L'Institut Paris Région déménage à Saint-Denis sur fond de conflit social

Installé au coeur du quartier Montparnasse, l'IPR, qui a un statut d'association, est un acteur majeur de l'aménagement en Ile-de-France depuis sa création en 1960.

L'Institut, qui compte environ 200 experts, a accompagné le développement de la région après-guerre, donnant lieu notamment à la création des villes nouvelles et des principales lignes de RER. Il conseille aujourd'hui les collectivités franciliennes en matière de politique d'habitat, d'aménagement, d'environnement, de transports ou de santé.

En septembre, sa présidente Valérie Pécresse, également présidente LR de la Région, a demandé à sa direction de réaliser trois millions d'euros d'économies sur un budget de 30,8 millions d'euros, annonçant une baisse équivalente de ses subventions d'ici à 2025.

Des économies à trouver notamment dans les frais fixes, l'organisme versant environ trois millions d'euros de loyer annuel, montant qui aurait dû encore augmenter significativement l'an prochain.

"Nous assumons de faire des économies sur les loyers pour injecter cet argent dans d'autres priorités, comme les transports et les lycées", a assuré à l'AFP l'exécutif régional, dont la subvention s'élève à 21,4 millions d'euros.

Reste que la première solution proposée, un déménagement dans les locaux du conseil régional à Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis), avait déclenché plusieurs manifestations à l'automne, ainsi qu'un mouvement de grève de plusieurs mois en raison de l'étroitesse des locaux et des risques pesant sur la garantie d'indépendance des chercheurs.

C'est finalement à Carrefour Pleyel, au pied de la future gare du Grand Paris Express, que l'IPR déménagera.

"Nous nous installons au coeur d'un territoire en transformation, au centre du plus grand réseau de transports en commun du monde, en lien direct avec tous les territoires franciliens", a indiqué son directeur général Nicolas Bauquet dans un communiqué.

"Le poids des loyers dans nos charges devenait vraiment excessif", a-t-il confirmé à l'AFP, précisant avoir lui-même souhaité s'installer au nord de Paris. Le nouveau loyer sera selon lui "au moins moitié moins élevé" et le budget global reste "stable en raison de nouvelles recettes à l'international et des économies réalisées".

De son côté, l'opposition de gauche au conseil régional critique depuis plusieurs mois "des coupes budgétaires successives aux justifications hasardeuses" et alerte sur des économies réalisées sur d'autres organismes associés à la région, comme Airparif.

Léo Mariasine, délégué syndical CGT, précise que la mobilisation des salariés se poursuit et dénonce une "attaque généralisée contre l'expertise publique et des services publics en général". Il estime par ailleurs "à 28% la baisse des subventions de la Région à l'IPR entre 2015 et 2024" si l'on prend en compte l'intégration en son sein, depuis 2017, de l'Observatoire régional de la santé, de celui des déchets, ainsi que de l'Agence de la biodiversité et celle de l'énergie.