Face à l'ampleur du choc, certains estiment que l'économie d'après ne pourra plus ressembler à celle d'avant, avec une occasion inespérée de concilier croissance et environnement, ou de pousser à plus de "made in France".
A plus court terme, le chômage et, comme l'a dit le Premier ministre Edouard Philippe, "l'appauvrissement" qui se profile pour une partie de la population remettent en débat l'organisation du temps de travail et les choix fiscaux du quinquennat.
(Re)taxer les plus riches
Emmanuel Macron avait baissé les impôts pour les plus riches au début de son quinquennat, espérant les voir financer l'économie.
Mais la crise et les dépenses engagées par l'Etat relancent le débat sur un rétablissement de l'impôt sur la fortune (ISF), remplacé en 2018 par l'impôt sur la fortune immobilière (IFI). Il est réclamé par la gauche et le Rassemblement national. Une sorte "d'impôt de guerre", pour le numéro un du PCF Fabien Roussel.
"Le pouvoir politique aura du mal à y échapper d'une manière ou d'une autre", a aussi jugé l'ancien conseiller social de Nicolas Sarkozy, Raymond Soubie, dans Les Echos, évoquant plus largement la taxation du capital.
Pour le patron du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux, ce serait toutefois "un très mauvais signal".
Le gouvernement a martelé qu'il ne voulait pas d'augmentation d'impôts, quitte à laisser filer le déficit et la dette du pays, avec le blanc seing de Bruxelles.
Travailler plus ?
Comment relancer la production après deux mois de confinement et avec des entreprises dans une situation financière fragile? Comment redonner du travail aux centaines de milliers de personnes que la crise va mettre au chômage?
A gauche et au sein des organisations syndicales, on défend un partage du temps de travail, et une réflexion pour "travailler autrement" et "mieux", selon le patron de la CFDT Laurent Berger.
A droite, on plaide pour en finir avec "le carcan des 35 heures".
"Dans certains secteurs, la demande peut-être soutenue, mais les contraintes sanitaires font que la productivité baisse: c'est là que la question du travailler plus peut se poser", a estimé Geoffroy Roux de Bézieux.
Il avait auparavant évoqué une réduction de jours de congés ou de jours fériés pour "faciliter, en travaillant un peu plus, la création de croissance supplémentaire".
Dans les entreprises, syndicats et direction peuvent conclure des accords de "performance collective" pour renégocier le temps de travail et la rémunération des salariés en cas de difficultés, a rappelé la ministre du Travail Muriel Penicaud.
Une relance verte
Pour les défenseurs de l'environnement, les plans de relance sont une opportunité pour lancer la transition vers une économie bas carbone que l'on a peiné jusqu'ici à enclencher.
Même le ministre de l'Economie Bruno Le Maire estime que la France doit devenir la "première économie décarbonée de la planète", en investissant dans les véhicules électriques, la rénovation des bâtiments... Le plan de relance qu'il présentera à la rentrée et les soutiens spécifiques aux filières automobile et aéronautique pourraient concrétiser cette ambition, avec des contreparties environnementales réclamées aux industriels.
Mais certains milieux économiques réclament une pause dans l'application de nouvelles règles environnementales, le temps de surmonter la crise.
Relocaliser les usines
Pénurie de masques, de médicaments: l'épidémie a conduit l'exécutif à défendre une plus grande indépendance économique dans des secteurs clés, comme la santé. Plus largement, elle fait s'interroger sur l'éclatement mondial des chaînes de production.
"Le jour d'après ne ressemblera pas au jour d'avant, nous devons rebâtir notre souveraineté nationale et européenne", a affirmé le président Emmanuel Macron.
Bruno Le Maire a aussi demandé aux constructeurs automobiles de "relocaliser certaines productions" en contrepartie du soutien public.
Mais relocaliser des usines en France pourrait s'avérer difficile, alors que la compétitivité va rester capitale pour les industries fragilisées par la crise.
"Un mouvement de relocalisation ne pourra s'enclencher sans une réflexion sur notre compétitivité et nos coûts de production", a prévenu sur Twitter le président du Medef.
Le gouvernement planchait avant l'épidémie sur une baisse des impôts de production, souvent une charge fixe pour les entreprises. Il ambitionne toujours de mener à bien cette réforme, malgré les faibles marges de manœuvre financières et l'opposition des collectivités qui en tirent une partie de leurs recettes.