"On parle d'écroulement, de chute, de gel (...) je ne crois pas qu'on est là", résumait jeudi le notaire parisien Thierry Delesalle, ironisant sur certains titres de presse alarmistes pendant l'été, à l'occasion de la présentation des chiffres trimestriels du marché du logement ancien.
Publiés de concert par l'Insee et les notaires, ces chiffres font surtout état d'une stabilisation du marché et confirment globalement les premiers bilans semestriels tirés au début de l'été par plusieurs agences: elles faisaient état d'une progression persistante des prix, avec des performances contrastées en matière de volumes de vente.
Selon l'Insee et les notaires, le nombre de ventes, qui avait culminé l'an dernier à un record proche du million, ne monte plus d'un trimestre à l'autre. A 953.000 sur l'année écoulée fin juin, il s'infléchit légèrement par rapport au précédent trimestre, même s'il reste plus élevé qu'un an plus tôt.
Quant aux prix, ils s'inscrivent toujours en hausse, par rapport à un an plus tôt, mais celle-ci ralentit, à 2,8% contre 2,9% au précédent trimestre.
Surtout, elle se rapproche de l'inflation qui, elle, est en train de reprendre de manière générale. En France, la hausse des prix dépasse maintenant 2%, après des années de morosité.
Le marché de l'immobilier ancien apparaît, dans ce contexte, à contretemps. Lui sort de deux années florissantes grâce, notamment, à des taux d'intérêt très bas qui encouragent l'achat à crédit de logement.
"On est en train de signer notre troisième année de hausse des prix (...) On est dans un phénomène de continuité", nuançait mardi lors d'une conférence de presse Sébastien de Lafond, président du site MeilleursAgents.com, qui a établi ses propres statistiques jusqu'à fin août sur la base de données remontées par quelque 11.000 agences.
Le site, qui fait état pour les huit premiers mois de l'année d'une hausse de 1,1% des prix de l'immobilier ancien à 2.500 euros le mètre carré moyen en France, ne croit pas à un retournement immédiat des prix, se basant notamment sur des délais de vente toujours réduits.
Il table ainsi sur une croissance moyenne de 1,5% d'ici 2019 tout en notant des différences marquées entre les grandes villes.
"Il y a de très fortes disparités dans les régions et, également, dans les secteurs entre appartements et maisons", appuie M. Delesalle.
Lyon et Rennes en forme
Par catégories de logement, les chiffres trimestriels de l'Insee et des notaires témoignent d'un rééquilibrage entre appartements et maisons au niveau des prix.
Même si les prix des premiers continuent à monter plus vite que ceux des secondes, plus fluctuants car le marché est plus restreint, l'écart s'est resserré à respectivement +3,3% et +2,5% en France métropolitaine, toujours sur un an.
C'est, toutefois, surtout au niveau géographique que les différences sont les plus notables avec, en premier lieu, une forte baisse des ventes à Paris et sa région.
En Île-de-France, où par ailleurs les prix (+4,1%) ralentissent leur hausse en gardant un rythme supérieur au reste du pays, le nombre de ventes a baissé de 6% au second trimestre et de 7% sur la seule capitale, dans les deux cas sur un an.
Conséquence de ce ralentissement de l'activité, les prix franciliens devraient encore ralentir leur progression et "nous n'atteindrons pas la barre du 10.000 euros le mètre carré cette année" en moyenne à Paris, a reconnu Marc Friedrich, notaire à Levallois-Perret, le niveau s'étant élevé à 9.300 mètres carrés au dernier trimestre.
Quant aux autres grandes villes françaises, l'Insee et les notaires, dont la méthodologie a changé en stratifiant plus précisément l'Île-de-France, ne donnent pas de chiffres détaillés par métropoles hors région parisienne, mais, d'après les données de Meilleursagents, les prix ont baissé cette année dans 35 des 50 plus grandes.
"Bordeaux était la star du marché en 2017. Ca se calme: depuis le début de l'année, (...) le marché s'est éteint", détaille M. Lafond, son site évoquant en revanche de nettes hausses des prix à Lyon et Rennes.