En revanche, les volumes de février marquent un net rebond : les livraisons de granulats et de béton prêt à l'emploi affichent des progressions marquées par rapport à janvier mais aussi au regard de février 2018 qui, il est vrai, avait été “plombé” par les fortes gelées. Néanmoins, ces évolutions redressent les tendances des trois derniers mois tandis que les indicateurs de demande demeurent bien orientés. En effet, les perspectives d'activité du bâtiment montrent encore une belle résilience en dépit d'un atterrissage graduel du marché du logement tandis que les carnets de commandes des travaux publics restent étoffés.
Un trimestre en nette progression
Les premiers résultats de février marquent un net rebond de l'activité des granulats et du BPE par rapport au mois de janvier (encore provisoire) mais aussi au regard de février 2018.Certes,les intempéries hivernales avaient particulièrement affecté la production de matériaux l'an passé mais l'ampleur du sursaut va au-delà d'un simple rattrapage de l'effet “de base” et semble traduire une réelle embellie conjoncturelle. Il est vrai aussi que cet hiver 2018-2019 a été particulièrement clément et propice à l'activité. De sorte que le mois de mars devrait, lui aussi, s'inscrire dans cette tendance.Ainsi, les livraisons de BPE de février ont grimpé de près de +5% par rapport à janvier et de +33,7% au regard de l'an passé.Sur les trois derniers mois connus, la progression de livraisons atteint +3,3% sur le trimestre et +14,1% sur un an (données CVS-CJO).
En cumul sur les deux premiers mois de 2019, la tendance ressort à +17,2% sur un an tandis que sur les douze deniers mois, elle affiche +6,4%. Du côté des granulats,le même rebond se constate avec une hausse de l'activité de +6,1% par rapport à janvier et de +11,2% par rapport à février 2018. Le redressement sur les trois derniers mois s'opère également avec une progression de +3% par rapport aux trois mois précédents et de +5,4% comparé à la même période d'il y a un an. En cumul sur janvier-février 2019, l'activité des granulats gagne +5,1% sur un an et ressort à +2,3% sur les douze derniers mois.
Les données définitives des matériaux de notre indicateur pour 2018 confirment le net freinage de l'activité par rapport à 2017, passant d'une progression de +5,2% à +1,4% (données CJO). Ce ralentissement s'accompagne également d'une certaine hétérogénéité au sein des matériaux, certains d'entre eux, comme les briques ou les produits en béton, ayant terminé l'année sur des tendances négatives tandis que d'autres, comme les adjuvants ou le BPE, ont poursuivi de belles progressions.
Bâtiment : le moral tient bon
Les mois se suivent et se ressemblent. Interrogés en mars par l'INSEE,les chefs d'entreprise de l'industrie du bâtiment confirment un climat conjoncturel très favorable et, après s'être redressé en février, l'indicateur synthétique se stabilise à son plus haut niveau depuis juin 2008. Les professionnels du secteur sont d'ailleurs plus nombreux que le mois précédent à signaler une augmentation de l'activité au cours des trois derniers mois et leurs perspectives d'activité demeurent largement au-dessus de la moyenne de long terme, que ce soit dans le segment du logement que dans celui du non résidentiel. Les carnets de commandes atteignent leur point haut historique avec près de 9 mois d'activité en stock dans le gros-œuvre (soit 3 mois de plus que la moyenne sur les 40 dernières années), dans un contexte où, de surcroît, les recrutements récents ont étoffé les effectifs. Ce climat tranche avec les derniers chiffres de la construction qui poursuivent leur atterrissage, notamment dans le logement. Les ventes dans le neuf ont en effet baissé de -1,9% en 2018 et les mises en vente se sont contractées de -3,9%, un mouvement qui fait écho au repli des perspectives de mises en chantier des promoteurs, constaté début janvier dans l'enquête trimestrielle de l'INSEE.
Du reste, à fin février, et sur les trois derniers mois connus, les dépôts de permis ont chuté de -5% par rapport aux trois mois précédents, après +1,9% (données CVS-CJO). La baisse atteint désormais -12,5%, comparée à la même période de l'an passé, ce qui porte le cumul sur douze mois à -9% à fin février (avec 448 500 logements autorisés), un repli de même ampleur dans le collectif comme dans l’individuel. Quant aux mises en chantier, elles continuent de se contracter, de -4,3% sur les trois derniers mois connus par rapport aux trois mois précédents, après une relative stabilisation (-0,4%). Comparé à la même période de 2018, la baisse atteint -11% tandis que, sur douze mois,les ouvertures de chantier perdent -5%.Ces tendances baissières contrastent avec le moral au beau fixe des professionnels du bâtiment mais le hiatus s’explique par le jeu des délais de mises en chantier (environ 12 mois entre l’autorisation et le début des travaux dans le collectif) et des délais de production, fortement ralentis en début de cycle par les insuffisances de main-d’œuvre et les difficultés de recrutement.
Du côté de la construction non résidentielle, l’amélioration se dessine. Après un second semestre 2018 un peu décevant, en partie lié au report des projets d’investissement des industriels,les permis renouent avec la hausse au cours des trois derniers mois. À fin février, les autorisations gagnaient +8,1% par rapport à la même période de l'an passé, sous l'effet d'un rebond des entrepôts et des bâtiments de service public (enseignement et recherche notamment). Sur un an, les surfaces autorisées cèdent encore 3,3% à 40,1 millions de m². Les locaux commencés, quant à eux, continuent de croître de +1,4% sur les trois derniers mois, affichant une quasi-stabilité sur douze mois (-0,4% à 26,58 millions de m²).
TP : niveau d'activité élevé
Les derniers résultats de l'enquête de Janvier menée auprès des professionnels des travaux publics confirment une activité bien orientée avec un volume de travaux réalisés en hausse de +14,2% sur un an. Portés par les grands opérateurs (notamment la Société du Grand Paris) ainsi que par les collectivités locales, les facturations progressent de +7,4% en volume, en cumul sur les douze derniers mois (données CVS-CJO). Les marchés conclus ne sont pas en reste et gagnent +10,5% en janvier sur un an (+2,1% sur douze mois), les carnets de commandes assurant environ 6 mois de travail. Les attributions de projets liés au Grand Paris Express mais aussi la vigueur des investissements publics et privés alimentent les prises de commandes qui progressent encore pour près de 36% des chefs d'entreprise des TP.
Perspectives 2019
Le contexte d'un marché porté par des carnets de commandes encore bien garnis, dans le bâtiment comme dans les TP, devrait continuer de soutenir la demande de matériaux. Les perspectives d'activité, en volume, pour les granulats ont donc été maintenues à +2% pour 2019 tandis que celles du BPE ont été légèrement revues à la hausse (+1,5%) en raison d'un début d'année bien plus dynamique que prévu.