Le chef de l'État a "ouvert le conseil des ministres en insistant sur la dégradation massive, générale et largement inattendue que connaît l'Europe depuis plusieurs jours", a rapporté le porte-parole Gabriel Attal.
Le porte-parole, qui avait énuméré mardi soir les mesures "possibles" -"un élargissement du couvre-feu, "un confinement" soit "territorialisé", soit "national"- a précisé qu'Emmanuel Macron avait tranché définitivement à l'occasion d'un conseil de défense précédant le conseil des ministres.
L'hypothèse qui semble la plus probable serait un confinement d'une durée de quatre semaines, c'est-à-dire jusqu'à la fin novembre, éventuellement renouvelable. Il serait moins strict que celui de mars puisque les crèches, écoles et collèges, ainsi que des commerces essentiels, resteraient ouverts, à l'image de celui imposé en Irlande. L'incertitude demeure sur l'ouverture des lycées et des universités.
Ces derniers mois, Emmanuel Macron avait répété que la stratégie était de "tout faire pour éviter" un nouveau confinement national.
"Risque de submersion"
La crainte des autorités est avant tout la saturation des services de réanimation: le nombre de patients s'y élevait mardi à 2.900, soit la moitié des 5.800 lits de réa disponibles dans toute la France, où l'épidémie a déjà fait plus de 35.000 morts. Le gouvernement a fait état mardi de 288 morts à l'hôpital pour les dernières 24h00 et 235 en Ehpad sur les quatre derniers jours.
"Même avec le reconfinement, on arrive à la mi-novembre à un risque de plus de 1.000 morts par jour", s'est alarmé la députée LREM Aurore Bergé mercredi.
"On a beaucoup plus de malades et on s'attend à en avoir beaucoup plus qu'en mars-avril, et beaucoup moins de personnes pour y faire face", témoigne le professeur Djillali Annane, chef du service de réanimation de l'hôpital Raymond-Poincaré à Garches (Hauts-de-Seine).
Les responsables économiques s'alarment des conséquences d'un nouveau confinement sur l'économie, qui risque "l'écroulement", selon le président du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux.
Preuve de cette inquiétude, la Bourse de Paris a débuté la journée en dévissant de plus de 3%, avant de réduire ses pertes, dans l'attente des annonces d'Emmanuel Macron mais aussi venues d'Allemagne, où un nouveau tour de vis est en préparation.
La crise sanitaire et la crise économique et sociale "sont les 2 faces d'une même pièce", a souligné Gabriel Attal: "Ceux qui opposent crise sanitaire et crise économique et sociale on tort. Nous ne réglerons pas la crise économique sans maîtriser la crise sanitaire (et), nous ne réglerons pas la crise économique en feignant d'ignorer son impact de l'épidémie sur les vies humaines et sur nos hôpitaux".
Avant même les annonces du chef de l'État, la ministre du Travail Élisabeth Borne a assuré les partenaires sociaux mardi soir de la prolongation au-delà du 1er novembre du reste à charge de 15% lorsqu'une entreprise n'a d'autre choix que de mettre tout ou partie de ses salariés en chômage partiel.
Par ailleurs, une prime exceptionnelle de 1.500 euros va être attribuée à 5.000 entrepreneurs installés dans les Quartiers prioritaires de la ville (QPV) pour leur permettre de faire face aux conséquences de la crise.