Le dialogue avec le Medef, la CPME et l'U2P devrait être beaucoup moins conflictuel qu'avec les syndicats de salariés qui estiment avoir été "trahis" après l'adoption de la réforme des retraites.
"On y va pour parler méthode" et notamment pour obtenir du gouvernement qu'il reprenne "les éventuels accords qu'on signerait" avec les syndicats, a dit à l'AFP le président du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux.
L'engagement a déjà été pris par le gouvernement pour l'accord sur le partage de la valeur en entreprise, signé par quatre syndicats et qui doit être transposé dans un projet de loi présenté fin mai en Conseil des ministres.
"On a fait un effort important en acceptant de signer avec les partenaires sociaux" cet accord, prévient Jean-Eudes du Mesnil, le numéro deux de la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME), ajoutant qu'"il est évidemment hors de question qu'on remette la main à la poche".
A la suite de la réforme des retraites et au rejet par le Conseil constitutionnel de ses dispositions sur le CDI seniors et l'index seniors, le Medef et la CPME, qui seront reçus en fin de journée lundi par Elisabeth Borne, entendent parler de l'emploi des seniors.
Au-delà du recul de l'âge de départ en retraite à 64 ans, "si on veut augmenter le taux d'activité du pays, il faut qu'on ait un taux d'emploi des seniors plus élevé", insiste M. Roux de Bézieux.
Le président du Medef souhaite mettre à l'agenda social la question de la transition entre le travail et la retraite "pour permettre aux gens de prendre leur retraite progressivement" comme cela se fait dans certains pays d'Europe du Nord.
La CPME de son côté va remettre sur le table sa proposition d'exonérer de cotisations assurance-chômage les seniors.
"La contrepartie, c'est que si l'entreprise doit se séparer du senior avant l'âge de mise à la retraite, à ce moment-là l'entreprise doit rembourser l'ensemble des exonérations qui ont été attribuées", explique Jean-Eudes du Mesnil.
Liste de sujets
Les deux premières organisations patronales entendent, par ailleurs, limiter la possibilité d'ouvrir un compte épargne-temps dans toutes les entreprises à la prise des jours épargnés juste avant la retraite, et non tout au long de la vie professionnelle comme cela est le cas dans certaines grandes entreprises.
Le Medef défendra aussi la dégressivité des allocations chômage, alors que selon le numéro un de la CFE/CGC François Homeril, Mme Borne envisagerait de "laisser les partenaires sociaux revenir" sur cette mesure entrée en vigueur en février.
Sur les salaires, M. Roux de Bézieux estime que "les entreprises privées ont fait le job" avec un salaire moyen par tête en hausse de 5,8% selon l'Urssaf, contrairement à l'Etat-employeur chez lequel la hausse est "autour de 2%".
Mais il est prêt à parler du problème de la faible progression des salaires nets entre un et deux Smic, alors que selon certaines études, "entre 60% et 70% des augmentations de salaire ne se retrouvent pas en net", en raison notamment de la disparition de la prime d'activité.
D'une manière générale, "on vient plutôt avec une liste de sujets dont on veut discuter, on ne vient pas avec nos propositions et nos solutions", indique M. Roux de Bézieux qui s'apprête à passer la main à la tête du Medef.
Il exclut toutefois de discuter avec les syndicats de sujets sur lesquels les positions sont trop antagonistes, comme l'indexation des salaires.
"Le dialogue social ça marche quand il y a du grain à moudre et qu'il y a la volonté de part et d'autre de trouver un compromis", affirme le président du Medef.
La CPME, qui veut aussi aborder la crise du logement et l'utilisation du compte personnel de formation, assure n'être "absolument pas dans un état d'esprit défensif" après la réforme des retraites.
L'Union des entreprises de proximité (U2P), qui représente artisans et professions libérales, sera reçue mardi par Mme Borne.