"A partir du moment où on est sur une industrie de long terme, par essence on est sur l'immeuble et de la construction qui dure", assure à l'AFP Ronan Vaspart, directeur du Mipim. "On n'est pas du tout sur du court terme, ça apporte cette stabilité".
Ce salon constitue chaque année le principal rendez-vous mondial du secteur: il attend 26.000 participants dont plus de 5.000 investisseurs. Ce chiffre progresse régulièrement depuis plusieurs éditions même s'il reste sous le pic atteint en 2008 au moment du déclenchement de la crise économique, justement née dans le monde immobilier avec la crise américaine des "subprimes".
Depuis une dizaine d'années, le salon, où exposeront plus de 3.000 groupes privés ou acteurs publics, met l'accent sur des thématiques généralistes: les effets des projets sur l'environnement, la capacité à offrir un logement accessible et, particulièrement cette année, la concentration des populations dans les grandes villes.
"Voyons ce qui va se passer d'ici à 2050 et engageons tous ceux qui vont pouvoir contribuer à cette réflexion", résume à l'AFP M. Vaspart, évoquant l'enjeu de "la transformation des villes et des paysages dans leur globalité".
Cette démarche, qui au-delà de l'immobilier reflète la "responsabilité sociétale" dont se targuent des grandes entreprises, culmine lors de cette édition avec le choix pour sa conférence inaugurale d'une personnalité a priori peu experte du secteur: l'ancien secrétaire général de l'ONU, le Sud-coréen Ban Ki-moon.
Inquiétudes géopolitiques
"Ça peut étonner mais les grands pontes de l'immobilier sont tous au Mipim: pourquoi choisir un plutôt qu'un autre?", explique M. Vaspart.
"On a besoin d'un grand témoin qui était encore plus reconnaissable que les autres années", ajoute-t-il, renvoyant à l'engagement de M. Ban en faveur de l'environnement.
La stature internationale de l'ancien numéro un des Nations Unies permet aussi au salon de se revendiquer comme un lieu de réflexion à l'échelle de la planète. Il accueille des participants venus d'une centaine de pays.
"Le Mipim est né au lendemain de la chute du mur de Berlin, sur la base de la communauté française, belge et anglaise: si on se remet 30 ans en arrière, les flux était nationaux ou continentaux et très peu internationaux", rappelle M. Vaspard.
"Trente ans après, on est dans une démarche toute autre où les investisseurs du monde entier sont intéressés par ce qui se fait partout dans le monde", ajoute-t-il.
A ce titre, parmi les gigantesques projets immobiliers dont le Mipim est coutumier, deux pays feront leur arrivée chez les exposants: la Corée du Sud de M. Ban lui même, avec notamment un concept de "ville intelligente" près de Busan, et l'Egypte, qui compte désengorger le Caire en construisant une capitale administrative à une quarantaine de kilomètres du centre de cette ville d'une vingtaine de millions d'habitants.
Reste que les enjeux mondiaux pourraient assombrir la sérénité des investisseurs, même si les actifs immobiliers ont plutôt bien résisté à une année 2018 difficile sur les marchés.
"L'immobilier, comme toutes les industries, vit des cycles", prévient M. Vaspart. "Je serais ravi de vous dire que l'immobilier va continuer les 20 prochaines années comme il l'a fait en 2018, mais je ne suis pas sûr de pouvoir".
"Quelles sont les questions que se posent les investisseurs et plus particulièrement le monde de l'immobilier? Quel sera l'impact du Brexit au Royaume-Uni: est-ce-que ce sera toujours une terre d'investissement comme aujourd'hui?", s'interroge le directeur du Mipim, évoquant aussi les tensions commerciales entre la Chine et les Etats-Unis.
Alors que le flou demeure sur la possibilité d'un accord entre le Royaume-Uni et l'Union européenne à trois semaines de la date prévue de leur divorce, le Mipim doit accueillir un représentant du gouvernement britannique, le secrétaire d'Etat pour le Pays de Galles Alun Cairns.