Comme prévu et comme le veut la tradition, les ministres-candidats éliminés aux élections législatives ont donnés leurs démission et l’Élysée vient de nommer un nouveau Gouvernement, profitant de l'occasion pour créer de nouveaux postes de ministres délégués dans des domaines comme l'Artisanat, le Logement ou les Transports.
Olivier Klein, un connaisseur des quartiers déshérités chargé de la Ville et du logement
Il est à la tête d'une des villes les plus pauvres de France: Olivier Klein, 55 ans, maire de Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), a été nommé lundi ministre délégué à la Ville et au logement.
L'élu fait entrer les quartiers populaires au gouvernement.
Maire de Clichy-sous-Bois depuis 2011, Olivier Klein est un enfant du cru. Il a grandi dans le quartier du Chêne Pointu à Clichy-sous-Bois, décor des "Misérables" de Ladj Ly et souvent présenté comme l'une des copropriétés les plus dégradées de France.
D'abord membre du Parti communiste, ce professeur d'histoire-géo a rejoint le PS en 2006. Après une quinzaine d'années dans le camp socialiste, M. Klein s'est rapproché puis a soutenu Emmanuel Macron.
Enfant, il vendait avec son père l'Humanité et Pif Gadget les week-ends et les 1er Mai, dans la galerie commerçante du Chêne Pointu, "c'était une tradition", a confié à l'AFP M. Klein qui a vu les classes moyennes déserter Clichy-sous-Bois dans les années 1980.
C'est à partir de cette ville déshéritée de Seine-Saint-Denis que les banlieues françaises se sont embrasées en 2005 après la mort de deux adolescents, Zyed Benna et Bouna Traoré, électrocutés dans un transformateur électrique en tentant d'échapper à la police.
"Y a du boulot !"
"Il est très engagé dans sa ville", estime le président PS de la Seine-Saint-Denis Stéphane Troussel. "Il a contribué à la transformer, personne ne peut dire que cette ville n'a pas changé en 15 ans", souligne l'élu.
M. Klein "est accessible, à l'écoute et impliqué localement. Il a contribué au désenclavement de Clichy" avec notamment l'arrivée du tramway, la construction d'un conservatoire, d'une piscine et de logements neufs, énumère Mohamed Mechmache, fondateur de l'association ACLEFEU basée à Clichy-sous-Bois.
"Il défend l'idée de soutenir les petites associations de proximité car elles ont un vrai ancrage", assure M. Mechmache également président de la coordination "Pas sans nous" qui a fait un tour de France des quartiers pendant la dernière campagne électorale présidentielle.
A la tête de l'Agence nationale pour la rénovation urbaine (ANRU) depuis 2018 et vice-président de la Métropole du Grand Paris, délégué à l'habitat et la mixité, "il a une connaissance de l'aménagement et de la politique de la ville", selon M. Mechmache.
Selon lui, cette nomination au gouvernement est "un message important" pour une ville aussi "médiatique que Clichy-sous-Bois".
"J'espère que dans les semaines, les mois, les années à venir, il saura ne pas oublier la Seine-Saint-Denis et défendre l'égalité territoriale parce qu'il y du boulot!", lance Stéphane Troussel.
Caroline Cayeux, maire de droite expérimentée, aux Collectivités locales
La maire de Beauvais Caroline Cayeux, nommée lundi ministre déléguée aux collectivités locales, est une septuagénaire énergique, représentante selon ses dires de la "droite sociale", qui avait récemment appelé à un rassemblement trans-partisan autour d'Emmanuel Macron.
Elle possède une expérience de son portefeuille, étant à la tête depuis 3 ans de l'Agence nationale de la cohésion des territoires (ANCT), un établissement public destiné à assurer la coordination entre l'État et les collectivités territoriales.
Maire de Beauvais depuis 2001, elle préside depuis 2014 "Villes de France", une association qui regroupe les localités de 20.000 à 100.000 habitants et est aussi membre du bureau de l'Association des maires de France (AMF).
A l'UMP puis chez Les Républicains, Mme Cayeux s'est affichée aux présidentielles de 2012 et 2017 comme un soutien sans faille de François Fillon, qu'elle considère comme l'héritier du "gaullisme social" de Philippe Séguin.
Lors de la campagne de 2017, elle avait comparé "les Macronistes" aux membres de la secte Moon et aux Raéliens, Emmanuel Macron étant pour sa part ramené à un rôle d'"illusionniste mystique qui présente bien".
En 2018, celle qui était encartée à droite depuis 1981 avait cependant claqué la porte des Républicains, en désaccord avec le président d'alors, Laurent Wauquiez.
Cette rupture partisane ne l'avait pas empêchée d'être réélue dès le premier tour des municipales 2020 à Beauvais, soutenue par la République en Marche.
Elle se pose désormais en rassembleuse: après les législatives, elle avait appelé dans le JDD à la constitution d'"une plateforme programmatique trans-partisane" avec "les forces politiques volontaires (...) aux côtés du président de la République".
Née à Paris en 1948, cette licenciée d'anglais, titulaire d'un diplôme supérieur de droit international privé, a été enseignante, puis responsable d'un organisme de formation professionnelle.
Elle s'est fait connaître en 2001 en devenant maire RPR de Beauvais à la surprise générale, contre le sortant socialiste, en place depuis 24 ans. Elle s'est aussi longtemps investie dans son ex-parti dans le sillage de Philippe Séguin.
Elle a subi plusieurs échecs électoraux: cantonales 2001, législatives 2002, sénatoriales 2004, régionales 2004 et 2010. Entre 2011 et 2017, elle est sénatrice de l'Oise.
Très active sur les réseaux sociaux, Caroline Cayeux communique sur Twitter, Facebook, Instagram et Snapchat.
Mais cette hyper-activité en ligne peut avoir son revers: le 1er avril 2018, elle annonce sur Facebook l'arrivée d'un Ikea dans sa ville, avec un millier d'emploi à la clé. Un poisson d'avril... qui provoque un tollé localement.
Mariée à un agriculteur, elle est la fille du Dr Pierre Fournier, médecin et pharmacien, qui fut PDG des Laboratoires Fournier Frères durant plusieurs années et également président de l'ordre national des pharmaciens.
Carole Grandjean, une spécialiste du social à l'Enseignement et la Formation professionnels
Macroniste de la première heure, la députée de Meurthe-et-Moselle Carole Grandjean, nommée lundi ministre déléguée à l'Enseignement et à la Formation professionnels, s'est investie dans les questions sociales à l'Assemblée nationale.
Cette conseillère municipale de Nancy de 39 ans et ancienne responsable ressources humaines pour le groupe de restauration collective Elior, a fait partie, en 2017, de la vague de députés LREM novices en politique à l'Assemblée. Elle est alors également déléguée départementale d'En Marche!.
Lors des dernières élections législatives, elle a été confortablement réélue dans la 1ère circonscription de Meurthe-et-Moselle avec 53,4% des voix, contre un candidat insoumis.
Membre de la commission des Affaires sociales où elle siège depuis son premier mandat, elle s'est attelée aux sujets touchant la protection sociale des travailleurs, la santé au travail et la lutte contre les fraudes aux prestations sociales.
En 2020, elle a été co-rapporteure du controversé projet de loi de réforme des retraites, abandonné depuis.
Elle est membre en outre du conseil d'orientation pour l'emploi et du conseil national de la stratégie autisme.
A Nancy, Carole Grandjean - fille de Denis Grandjean, adjoint de l'ancien maire de la ville André Rossinot -, est appréciée de ses collègues de la majorité comme de l'opposition au conseil municipal, "même si on ne la voit pas beaucoup dans la circonscription", ajoute-t-on.
A son poste, en tant que ministre déléguée auprès du ministre du Travail et du ministre de l'Education nationale, Carole Grandjean devra s'occuper notamment de poursuivre la transformation du lycée professionnel, un "immense chantier" annoncé par Emmanuel Macron pendant sa campagne, avec la volonté de rapprocher davantage l'école et les entreprises.
Le président avait dit vouloir s'inspirer de la réforme de l'apprentissage pour cette "grande réforme", en accroissant notamment les périodes de stages en entreprise des lycéens professionnels.
"On est extrêmement inquiet du périmètre du poste de Carole Grandjean, car c'est la première fois que les lycées professionnels ne relèvent plus uniquement de l'Education nationale", a regretté auprès de l'AFP Sigrid Girardin, du syndicat enseignant Snuep-FSU. "On craint que l'objectif soit de privilégier l'employabilité immédiate au détriment des formations équilibrées".
Pour Vincent Magne, professeur d'histoire et de lettres en lycée professionnel et membre de l'association des professeurs d'histoire-géographie (APHG), il y a une "crainte que la formation professionnelle soit vue uniquement comme une voie pour former des ouvriers, alors qu'elle ne se résume pas à cela".
La liste complète du nouveau gouvernement
La Première ministre est chargée de la planification écologique et énergétique.
La composition du Gouvernement est la suivante :
Les ministres
- Bruno Le Maire, ministre de l'économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique ;
- Gérald Darmanin, ministre de l’intérieur et des Outre-mer ;
- Catherine Colonna, ministre de l’Europe et des affaires étrangères ;
- Éric Dupond-Moretti, garde des sceaux, ministre de la justice ;
- Sébastien Lecornu, ministre des armées ;
- Olivier Dussopt, ministre du travail, du plein emploi et de l'insertion ;
- Pap Ndiaye, ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse ;
- Sylvie Retailleau, ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche ;
- Marc Fesneau, ministre de l’agriculture et de la souveraineté alimentaire ;
- Christophe Béchu, ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires ;
- Agnès Pannier-Runacher, ministre de la transition énergétique ;
- Rima Abdul-Malak, ministre de la culture ;
- François Braun, ministre de la santé et de la prévention ;
- Jean-Christophe Combe, ministre des solidarités, de l'autonomie et des personnes handicapées ;
- Stanilas Guerini, ministre de la transformation et de la fonction publiques ;
- Amélie Oudéa-Castéra , ministre des sports et des jeux olympiques et paralympiques.
Les ministres délégués
Auprès de la Première ministre :
- Olivier Véran, chargé du renouveau démocratique, porte-parole du Gouvernement ;
- Franck Riester, chargé des relations avec le Parlement ;
- Isabelle Rome, chargée de l'égalité entre les femmes et les hommes, de la diversité et de l'égalité des chances.
Auprès du ministre de l'économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique :
- Gabriel Attal, chargé des comptes publics ;
- Roland Lescure, chargé de l'industrie ;
- Jean-Noël Barrot, chargé de la transition numérique et des télécommunications ;
- Olivia Grégoire, chargée des petites et moyennes entreprises, du commerce, de l'artisanat et du tourisme.
Auprès du ministre de l'intérieur et des Outre-mer et du ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires :
- Caroline Cayeux, chargé des collectivités territoriales.
Auprès du ministre de l'intérieur et de l'outre-mer :
- Jean-François Carenco, chargé des outre-mer.
Auprès de la ministre de l’Europe et des affaires étrangères :
- Olivier Becht, chargé du commerce extérieur, de l'attractivité et des Français de l'étranger.
Auprès du ministre du travail, du plein emploi et de l'insertion et du ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse :
- Carole Grandjean, chargée de l'enseignement et de la formation professionnels.
Auprès du ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires :
- Clément Beaune, chargé des transports ;
- Olivier Klein, chargé de la ville et du logement.
Auprès du ministre de la santé et de la prévention :
- Agnès Firmin Le Bodo, chargée de l'organisation territoriale et des professions de santé.
Auprès du ministre des solidarités, de l'autonomie et des personnes handicapées :
- Geneviève Darrieussecq, chargée des personnes handicapées.
Les secrétaires d'État
Auprès de la Première ministre :
- Charlotte Caubel, chargée de l'enfance ;
- Hervé Berville, chargé de la mer ;
- Marlène Schiappa, chargée de l'économie sociale et solidaire et de la vie associative.
Auprès du ministre de l'intérieur et des Outre-mer :
- Sonia Backès, chargée de la citoyenneté.
Auprès de la ministre de l’Europe et des affaires étrangères :
- Laurence Boone, chargée de l'Europe ;
- Chrysoula Zacharopoulou, chargée du développement, de la francophonie et des partenariats internationaux.
Auprès du ministre des armées et du ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse :
- Sarah El Haïry, chargée de la jeunesse et du service national universel.
Auprès du ministre des armées :
- Patricia Mirallès, chargée des anciens combattants et de la mémoire.
Auprès du ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires :
- Bérangère Couillard, chargée de l’écologie ;
- Dominique Faure, chargée de la ruralité.