Pour la CAPEB, le parcours de travaux est la clé de la massification des travaux de rénovation énergétique pour les ménages
Afin d’atteindre une baisse de 15 % de la consommation énergétique des bâtiments d’ici 2022, la CAPEB rappelle qu’il est nécessaire de traiter la totalité des 7.5 millions de «passoires énergétiques» que compte la France. Or cet objectif ne doit pas être compromis dans un contexte de diminution des aides pour les travaux à l’image du CITE, dont le champ d’application sera réduit dès 2018. Car la soutenabilité économique des projets pour les ménages est le sujet central de la massification des travaux de rénovation énergétique.
Pour rendre atteignables les objectifs fixés par le Gouvernement, la CAPEB préconise le recours au « parcours de travaux » qui permet à un ménage partant de l’étape 0 de parvenir à l’obtention d’un BBC (Bâtiment Basse Consommation). Ainsi, chaque ménage réalisera son parcours de travaux en fonction de ses moyens et de ses envies, mais toujours dans une perspective du confort. Ce faisant le « parcours de travaux » remet le ménage au cœur du processus de décision et l’artisan dans son rôle de repérage et de conseil.
Patrick Liébus, Président de la CAPEB alerte en effet sur le fait qu’« il est impératif que la massification ne se traduise pas par un processus « d’industrialisation » qui amènerait les TPE à devenir des sous-traitants, cantonnés à des tâches d’exécution standardisées. L’intervention sur le bâti existant, pour être efficace, appelle une expertise et un savoir-faire difficilement standardisable ».
Par ailleurs, le CAPEB rappelle que la massification peut également se faire avec l’action des TPE - notamment en ayant recours à des actions groupées.
Les plateformes locales de rénovation énergétique : un outil de cohésion nécessaire pour les différents acteurs de la rénovation énergétique
Les ambitions du Gouvernement en matière de rénovation énergétique des bâtiments ne pourront être atteintes sans la complémentarité des missions et l’intervention des différents acteurs sur le terrain, notamment des collectivités locales et des élus territoriaux. Pour ce faire, la CAPEB préconise le recours à un guichet unique local de rénovation énergétique. Grâce à cet outil, les acteurs du bâtiment sont en mesure d’être tenus systématiquement informés de l’avancée des projets et les rôles et missions de chacun sont clairement identifiés.
Véritable outil d’information des ménages et des professionnels impliqués dans les projets, cette plateforme ne doit cependant pas se substituer à l’artisan qui reste le seul habilité à organiser les chantiers, à prescrire les solutions techniques appropriées et est un acteur de la proximité et donc de l’économie locale.
Formation et montée en compétence de la filière du bâtiment : un axe stratégique de la transition énergétique
Aujourd’hui, 70.000 entreprises sont labélisées RGE (qualifiées « reconnu garant de l’environnement »), dont 14.000 possèdent la qualification ECO Artisan®. La CAPEB salue ces chiffres qui attestent de la volonté des entreprises à relever le défi de la transition énergétique du bâtiment. Cependant la question de la montée en compétence en matière de performance énergétique reste centrale.
Le Président Patrick Liébus : « Les professionnels se sont mobilisés et ont engagés un processus de montée en compétence depuis le Grenelle de 2007, soit depuis 10 ans. Avec la mise en place de ce plan, ils continueront de s’investir dans la durabilité.»
C’est pourquoi la CAPEB tient à alerter le Gouvernement sur les moyens mis en œuvre pour soutenir la formation des professionnels du bâtiment aux économies d’énergies, afin que soient notamment garanties les modalités de financement actuelles des modules Feebat. D’autre part, il est essentiel de poursuivre et de continuer à soutenir les plans PACTE, PTNB et PRDA pour accompagner la structuration de la filière.
« Vouloir éradiquer en 10 ans les 1.5 million de passoires énergétiques occupées par des ménages aux faibles revenus, c’est un réel défi que la CAPEB souhaite relever et pour lequel elle continuera de se mobiliser » déclare Patrick Liébus, Président de la CAPEB, « mais cela pose la question des moyens : cet objectif est impossible à atteindre sans de puissants leviers d’action et d’aides au passage à l’acte. »
La FFB salue le plan du gouvernement
La FFB partage l’ambition et les grands objectifs du plan de rénovation énergétique, annoncé ce vendredi par Jacques Mézard, ministre de la Cohésion des territoires, et Nicolas Hulot, ministre de la Transition écologique et solidaire. Les 13 mesures qui le composent correspondent bien à une priorité nationale.
La volonté d’une meilleure connaissance des réalisations et d’une évaluation en continu, de mettre en place une marque commune, de déployer un guichet unique sous l’égide des régions, de créer une prime en lieu et place du CITE, de consolider les moyens de l’ANAH, de fiabiliser le DPE, d’éradiquer les passoires thermiques, d’accélérer la rénovation des bâtiments tertiaires privés et publics constituent autant de briques essentielles d’une approche globale systémique, seule à même de répondre aux défis d’une massification de ce marché.
Les artisans et entrepreneurs du bâtiment se félicitent des mesures d’accompagnement des professionnels, notamment l’annonce de la poursuite du RGE - tout en améliorant son fonctionnement - et d’un soutien à l’innovation et à la formation professionnelle. Les conditions précises restent à définir et devront garantir un accès des entreprises au marché à coût acceptable pour le client. L’objectif de généraliser une rénovation énergétique de qualité, abordable pour tous, constitue une réelle avancée car elle stimulera la demande dans une logique de marché.
La FFB souhaite toutefois que soient levées au plus vite deux incertitudes :
Seule une approche incitative et graduelle peut concilier ambition et moyens des ménages. Comme indiqué par les ministres « Les premiers travaux sont l’occasion d’évoquer les étapes qui pourront être ultérieurement entreprises ». À cette aune, la mesure d’exclusion du bénéfice du CITE des chaudières fioul à haute performance énergétique à partir du 1er janvier 2018 et des fenêtres à compter du 30 juin 2018 est incompréhensible. La FFB attend des précisions sur la prise en compte de ces travaux par la future prime.
Rénover 500.000 logements suppose une action d’envergure auprès de l’ensemble de la population et pas seulement auprès des ménages modestes. De même, s’il est important et nécessaire de réfléchir à un champ réglementaire plus efficace, il serait hautement contreproductif de s’inscrire dans une dynamique, même ciblée, d’écologie punitive qui n’est rien d’autre qu’une inflation normative et fiscale.
Le président de la FFB, Jacques Chanut, réagit : « La FFB appelle à une cohérence d’approche et espère que les décisions seront prises après une évaluation minutieuse des impacts ».