Toujours difficile à interpréter en raison des opérations de maintenance qui peuvent être menées sur les installations de carrière en cette période de l'année, le mois de janvier traduit toutefois une poursuite de la décélération de l'activité des matériaux alors que, dans le même temps, les chiffres de la construction et des ventes de logements continuent de se contracter. En revanche, les enquêtes d'opinion menées dans le bâtiment et les travaux publics demeurent solidement installées sur des tendances haussières.
Granulats : Janvier poussif
Les derniers résultats de l'enquête du mois janvier traduisent un repli de l'activité des granulats et du BPE. Par rapport à décembre (encore provisoire), les livraisons de BPE auraient reculé de -1,7% mais se situent 3,7% au-dessus des niveaux de janvier 2018 (données CVS-CJO). Sur les trois derniers mois connus, la production progresse encore de +1,5% par rapport aux trois mois précédents et de +3,5% au regard de la même période d'il y a un an. Pour autant, la tendance des douze derniers mois ralentit pour atteindre +2,8% sur un an contre +3,5% à fin décembre. Du côté des granulats, le freinage est plus marqué. L'activité se contracte de -5,8% en janvier par rapport à décembre et de -1% par rapport à janvier 2018, ce qui place ce “millésime” parmi les plus faibles de ces vingt dernières années, avec un niveau 10% plus bas qu'un mois de janvier moyen. De fait, au cours des trois derniers mois, l'activité est quasi stable par rapport aux trois mois précédents (+0,4%) et à peine plus haussière comparée à il y a un an (+0,6%). Comme pour le BPE, la tendance cumulée sur les douze derniers mois ralentit et perd un point de croissance, passant de +1,8% en décembre à 0,8% en janvier. S'agissant de l'indicateur matériaux, les résultats pour janvier sont encore parcellaires.Toutefois, une vision plus précise de l'année 2018 se dessine avec la publication des derniers résultats des matériaux. Ainsi, l'activité aurait progressé de +1,6% soit un net freinage au regard de 2017 (+4,9%), le dernier trimestre ayant connu lui aussi un rythme ralenti (+1,5%).
Bâtiment : belle résilience des enquêtes
Après une légère altération en janvier, l'enquête menée par l'INSEE dans l'industrie du bâtiment en février renoue avec l'amélioration de ses soldes d'opinion. Le climat conjoncturel se redresse à nouveau et gagne deux points atteignant son plus haut niveau depuis juillet 2008. D'ailleurs, le solde d'opinion concernant les effectifs prévus rebondit fortement après avoir chuté en janvier. Il est vrai que le taux d'utilisation des capacités de production est très élevé (91,2% contre 88,5% en moyenne sur longue période) et que 47,7% des entreprises du gros œuvre ne peuvent accroître leur production en raison de goulots de production, notamment liés aux insuffisances de personnel. Si les soldes d'activité prévue se sont très légèrement repliés pour le logement et le bâtiment résidentiel, ils restent solidement installés au-dessus de leur moyenne de long terme et les carnets de commandes (compte tenu des effectifs en place) assurent 8,7 mois de travail dans le gros œuvre (contre 6 mois en moyenne sur de longue période). En dépit de cette conjoncture plutôt robuste, les derniers chiffres de la construction confirment l'atterrissage des mises en chantier de logements même si la baisse apparaît moins marquée depuis la révision des données effectuée annuellement fin janvier.
En effet, sur les trois derniers mois connus, les logements commencés ont fléchi de -2,3% par rapport aux trois mois précédents, un repli d'une ampleur assez comparable dans le collectif (-2,5%) comme dans l'individuel (-1,9%). Sur les douze derniers mois, on comptabilise ainsi 417.100 ouvertures de chantier, soit un repli de -4,6% un peu atténué au regard de l'estimation de décembre (-7%). De même, après la hausse de +1,3% constatée au trimestre précédent, les permis accusent une baisse de -2,2% sur ces trois derniers mois, un recul surtout imputable au collectif (-4,3%), l'individuel poursuivant sa progression (+1,2%). En cumul sur douze mois, le recul des autorisations atteint désormais -6,4% (soit 459.400 unités), un rythme lui aussi un peu amorti depuis les révisions de séries (-7,1%).
Le taux d'annulation a, quant à lui, été sensiblement revu à la baisse dans le collectif. Même s'il reste haussier et élevé avec 20,3% à fin janvier, il est inférieur aux 28% estimés à fin décembre. Dans le segment non résidentiel, les ouvertures de chantier continuent de progresser de +1% sur les trois derniers mois et de +1,8% en cumul sur douze mois. Quant aux permis, même s'ils sont en repli sur douze mois (-3,9%), ils ont repris une orientation haussière au cours des trois derniers mois (+1,7%). La publication des chiffres de commercialisation des logements neufs pour 2018 confirme le diagnostic d'une contraction de l'offre et de la demande. En effet, au quatrième trimestre, les ventes se sont de nouveau repliées de -3,1% par rapport au même trimestre de 2017 tandis que les mises en vente plongeaient de -16,7%. Sur l'ensemble de l'année, le marché aura donc subi un recul de -3,9% (environ 128.000 réservations) avec une offre en baisse de -1,9%. Le stock de logements neufs, quant à lui, reste maîtrisé avec un encours de 108.200 logements (composé à 92% d'appartements), soit un léger repli de -0,7% par rapport à l'an passé. En revanche, si les conditions de crédit sont restées attractives sur l'année 2018, avec une baisse de 7 points de base sur le marché du neuf (à 1,48% fin 2018), les prix ont, quant à eux, augmenté. Le prix de vente moyen d'un appartement a cru de 3,2% sur un an à 4.125 euros le m²) tandis que celui d'une maison s'appréciait de +0,9% (à 273.359 euros). Conjuguée à des dispositifs de soutien public à la primo-accession et à l'investissement locatif moins incitatifs, la solvabilité des ménages a été dégradée, chutant de -4,7% par rapport à 2017 et de -8,6% par rapport à 2016, point haut de l'indicateur calculé par l'Observatoire du Crédit Logement.
TP : des carnets bien garnis
Selon l'enquête de décembre menée dans les travaux publics, l'activité est restée solide sur la fin de l'année. Les travaux réalisés ont progressé de +2,1% en volume par rapport au mois précédent et de +8,7% au regard du même mois de l'an passé (données CVS-CJO). En 2018, les facturations ont affiché une croissance de +7,3% à prix constants,une performance qui,selon la FNTP, reflète la reprise des commandes publiques qui représentent 70% du chiffre d'affaires du secteur. L'enquête trimestrielle publiée en janvier confirme que les carnets de commandes sont bien garnis, dans le secteur public comme dans le privé, le solde atteignant son plus haut niveau des onze dernières années. La commande des collectivités territoriales devrait bénéficier de l'impact favorable du cycle électoral, le gouvernement ayant par ailleurs récemment annoncé que le montant de la dotation globale de fonctionnement serait maintenu à 27 milliards d'euros.
Cet engagement de stabilité, qui met un terme aux minorations du quinquennat précédent (-11,5 milliards entre 2014 et 2017), s'accompagne d'une reconduction des aides à l'investissement d'un montant de 2 milliards d'euros, le double de celui de 2014.