La bonne orientation des indicateurs, tant du côté du bâtiment (carnets de commandes, indicateurs de confiance, construction non résidentielle, marché des logements neufs et de la maison individuelle, enquête promoteurs) que du côté des travaux publics (marchés conclus, chantiers en cours, travaux routiers…), plaidaient plutôt pour un atterrissage maîtrisé de l'activité des matériaux en fin d'année. Mais les dernières données disponibles pour les granulats et le BPE montrent un freinage plus prononcé cet automne, qui pourrait du reste être encore amplifié par les fortes pluviométries du mois de novembre. Sur les dix premiers mois de l'année, la production de BPE et de granulats est ramenée à +1,3% (cvs-cjo), creusant ainsi l'écart avec le scénario prévisionnel de l'Unicem pour 2019.
Baisses des productions en octobre
Selon les résultats provisoires de la dernière enquête mensuelle, les productions de matériaux auraient reculé en octobre. Ainsi, s'agissant des granulats, l'activité se replie de -0,5% sur un mois (données CVS-CJO), le mois de septembre ayant été revu à la baisse dans les données définitives. La production baisse également par rapport à septembre 2018 (-1,3%) et, sur les dix premiers mois de l'année, la tendance haussière a été ramenée à +1,3% perdant un demi-point depuis la fin de l'été. Sur les trois derniers mois connus (août à octobre), les volumes ont cédé -0,9% au regard des trois mois précédents et -1,3% par rapport à la même période de l'an passé, le cumul sur les douze derniers mois n'affichant plus que +1,4% en glissement annuel. Du côté du BPE, la contraction des productions est plus marquée. En octobre, les livraisons ont baissé de -0,7% par rapport à septembre et de -5,2% par rapport à octobre 2018. Si, en cumul sur douze mois, la tendance affiche encore +1,7%, en revanche, elle n'est plus que de +1,3% sur les dix premiers mois de l'année, soit environ deux points de moins qu'à la fin de l'été. Le repli des trois derniers mois (août-octobre) a été particulièrement sensible, les volumes se contractant de -3,0% par rapport au trimestre précédent et de -5,2% au regard de la même période d'il y a un an.
L'indicateur Matériaux suggère quant à lui la poursuite du recul de l'activité au troisième trimestre (-0,7% en glissement annuel, données CJO), certes plus atténué qu'au trimestre précédent (-1,8%). Ces évolutions font écho au repli de l'activité des ouvriers sur les chantiers du BTP, de -3,3% sur un an au deuxième trimestre 2019 selon l'INSEE. En octobre, le chiffre provisoire de l'indicateur traduit une nouvelle contraction, (-3%) mais la tendance sur les dix premiers mois de 2019 reste haussière (+1,8%) grâce au très bon début d'année.
Bâtiment : encore une activité élevée
Après plusieurs mois de stabilisation à haut niveau, voire de hausse, le climat des affaires dans l'industrie du bâtiment donne quelques signaux d'inflexion en novembre. En effet, la dernière enquête menée par l'INSEE dans l'industrie du bâtiment suggère que les entrepreneurs sont un peu moins positifs quant à l'évolution de leur activité au cours des derniers mois et moins optimistes sur celle des prochains.Pour autant,les soldes d'opinion demeurent très largement au-dessus de leur moyenne de longue période et les carnets de commandes apparaissent toujours aussi garnis, notamment dans le gros œuvre où ils restent accrochés à 9,1 mois de stock de travaux, un point haut historique. Il est vrai que les outils de de production sont très sollicités (avec un taux d'utilisation des capacités de 93% dans le gros œuvre, approchant le pic de 95% atteint en 2007) et que les goulots de production sont élevés (plus de la moitié des entreprises ne pouvant produire plus en raison de contraintes productives et 68% d'entre elles éprouvant des difficultés de recrutement). Pourtant l'activité constructive résidentielle est encore en décélération même si le mouvement s'est inversé dans le segment de l'individuel. Les données à fin octobre laissent en effet apparaître une baisse des permis de -2,2% sur les trois derniers mois par rapport aux trois mois précédents (dont +1,5% dans l'individuel et -4,8% dans le collectif, données CVS-CJO).
Sur la même période et au regard de l'an passé, les autorisations affichent donc un recul de -4,1% (à 442 800 unités), le segment de l'individuel (+7%) permettant d'atténuer la chute du collectif (-12%). Quant aux mises en chantier, elles se replient de -0,8% entre les deux derniers trimestres et de -3,2% sur un an (à 409 700 unités), le redressement de l'individuel permettant encore de modérer le repli. Les dernières données de Markemétron confirment le dynamisme des maisons individuelles en secteur diffus avec des ventes en hausse de +12% sur un an au troisième trimestre 2019. En revanche, du côté des promoteurs, on assiste plutôt à une stabilité du marché. Au troisième trimestre, les réservations ont quasiment stagné (-0,9% par rapport à il y a un an), mais l'offre a nettement reculé (-20,2%), ce qui conduit à une diminution des stocks de logements (-11,4% à 104 600 logements dont 93% sont des appartements). Le devenir des mesures de soutien, comme le PTZ+(prolongé jusqu'à fin 2021?) et le Pinel (fin 2021) sera ainsi déterminante pour la politique d'offre immobilière des promoteurs et leurs projets de mises en chantier.
TP : toujours solide…
La dernière enquête menée en septembre chez les professionnels des travaux publics confirme un rythme soutenu de l'activité au troisième trimestre. Les travaux réalisés ont cru de +10,8% au regard du même trimestre de 2018 et, en cumul depuis janvier, la croissance de l'activité atteint +13,1%. A l'approche des élections municipales, les prises de commandes tendent toutefois à fléchir, augurant sans doute du ralentissement attendu de l'activité en 2020. La FNTP table ainsi sur une stabilisation des volumes de travaux pour l'an prochain, le contre-coup du cycle électoral pouvant être atténué par un contexte beaucoup plus porteur que lors des précédentes municipales (trésorerie saine des collectivités locales, faible endettement, retards d'investissement à rattraper, projets en cours des grands opérateurs…).
Perspectives matériaux
Le freinage plus brutal que prévu, conjugué aux intempéries de novembre et aux incertitudes de fin d'année conduisent à revoir à la baisse nos estimations pour 2019, à +1% en volume produit pour les granulats et +0,5% pour le BPE. La résilience de certains indicateurs de demande du côté du bâtiment comme des TP suggère que l'activité pourrait se stabiliser l'an prochain du côté du BPE, voire encore légèrement progresser du côté des granulats (+1%).