Ainsi sur l'ensemble de l'année, les volumes produits ne progresseraient plus que de +0,7% pour les granulats (CJO) et afficheraient une quasi-stagnation pour le BPE (-0,1%). Ce net repli de fin d'année, commun à bon nombre de matériaux, est d'ailleurs généralisé à l'ensemble de l'activité nationale puisque le PIB a enregistré une baisse de -0,1% sur la même période. Le contexte social bousculé (grèves des transports) et les intempéries (pluviométrie importante) ont sans doute contribué à exagérer le trait même si les dernières enquêtes d'opinion, notamment dans les travaux publics, confirment le ralentissement en cours.
Décembre “froid”
Selon les résultats provisoires de la dernière enquête mensuelle, la production de matériaux aurait sensiblement reculé en décembre, à la fois au regard du mois précédent mais aussi sur un an. Ainsi, la production de granulats se replie de -0,6% sur un mois et de -5% par rapport à décembre 2019 (données CVS-CJO). Sur le dernier trimestre 2019, les volumes se contractent de -2,3% par rapport à la même période d'il y a un an, même s'ils tendent à se stabiliser au regard du trimestre précédent (-0,2%). De fait, sur l'ensemble de l'année, la progression du volume d'activité des granulats se limite désormais à +0,7% en données corrigées des jours ouvrés, soit +1,3% en brut, ce qui rejoint nos dernières estimations (+1%). Du côté du BPE, la contraction se confirme aussi en décembre, de façon plus appuyée, avec une baisse des cubages de -1,8% par rapport à novembre (CVS-CJO) et de -6,6% sur un an. Le contexte assez tendu et perturbé en décembre, un mois où l'activité est déjà traditionnellement limitée, a pu inciter les entreprises à anticiper la fermeture à l'approche des fêtes. De fait, l'activité béton du dernier trimestre enregistre une nette inflexion avec des livraisons qui reculent de -1,8% par rapport au troisième trimestre et de -6,6% au regard de la même période d'il y a un an. Au total, sur l'ensemble de l'année, les livraisons se stabilisent quasiment à leur niveau de 2018, affichant -0,1% en données CJO et +0,5% en données brutes, soit l'estimation retenue pour le BPE en 2019.
Ces tendances se retrouvent dans l'indicateurs matériaux qui, en données provisoires pour le quatrième trimestre 2019, enregistre un recul de -5,8% sur un an. Aucun des matériaux composant le panier n'échappe à la contraction de l'activité, les tuiles et briques accusant le repli le plus marqué. Sur l'ensemble de l'année, le bilan est très mitigé, certains matériaux comme les produits en béton conservant une tendance positive tandis que d'autres comme les tuiles et briques concluent l'année sur un repli. En moyenne, l'indicateur affiche une quasi-stabilité en 2019 en données CJO (+0,3%) et une modeste hausse en données brutes (+0,9%).
Bâtiment : bonnes nouvelles ?
La dernière enquête menée par l'INSEE en janvier dans l'industrie du bâtiment confirme la résilience du climat des affaires qui reste stabilisé à haut niveau. L'indicateur synthétique qui le mesure demeure supérieur à 110, soit un niveau bien supérieur à la moyenne de long terme (100). La confiance des entrepreneurs perdure et ces derniers restent très optimistes sur leur propre activité des prochains mois. Cependant leurs perspectives générales et leurs jugements sur les carnets de commandes se modèrent, ce qui suggère un retournement à venir même si les soldes d'opinion sont encore très favorables et les carnets de commandes toujours proches de 9 mois d'activité dans le gros œuvre. Pour autant, les derniers chiffres de la construction de logements montrent encore un repli au quatrième trimestre, de -2,5% par rapport au troisième trimestre (CVS-CJO) et de -3,1% sur un an.
Cependant, sur l'ensemble de l'année et suite à la campagne annuelle de révision des données SITADEL, le recul des mises en chantier est finalement plus modeste et se limite à -1% pour un total de 410 300 logements commencés. Parmi eux, on compte 217 000 logements collectifs, en baisse de -1,7%, et 163 400 logements individuels qui, pour leur part, ont progressé de +3,7%. Quant aux demandes de permis, elles ont observé un net rebond au quatrième trimestre, de +12,7% par rapport au trimestre précédent (dont +3,8% pour l'individuel et +12,3% pour le collectif) et de +8,7% sur un an. En moyenne sur 2019, les autorisations s'inscrivent en repli de -2,3% (à 449 400 unités), la sensible contraction du segment collectif (-6,8% à 227 500 unités) étant amortie par la hausse de l'individuel pur (+4,6% à 137 300 unités). Si ce rebond est en partie lié à un effet de base favorable du quatrième trimestre 2018, il peut aussi s'expliquer par le contexte pré-électoral des échéances municipales propice à l'aboutissement de projets constructifs. Quant au secteur non résidentiel, son dynamisme se confirme avec des mises en chantier et des permis en hausse de +7,2% en 2019.
La tendance du dernier trimestre reste encourageante, tant sur les surfaces commencées (+7,1%) que sur les autorisations (+5,7%), les bureaux, entrepôts et bâtiments publics tirant la croissance. Ces éléments plutôt positifs se complètent des derniers résultats de l'enquête trimestrielle menée auprès des promoteurs en janvier. Leur opinion sur la demande de logements neufs continue en effet de s'améliorer même si leurs perspectives de mises en chantier sont inchangées et proches de leur moyenne de long terme dans un contexte où les prix moyens des logements restent tirés vers le haut.
TP : nuages à l'horizon…
Selon les dernières enquêtes menées auprès des professionnels des travaux publics, l'activité de la fin d'année est restée très vigoureuse, portée par les grands projets et les investissements des collectivités locales à l'approche des élections municipales. En cumul sur onze mois, les travaux réalisés progressent de +12,7% en volume sur un an (CVS-CJO). Toutefois, le repli des embauches en intérim et la baisse des prises de commandes suggèrent que la modération de l'activité se profile pour les prochains mois. Du reste, dans l'enquête trimestrielle de janvier, l'optimisme des entrepreneurs sur leur activité passée et à venir se tempère, tout comme l'opinion sur les carnets de commandes (notamment s'agissant de la clientèle publique) même s'ils restent encore supérieurs à leur moyenne de long terme. Si le manque de main-d'œuvre continue de limiter la réalisation des travaux pour 40% des entreprises, il convient de souligner aussi que, à l'instar du secteur des matériaux, les contraintes climatiques ont pesé sur l'activité des derniers mois pour près d'un quart d'entre elles (23%).