme Grégoire face à la presse à l'issue du premier Conseil des ministres du gouvernement d'Elisabeth Borne.
"Le gouvernement sera complété après les élections législatives" des 12 et 19 juin, avait-elle préalablement précisé.
L'absence de portefeuilles dédiés spécifiquement aux dossiers du logement ou des transports lors de l'annonce du nouveau gouvernement vendredi avait suscité émotion et étonnement chez les acteurs de ces deux secteurs inquiets d'une hypothétique disparition de ministère ou secrétariat d'Etat consacrés à ces enjeux.
"La ministre Amélie de Montchalin a dans son portefeuille, dans son périmètre, les enjeux de transport, les enjeux de logement, vous savez qu'il y a de grandes administrations au service de ces enjeux, ils ont aujourd'hui une ministre", a voulu rassurer Mme Grégoire.
"Ce gouvernement est déjà opérationnel sur les enjeux de transport et de logement, il nous manque peut être quelques ministres et (...) le président de la République et la Première ministre auront loisir de compléter l'équipe gouvernementale", a-t-elle encore expliqué.
Amélie de Montchalin est l'une des deux ministres avec Agnès Pannier-Runacher à épauler Elisabeth Borne pour mener la transition écologique et énergétique dans le nouveau gouvernement.