"On ne peut pas démarrer la session comme ça, c'est un très mauvais signal", a souligné le député communiste Pierre Dharréville, alors que l'examen de ce texte à partir de lundi dans l'hémicycle doit marquer le coup d'envoi d'une nouvelle saison parlementaire qui s'annonce mouvementée.
En quittant la commission des Affaires sociales, les députés de la coalition de gauche Nupes, de LR (droite) et du groupe Liot (Libertés, indépendants, outre-mer et territoires) ont voulu protester contre des conditions jugées "indignes".
"Les conditions étaient inacceptables", a justifié le député Insoumis Hadrien Clouet, ce "n'est pas un cadre sain pour débattre", a renchéri son collègue PS Arthur Delaporte, alors qu'ils devaient encore aborder des mesures concernant la petite enfance et l'insertion des personnes handicapées.
Pour l'écologiste Marie-Charlotte Garin, il y a "des sujets qu'on ne doit pas traiter à moitié réveillés".
Après le départ des députés mécontents, la commission a adopté après 02h00 du matin le texte, déjà voté en juillet en première lecture au Sénat.
Porté par le ministre du Travail Olivier Dussopt, il fixe l'objectif de réduire le taux de chômage à 5% d'ici 2027, en misant sur une meilleure coordination des acteurs de l'emploi et sur un accompagnement plus contraignant des demandeurs d'emploi, jugé "stigmatisant" par la gauche.
"Ils ont adopté leur petite loi entre eux, leur petite tambouille dans leur petite cuisine", a dit à l'AFP le député LR Philippe Juvin. Le camp présidentiel avait obtenu par un vote remporté de justesse la prolongation des débats au-delà de minuit, arguant que la poursuite le lendemain n'aurait pas permis de respecter les délais nécessaires avant l'examen dans l'hémicycle.
LR est favorable aux nouvelles contraintes pour les allocataires, mais a des réticences sur d'autres pans du texte, concernant notamment l'accueil des jeunes enfants. La ministre en charge du dossier, Aurore Bergé, "est venue se faire auditionner à 1h30 du matin", a déploré M. Juvin, jugeant que "la majorité a vraiment un problème avec le Parlement".
Le député RN Jocelyn Dessigny, également hostile à la prolongation nocturne, n'avait toutefois pas quitté la commission. "Il y a une opposition qui respecte les règles, même quand elle n'est pas d'accord", a-t-il fait valoir, fustigeant le "théâtre" des autres opposants.