En 2018, Ceetrus avait été retenue par la SNCF pour concevoir avec elle un projet de rénovation de la gare parisienne, première d'Europe en terme de fréquentation - un chantier estimé initialement à 600 millions d'euros. Le projet devait tripler la superficie de la Gare du Nord, et multiplier par cinq les espaces de services et commerces, le tout avant les Jeux olympiques de 2024.
La foncière du distributeur français Auchan, propriété de l'Association familiale Mulliez, est alors au coeur d'une polémique au sujet d'un autre contrat juteux: celui de la construction du gigantesque complexe de commerces et de loisirs Europacity à Gonesse, dans le Val d'Oise, entre les aéroports du Bourget et de Roissy-Charles de Gaulle.
Le ministre de la Transition écologique de l'époque, Nicolas Hulot, et des élus locaux dénoncent notamment l'artificialisation de sols agricoles qu'entraînerait le projet piloté par Ceetrus et le conglomérat chinois Wanda.
Fin 2019, tout se complique encore pour la société immobilière, lorsque Emmanuel Macron annonce l'abandon pur et simple d'Europacity. Le contrat estimé à 3 milliards d'euros est annulé et Ceetrus ne peut qu'engager une procédure pour se faire indemniser.
Au même moment, du côté de la Gare du Nord, la mairie de Paris - qui avait soutenu au départ le projet - change de position et critique un projet trop commercial et pas assez tourné vers les voyageurs.
La polémique s'enlise tout au long de l'année suivante, la mairie accusant Ceetrus de ne pas être en mesure de respecter les délais, et le gouvernement de chercher à "passer en force".
Un accord est trouvé en novembre, mais Ceetrus et la SNCF doivent se résoudre à réduire la taille du projet, qui est aussi retardé après les Jeux olympiques. Pour finalement l'abandonner cette semaine.
Nouvel échec
Après ces difficultés, l'annonce mardi de la SNCF a donc un air de déjà-vu pour Ceetrus, qui ne digère pas une décision "unilatérale".
"Je suis sous le choc. Ce qu'on souhaite, c'est rétablir les vérités", dit à l'AFP le président du conseil d'administration, Antoine Grolin, qui affirme que la SNCF a toujours été au courant de l'avancée du projet. Il insiste: "on compte se faire respecter".
Début 2021, le groupe Auchan avait pourtant tenté de tourner la page Europacity, en remodelant son activité immobilière. Il avait ainsi créé Nhood, une nouvelle structure chargée de la réalisation de projets immobiliers, séparée de Ceetrus, propriétaire des principaux actifs d'Auchan.
Nhood promettait notamment de "s'enrichir du local pour écouter les habitants", et des investissements à hauteur d'un milliard d'euros sur trois ans étaient prévus.
Nhood et la foncière Ceetrus ont ensuite été rassemblés dans une nouvelle société: New Immo Holding. Mais la pandémie a, comme dans tout le secteur, fait chuter les revenus.
New Immo Holding continue néanmoins de porter des projets en France et à l'étranger, notamment au Portugal et en Italie. Pour 2021, elle prévoit une enveloppe de 350 millions d'euros d'investissements.
À défaut de pouvoir poursuivre son projet pour la Gare du Nord, la société maintient le 29 septembre l'inauguration d'un autre de ses grands chantiers: la transformation du quartier de la Gare de Vigo, dans l'est de l'Espagne. Un projet de 121.500 m2, qui intègre un centre commercial de 43.000 m2... autour d'un hypermarché Auchan.