Ce constat est cependant beaucoup plus marqué dans le segment du béton prêt à l'emploi que dans celui des granulats qui bénéficie sans doute encore de la dynamique porteuse insufflée par la conjoncture des travaux publics et des travaux routiers. En revanche, du côté du BPE, même si les enquêtes menées auprès des professionnels du bâtiment font encore preuve d'une belle résilience, le repli des mises en chantier de logements engagé depuis plusieurs trimestres finit par se solder par un freinage sensible de la demande de matériaux. Reste que bon nombre d'indicateurs sont encore bien orientés, ce qui suggère un atterrissage de fin d'année plutôt maîtrisé.
Légère hausse des productions en septembre
Selon les premiers résultats du mois de septembre, les productions de granulats et de BPE ont connu une légère progression par rapport au mois d'août, qui avait, il est vrai, été plutôt décevant.Ainsi, les livraisons de granulats ont progressé de +1% (données CVS-CJO) et de +0,8% par rapport au mois de septembre 2018.Au troisième trimestre, les volumes se sont stabilisés par rapport au trimestre précédent (+0,3%) mais aussi par rapport au même trimestre de l'an passé (-0,1%). Sur les neuf premiers mois de l'année 2019, la tendance de l'activité granulats ressort à +1,9% sur un an, soit un rythme un peu supérieur à celui constaté en cumul sur les douze derniers mois (+1,5%). Du côté du BPE, les productions ont également augmenté entre août et septembre (+1,3%, données CVS-CJO) mais sont en sensible retrait par rapport à celles d'il y a un an (-4,7%). A la différence des granulats, les livraisons du troisième trimestre 2019 accusent un repli par rapport au trimestre précédent (-2%) mais aussi au regard de la même période un an plus tôt (-3,1%). Le ralentissement se confirme et s'accentue, la progression des neuf premiers mois de 2019 (+2,2% sur un an) étant plus modeste que celle des douze derniers mois (+2,5%).
Encore provisoire pour le mois de septembre, notre indicateur matériaux imprime les mêmes tendances en termes de freinage de l'activité. Ainsi, au troisième trimestre, l'activité aurait reculé de -0,5% par rapport à l'an passé, ce qui ramène la progression
Bâtiment : en apesanteur depuis 8 mois
Tout comme en septembre, le climat des affaires dans l'industrie du bâtiment reste “accroché” à un haut niveau en octobre. L'enquête menée par l'INSEE auprès des professionnels du bâtiment confirme en effet que l'optimisme des entrepreneurs ne se dément pas, voire qu'il se renforce pour les prochains mois. Pour le troisième mois consécutif, leurs perspectives d'activité s'améliorent même et se situent désormais bien au-dessus de la moyenne de longue période. Les carnets de commandes apparaissent toujours aussi bien garnis avec 9 mois d'activité “en stock” dans le gros œuvre, soit trois mois de plus qu'en moyenne sur les trente dernières années. Les tensions sur l'appareil productif demeurent importantes dans le bâtiment et près de la moitié des entrepreneurs (47%) signalent des goulots de production (contre 32% en moyenne), en particulier en raison du manque de personnel pour plus d'un quart d'entre eux (27% contre 14% en moyenne de longue période).
Si ce constat tranche avec les chiffres de la construction, toujours en repli dans le segment du bâtiment à fin août, ils suggèrent que les tensions sur les capacités productives ont occasionné des retards dans les chantiers qui gonflent sans doute artificiellement les réserves de commandes. Il n'empêche que ces dernières sont bien réelles et, même si elles sont amenées à s'épuiser au fil des mois, elles vont continuer d'alimenter l'activité au moins jusque fin 2019. Du reste, certains autres indicateurs demeurent bien orientés dans le bâtiment : ainsi, le segment des locaux d'activité offre une belle tenue et, dans le secteur de la rénovation, les artisans restent très optimistes sur leurs perspectives d'activité selon l'enquête INSEE menée en octobre, probablement en lien avec le volume record des ventes de logements anciens réalisées ces douze derniers mois (plus d'un million entre août 2018 et juillet 2019). Du côté de la maison individuelle, on assiste à un certain rebond des ventes en diffus depuis plusieurs mois (+4% en glissement annuel sur huit mois à fin août). Enfin, la dernière enquête de l'INSEE menée en octobre auprès des promoteurs immobiliers traduit une amélioration de leur opinion sur la demande de logements neufs, et ce, pour le troisième trimestre consécutif. De fait, leurs perspectives de mises en chantier, notamment s'agissant des logements destinés à la location, se redressent à nouveau et repassent ainsi au-dessus de la moyenne de longue période pour la première fois depuis deux ans. Pour autant, l'atterrissage de l'activité se poursuit, en écho au repli des permis et des mises en chantier de logements, un mouvement qui pourrait s'accentuer avec la suppression programmée du PTZ ou encore une politique plus restrictive de distribution de crédits de la part des banques (Bâle 4), comme le souligne la FFB.
TP : l'activité tient bon
Selon la dernière enquête menée en août chez les professionnels des travaux publics, l'activité est restée solide au cours de l'été, même si elle a quelque peu ralenti au regard des mois précédents. De janvier à août, la croissance se poursuit pour s'établir sur un rythme de +12,7% sur un an, la dynamique des travaux étant portée par la vigueur des investissements du bloc communal, à l'approche des échéances électorales, et par les projets des grands opérateurs. Les carnets de commandes demeurent bien orientés, notamment dans les segments des travaux routiers, canalisations et ouvrages électriques, ce qui suggère une fin d'année sans rupture majeure. Pour autant, l'optimisme des entrepreneurs commence à s'émousser même si la confiance reste de mise, les soldes d'opinion restant bien au-dessus de leur moyenne de longue période. La modération de l'activité constatée ces derniers mois devrait donc se poursuivre, tant du côté de la clientèle publique que privée, tandis que le manque de main-d'œuvre continue de freiner la réalisation des chantiers de 46% des entreprises du secteur.