Si l'activité continue de croître au cours des huit premiers mois de 2019 en glissement annuel, elle s'inscrit désormais en repli sur les derniers mois. Cette contraction est d'ailleurs plus sensible dans le segment du BPE que dans celui des granulats, porté par une conjoncture des travaux publics qui, pour le moment, ne subit guère d'inflexion marquée de son activité. En effet, les travaux réalisés se maintenaient sur un rythme haussier assez soutenu en juillet, une cadence qui devrait se poursuivre dans les mois prochains. Du côté du bâtiment, la construction de nouveaux logements continue de reculer mais la fin de l'année s'annonce mieux orientée sur le segment de l'individuel et le segment du non résidentiel reste dynamique. Pour le moment, les professionnels du bâtiment font état d'une activité soutenue et de carnets de commandes bien garnis.
Un freinage plus marqué dans le BPE que pour les granulats
Les données provisoires de l'enquête mensuelle d'août confirment le freinage de l'activité dans le secteur des matériaux de construction. Tout comme en juillet, les volumes produits se sont contractés par rapport au mois précédent mais aussi par rapport à 2018. Ainsi, les livraisons de granulats ont perdu -1,1% entre juillet et août et ont baissé de -2,6% par rapport à août 2018 (données CVS-CJO). Sur les trois derniers mois connus, l'activité est quasi stable sur un an (-0,3%) et en très léger recul au regard des trois mois précédents (-0,9%). En cumul sur les huit mois de l'année, la production de granulats s'inscrit en hausse de +1,8% tandis que, en cumul sur douze mois, elle progresse de +1,6%. Du côté du BPE, la modération est aussi de mise mais de façon plus prononcée. Ainsi, les volumes livrés en août ont cédé -3,2% par rapport à juillet et -3,8% par rapport à il y a un an.
Sur les trois mois d'été, l'activité se contracte de -2,3% par rapport au printemps et de -1,6% comparé à la même période de 2018. Sur les huit premiers mois de l'année, les livraisons progressent de +3,1% et de +3,4% en cumul sur les douze derniers mois. Après avoir atteint un pic d'accélération fin 2017 - début 2018, l'activité des matériaux continue donc de progresser sur des rythmes annuels de plus en plus modérés, notamment dans le BPE qui avait connu une plus forte accélération en 2017.
Encore provisoire pour le mois d'août, notre indicateur matériaux afficherait une progression de +3,3% sur un an (données CJO) au cours des huit premiers mois de l'année, le profil trimestriel étant très contrasté. En effet, après une hausse de l'activité de +10,8% au premier trimestre, le deuxième trimestre s'inscrit en recul de -1% sur un an, une tendance baissière qui se prolonge en juillet-août.
Bâtiment : un climat des affaires encore très favorable
Les mois se suivent et se ressemblent. Interrogés par l'INSEE en septembre, les chefs d'entreprise ont confirmé une conjoncture très favorable. L'indicateur synthétique du climat des affaires, ancré autour de 111 depuis onze mois, affichait 112 en septembre, soit un niveau très supérieur à sa moyenne de long terme (100). L'opinion des professionnels concernant leur activité de ces trois derniers mois, tout comme leurs perspectives d'activité, se sont même nettement améliorées.
Quant aux carnets de commandes, ils culminent à haut niveau, soit 9 mois de travail dans le gros oeuvre et 8,1 mois dans l'ensemble du bâtiment, un volume bien plus élevé que la moyenne (6,1 et 5,7 respectivement) dans un contexte où les effectifs continuent de s'étoffer en dépit des difficultés de recrutement. Il est vrai que le retard accumulé dans les chantiers en raison des goulots de main-d'oeuvre masque la décélération des entrées de commandes consécutive au repli des permis de construire en logements. A fin août, et en cumul sur douze mois, ces derniers affichaient un recul de -5,7% sur un an. Toutefois, le léger rebond du segment individuel de ces derniers mois, sans doute en partie lié à la perspective de disparition du dispositif du PTZ à la fin 2019, a permis de modérer la tendance (-2,5% sur un an au cours des trois deniers mois). Quant aux mises en chantier de logements, si elle cèdent -3,8% sur un an au cours du trimestre juin-août (et des douze derniers mois), elles se sont légèrement redressées au regard du trimestre précédent (+1,3% en données cvs-cjo). Dans le segment non résidentiel la conjoncture reste bien orientée. Les autorisations de surfaces grimpent de +8,4% sur un an sur le trimestre juin-août (+5,8% sur douze mois) tandis que les ouvertures de chantier se redressent de +12,2% (+1,3% sur douze mois). De fait, la conjoncture de la fin d'année s'annonce finalement un peu moins sombre que prévu, un constat corroboré par les derniers chiffres de commercialisation des logements neufs. En effet, les ventes des promoteurs, notamment dans le collectif, font preuve de résilience (-0,7% sur un an au premier semestre 2019) tandis que les ventes en individuel diffus se redressent à +4,7% sur un an au cours des sept premiers mois de l'année (selon le baromètre Markemétron). L'attractivité des conditions de crédit, avec des taux de crédit à l'habitat à 1,17% en août (selon les données de l'Observatoire du Crédit Logement), couplée à la détente des conditions bancaires, avec des durées de prêt qui atteignent 228 mois (un point haut depuis près de 20 ans), contribuent à solvabiliser la demande des ménages.
Les TP toujours “moteur”
Selon la dernière enquête de la FNTP menée en juillet, l'activité des travaux publics demeure solide avec une hausse du volume des travaux réalisés de +13,8% sur un an pour les sept premiers mois de l'année (CVS-CJO). Portée par les investissements des communes à l'approche des échéances électorales, l'activité bénéficie aussi de la dynamique des grands opérateurs dans le cadre des grands chantiers. En dépit de difficultés de recrutement, qui touchent désormais un chef d'entreprise sur deux, la hausse des effectifs devrait se poursuivre dans les mois à venir. Et même si une modération de l'activité est attendue dans les prochains mois, la confiance reste de mise parmi les professionnels. Dans ce contexte, les estimations de demande de matériaux pour 2019 sont maintenues à +2% en granulats et à +2,5% dans le BPE. S'il est vrai que, pour le béton, le freinage a été plus prononcé que prévu cet été, les indicateurs du bâtiment sont, quant à eux, meilleurs qu'attendu depuis plusieurs mois, laissant augurer une fin d'année un peu mieux orientée… aléas climatiques mis à part !