Le président Emmanuel Macron a réuni dans la matinée un conseil de défense en présence du Premier ministre Jean Castex et d'une dizaine de ministres.
Les scénarios évoqués pour le durcissement vont d'un renforcement du couvre-feu -qui pourrait par exemple débuter à 19H00, voire être étendu à tout le territoire- à un reconfinement total, ou bien limité aux week-ends.
En fin d'après-midi, Jean Castex recevra les responsables politiques puis les partenaires sociaux à Matignon pour les "consulter" sur "les durcissements envisagés". Puis un nouveau conseil de défense se tiendra mercredi matin pour prendre les décisions qui seront annoncées aux Français d'ici la fin de la semaine.
"Il faut s'attendre à des décisions difficiles", a prévenu mardi le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, en écho aux propos alarmants tenus par plusieurs médecins ces derniers jours.
"A un moment il faut prendre des décisions dures (...) comme tous nos voisins" européens, a-t-il ajouté sur France Inter, faisant référence aux nouvelles restrictions prévues en Italie, en Espagne ou en République tchèque.
Le président du Conseil scientifique, Jean-François Delfraissy, avait qualifié lundi la situation en France de "critique", disant craindre que la deuxième vague soit "plus forte que la première".
La pression monte en réa
Le nombre de cas positifs confirmés a crû de 26.771 en 24 heures, selon les chiffres de Santé publique France de lundi. La veille, la France avait battu un nouveau record avec plus de 50.000 cas positifs confirmés en un jour. Le professeur Delfraissy a même estimé que le nombre réel de contaminations tournerait "autour de 100.000 cas par jour".
Le nombre de patients en réanimation continue à grimper, augmentant la pression sur les hôpitaux. Leur nombre s'élevait lundi à 2.761, pour un total de 5.800 lits de réa dans toute la France.
Mardi matin, l'Agence régionale de santé (ARS) des Pays de la Loire a annoncé attendre huit patients transférés par avion en provenance d'Auvergne Rhône-Alpes et l'ARS Bretagne a accueilli de son côté quatre patients d'Occitanie.
Taboue il y a encore quelques semaines, l'hypothèse du reconfinement est désormais considérée comme une nécessité par un nombre grandissant de scientifiques et de politiques, qui espèrent éviter qu'il soit national et total.
Il va "falloir faire avec des semaines qui seront plus que difficiles", a prédit l'infectiologue Gilles Pialoux, en se prononçant pour l'adoption d'une "mesure drastique, qu'on appellera confinement".
Pour lui, la difficulté actuelle réside dans la dimension désormais "nationale" de l'épidémie, à la différence de la première vague au printemps à la première vague".
Quelque 46 millions d'habitants sont désormais soumis à un couvre-feu nocturne entre 21H00 et 06H00 du matin.
La ministre du Travail, Elisabeth Borne, a de son côté encouragé mardi matin à "aller au maximum sur le télétravail pour les postes qui le permettent".
Risque d'effondrement de l'économie
Les politiques semblent résignés au durcissement des mesures, mais l'opposition ne ménage pas ses critiques au gouvernement.
"Je préfère des confinements locaux à la Toussaint qu'un confinement généralisé à Noël", a ainsi estimé le chef de file des députés LR, Damien Abad, sur France Info.
Pour autant, les députés PS ont dénoncé mardi un "vent de panique" au sein de l'exécutif face à l'accélération de la propagation du virus, leurs homologues de LR estimant que le gouvernement "baisse les bras".
Selon le député socialiste Boris Vallaud, "le sentiment est que le gouvernement passe d'une étape à l'autre avec souvent un train de retard", a-t-il dit à la presse.
Selon des sources parlementaires et gouvernementales, le gouvernement pourrait répondre à la demande d'explications du Parlement en organisant jeudi deux débats successifs à l'Assemblée, puis au Sénat.
Le président du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux, avait alerté lundi sur le fait que "si on reconfine totalement comme on l'a fait en mars, ce n'est pas moins 10% de récession qu'on risque, c'est un écroulement de l'économie".
La Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME) a également mis en garde mardi contre le risque d'un "effondrement de l'économie française" en cas de "reconfinement total ou partiel". "Les entreprises sont aujourd'hui beaucoup plus fragiles qu'au mois de mars et beaucoup d'entre elles, notamment les plus petites, seraient dans l'incapacité d'assumer un endettement supplémentaire", selon elle.
Dans la nuit de lundi à mardi, les députés ont voté en première lecture la première phase du plan de relance, 22 milliards en 2021 sur les 100 milliards prévus d'ici à 2022, un plan censé permettre à la France de rebondir face à la récession économique.
En mars, le confinement avait été décidé pour éviter que le système hospitalier ne craque sous un afflux trop important de malades du Covid. L'épidémie a fait 35.018 morts dans le pays depuis ses débuts, selon les chiffres de Santé publique France.