Sur MaPrimeRénov', le délégué général Hervé Lamy salue certaines recommandations en faveur de la rénovation globale et de l'audit énergétique mais déplore que le rapport n'intègre pas les gestes de rénovations manquants, notamment ceux qui permettent d'améliorer le confort d'été et de limiter le recours à la climatisation, responsable de 5% des émissions de GES du bâtiment. C'es notamment le cas des volets et stores.
Les consommations des bâtiments sont responsables en France de 28%[1] des émissions de gaz à effet de serre (GES). La Stratégie nationale bas carbone (SNBC) adoptée en 2015 et révisée en mars 2020, vise notamment dans le bâtiment une réduction de 49% des émissions de GES en 2030 par rapport à leur niveau en 2015. Le rapport note : « malgré une baisse depuis la crise de 2008, la trajectoire tendancielle de la réduction des émissions des CO2 est insuffisante pour atteindre ces objectifs ».
Le calendrier prévu par le projet de Loi Climat et Résilience pour la rénovation des bâtiments permettra en moyenne, sur la période 2021-2034, de sortir 200.000 logements supplémentaires de « l'indécence énergétique », regroupant les classes E à G, précise le rapport. « L'atteinte des différents objectifs n'est pas garantie avec les tendances observées ces dernières années » pour le comité indépendant.
L'efficacité énergétique des rénovations remises en question
Le dispositif MaPrimeRénov' a rencontré un franc succès comptant depuis 2020, 600.000 primes validées pour un montant de 2,0 milliards. Pour le comité, le problème est que 86 % de ces rénovations sont mono-gestes. En effet, le rapport indique que seuls 389 dossiers de rénovations globales ont été validés. Mais là encore, impossible d'estimer le nombre de rénovations performantes sans audit énergétique.
Même si Hervé Lamy, délégué général du Groupement Actibaie partage ce constat, il déplore néanmoins que le rapport évalue uniquement les gestes de rénovations intégrés à MaPrimeRénov'. « Les objectifs ambitieux fixés par l'état ne pourront être atteints que si les gestes liés au confort d'été sont intégrés dans le dispositif d'aide. Quand on pense économie d'énergie, on associe souvent la consommation d'énergie au chauffage. Or avec le réchauffement climatique, il faut aussi prendre en compte la hausse des températures des périodes estivales. On parle de « confort d'été », mais bientôt il s'agira simplement de confort selon les dernières projections du GIEC. Les stores et volets permettent de réduire la température de 5° voir plus si cela est piloté automatiquement. Sans ces solutions, les Français auront recours à la climatisation. Selon l'Ademe, 25%[2] des Français en seraient équipés. Un chiffre alarmant toujours en hausse, dont les équipements contribuent à 5% des émissions de GES. »
Suivre l'exemple de pays européens
Le délégué général poursuit : « nous espérons que les pouvoirs publics intégreront rapidement les solutions de protections solaires dans MaPrimeRénov'. Ces gestes de rénovations sont déjà subventionnables dans les DOM-TOM, comme chez certains de nos voisins européens, comme en Allemagne ou en Italie. Et contrairement à l'industrie de la climatisation, la quasi-totalité des solutions de protection solaires sont fabriquées en France ou dans l'Union Européenne. Il s'agit d'une industrie qui ne nécessite pas de lointaines délocalisations et est un moteur de l'économie locale. »
En conclusion, le délégué général salue néanmoins les recommandations sur les futures évaluations. « Il serait nécessaire que chaque dossier soit attaché à un audit énergétique qui permettrait d'établir les gains énergétiques ainsi que les économies de GES réalisables à partir des travaux » précise le rapport.
[1] Direction générale de l'énergie et du climat-DGEC (2020)
[2]Étude de l'ADEME 2021