Alors que l'on attendait un nom le 4 septembre, c'est finalement avec un léger retard que le Président de la République annonce la nomination de celui qui va avoir la lourde charge de constituer un gouvernement capable de résister au couperet de la motion de censure. C'est en effet Michel Barnier qui va devoir présenter « un gouvernement de rassemblement » selon Emmanuel Macron.
Membre des principaux partis gaullistes successifs (UDR, RPR, UMP, LR), Michel Barnier a débuté en politique en 1973, d'abord en Savoie, puis au niveau national et européen. Il est élu député pour la première fois en 1978.
Ayant été plusieurs fois ministre (Environnement, Affaires européennes, Affaires étrangères, Agriculture et Alimentation) et deux fois commissaire européen (Politique régionale puis Marché intérieur et Services financiers), il est à partir de 2016 négociateur en chef pour l'Union européenne chargé de mener les négociations liées au Brexit puis prend la tête de la force opérationnelle formée pour finaliser celles-ci et négocier les futures relations avec le Royaume-Uni.
Un accueil vigilant du SDI au nom des indépendants et TPE
Le SDI accueille avec vigilance la nomination de Michel Barnier au poste de Premier Ministre.
Le principal écueil écarté d’une nomination clivante, professionnels indépendants et dirigeants de TPE restent dans l’expectative quant à l’équipe qui sera nommée et à la politique économique qui devra être avalisée par le Parlement. Le contexte d’un déficit budgétaire non maîtrisé associé aux revendications sur le pouvoir d’achat incite indépendants et TPE à la plus grande vigilance quant aux risques sociaux et fiscaux qui menacent leurs activités.
En effet, la dernière enquête[1] du SDI démontre que, si l’absence de gouvernement ne constitue pas en soi un frein à la poursuite de l’activité, les fortes inquiétudes exprimées (94% d’état d’esprit négatif) portent sur la politique économique et sociale qui sera menée ces prochains mois.
Leurs craintes portent essentiellement sur :
- Une hausse des prélèvements obligatoires (89%) ;
- Une politique de rigueur budgétaire (57%) ;
- Une forte augmentation des salaires (79%) et/ou leur indexation sur l’inflation (45%).
Dans l’attente de connaître la direction qui sera prise, 69% des projets d’investissement et 52% des projets de recrutement sont annulés ou suspendus.
Ainsi, des tâches immenses attendent le nouveau gouvernement et sa majorité de coalition :
- Restaurer la confiance des indépendants et dirigeants de TPE dans la prise en compte de leurs problématiques de trésorerie (taxe foncière, PGE) et de développement (charges sur les salaires) ;
- Stopper l’hémorragie des défaillances d’entreprises ;
- Répondre à la dérive budgétaire de la France sans cesse révisée à la hausse depuis février 2024, en cours d’examen par l’Union européenne.
Pour Marc Sanchez, Secrétaire général du SDI : « Du point de vue des indépendants et TPE, la nomination de Michel Barnier en qualité de chef du gouvernement impose la vigilance car elle ne dit rien à ce stade de la politique entrepreneuriale qui sera menée par une majorité de coalition, notamment dans un contexte de déficit budgétaire encore récemment révisé à la hausse. Quant à la réalité économique du pays, le SDI peut se prévaloir d’avoir toujours partagé ses constats. Force est de constater qu’il ne s’est jamais trompé. Optimistes et enthousiastes, nous croyons en la possibilité d’une équipe gouvernementale capable de considérer différemment les entreprises de moins de dix salariés et d’en faire le cœur, le moteur, de la reprise économique de notre pays. Une bonne piste pour résorber le déficit budgétaire de la France ! »
[1] Enquête flash situation politique (1279 répondants) https://sdi-pme.fr/wp-content/uploads/2024/09/Flash-Situation-politique
Intercommunalités de France : "Maintenant, au travail !"
Les élus des instances d’Intercommunalités de France adressent leurs félicitations à Michel Barnier pour sa nomination au poste de Premier ministre. Après deux mois sans Gouvernement, l’association souhaite qu’un Gouvernement soit désormais constitué rapidement afin de se mettre au travail au plus vite. Intercommunalités de France appelle à un changement de méthode, fondé sur un dialogue et un esprit de concertation renouvelés entre l’État et les représentants des collectivités.
L’urgence réside principalement dans la préparation du budget. Pour Intercommunalités de France, le Parlement, le Gouvernement et l’ensemble des associations d’élus doivent travailler main dans la main à ce travail essentiel à la bonne marche du pays. L’association ne doute pas qu’avec son expérience des collectivités locales, Michel Barnier saura affirmer qu’en matière de finances publiques, le combat ne réside pas dans une opposition stérile entre État et collectivités, mais dans l’émergence de solutions partagées.
Pour ne pas décevoir les Françaises et les Français, État et collectivités ne doivent pas se placer dans une posture d’ennemis mais contribuer à l’émergence de consensus dans l’intérêt de la France. Pour y revenir, il est essentiel de se parler et de mieux travailler ensemble, comme savent le faire les élus locaux dans leurs communes et intercommunalités.