A travers toute la France, des villes font face au casse-tête des déplacements à partir du 11 mai : comment éviter que les habitants, qui risquent de se détourner des transports en commun par crainte du virus, se déportent massivement sur la voiture, ajoutant à l'épidémie des problèmes de congestion des routes et de pollution de l'air ?
Depuis mi-avril, plusieurs municipalités, voire des départements entiers, planchent sur le sujet. Grenoble, Montpellier, Lyon, Rouen, Lille, Rennes, Nice, Paris, Montreuil, les départements du Val-de-Marne et de Seine-Saint-Denis... La liste ne cesse de s'allonger.
Les pistes retenues: privilégier la marche à pied et le vélo, quand 60% des trajets effectués aujourd'hui en France en voiture font moins de 5 kilomètres.
Pour accompagner l'essor du vélo comme mode de transport en France, à la traîne par rapport à d'autres pays européens, le gouvernement offre un coup de pouce aux personnes prêtent à adopter le vélo pour se déplacer au quotidien: un forfait de 50 euros pour faire réparer sa bicyclette d'occasion. Les réparateurs seront référencés sur une plateforme de la fédération française des usagers de la bicyclette (www.fub.fr), disponible à partir du 11 mai.
Cette aide s'inscrit dans un plan plus global de 20 millions d'euros, qui servira aussi à financer des places de stationnement temporaires et des formations pour apprendre ou réapprendre à rouler à vélo.
Le gouvernement va aussi accélérer l'instauration dans le secteur privé du forfait mobilités durables, jusqu'à 400 euros.
"Nous voulons que cette période fasse franchir une étape dans la culture vélo et que la bicyclette soit la petite reine du déconfinement en quelque sorte", a expliqué la ministre de la Transition écologique, Elisabeth Borne, dans un entretien au Parisien.
"Le gouvernement a pris conscience que le vélo est un outil permettant de répondre au défi du déconfinement", a dit à l'AFP Olivier Schneider de la FUB.
Zones piétonnes temporaires
Des villes et des départements préparent des aménagements spécifiques pour les piétons et les cyclistes, afin de leur offrir plus de place et leur permettre de circuler en toute sécurité.
"Je m'opposerai à ce que Paris soit envahie de voitures, synonymes de pollution" et source d'aggravation de la crise sanitaire, a fait valoir la maire de Paris dans un entretien à l'AFP. Anne Hidalgo prévoit de doubler les lignes de métro 1, 4 et 13, très fréquentées, par des pistes cyclables provisoires, ainsi que la création de nouveaux parkings relais aux portes de la capitale. La rue de Rivoli pourrait être fermée aux voitures particulières.
La présidente de la région Ile-de-France, Valérie Pécresse, a promis jusqu'à 300 millions d'euros pour le "RER vélo", un projet de 650 kilomètres de pistes cyclables sur neuf parcours, en priorité sur le RER A, B, C et D Sud. La Seine-Saint-Denis prévoit 60 km de pistes cyclables, le Val-de-Marne 40 km.
Nice veut réserver certaines artères aux bicyclettes, Montpellier a déjà ouvert une piste cyclable temporaire.
Pour les trajets à pied, le centre d'études Cerema recommande d'élargir des trottoirs en mordant sur les routes, surtout là où des files risquent de se former devant des commerces, ou d'utiliser des places de stationnement vides.
Il rappelle que les maires peuvent restreindre la circulation selon les périodes, pour créer des zones piétonnes, par exemple autour les écoles, dans des rues commerçantes...
Pour le vélo, il est possible de transformer des rues à deux voies en rue à une voie, avec une piste cyclable à côté, de réduire des quatre-voies en deux voies, avec des matériaux provisoires, en modérant la vitesse des voitures si besoin pour la sécurité des cyclistes.
La mise en place d'installations temporaires, pour vélos et piétons, seront dispensées d'autorisations préalables, a précisé le ministère de la Transition écologique.
Qui rappelle que la vente et la réparation de vélos font partie des activités autorisées pendant le confinement.
Le Conseil d’État, lui, a rappelé que la bicyclette est autorisée pour se déplacer pendant le confinement.