Basée sur l’analyse de plus de 777.300 chantiers accompagnés, représentant plus d’1,1 milliard d’euros reversés à des ménages, elle démontre comment la dynamique du secteur s’est enrayée au fil des années, notamment sous l’effet des changements incessants de la réglementation qui ont découragé bon nombre de Français de se lancer dans des travaux.
Travaux de rénovation énergétique : une dégringolade sans fin

Après une année 2019 très positive pour le secteur, avec près de 165.000 chantiers de rénovation énergétique financés par PrimesEnergie.fr sur l’ensemble du territoire, 2020 débutait par un coup d’arrêt très net lié à la pandémie de Covid-19 et aux périodes de confinement. Pourtant, l’intérêt des Français pour les travaux d’économie d’énergie se confirmait avec un rattrapage salvateur au second semestre. Cette bonne dynamique s’est poursuivie en 2021 jusqu’en 2022 avec -41% de chantiers financés et une importante baisse discontinue : -28% en 2023, puis -50% en 2024.
Soit -79% au total en à peine 3 ans. Si on ne peut évidemment pas mettre de côté la situation géopolitique et économique – en particulier la crise immobilière et la hausse du coût des matériaux –, cette chute amorcée en 2022 a d’autres explications et était annoncée par l’immense majorité des professionnels du secteur.
Changements de direction, coups de rabot successifs, complexification administrative… Le changement, c’est tout le temps

Dès 2021, l’ensemble de la profession alertait sur les objectifs trop peu ambitieux fixés par le gouvernement en place pour la période 2022 – 2025 des CEE, et qui allaient mécaniquement entrainer une forte baisse des aides alloués aux particuliers. Cette baisse couplée à une suppression des bonifications pour les plus modestes, puis à l’arrêt progressif du financement de certains postes de travaux, comme les chaudières haute performance, et à la réduction drastique sur l’isolation par exemple, a marqué un premier coup d’arrêt brutal à la transition énergétique des logements.
Ensuite, le choix de privilégier les rénovations globales au détriment des monogestes successifs qui, bien qu’imparfaits, avaient déjà fait leurs preuves en permettant aux particuliers de s'inscrire dans une démarche de rénovation progressive de leur logement, a fortement contribué à l'attentisme de nombreux propriétaires. Situation renforcée par le nouveau rétropédalage du financement des rénovation globales repassant du côté de l’Anah et MaPrimeRénov’, avec un succès toujours très limité.
L’insoutenable inconstance des politiques publiques
Pour Nicolas Moulin, fondateur de PrimesEnergie.fr : « Cette étude dresse un constat très clair, à l’image de la dynamique de l’ensemble du secteur de la rénovation énergétique des logements. Les professionnels n’ont cessé de tirer la sonnette d’alarme, sans être écoutés. A trop vouloir changer les règles du jeu sans se soucier des conséquences, nous avons simplement détourné les Français des travaux d’économies d’énergie. A trop complexifier les démarches, nous avons achevé de les perdre, tout en augmentant les risques de fraude qui se sont par la suite confirmés. Sans réelle vision d'ensemble, pilotage pérenne, ni objectifs lisibles et mesurables, nous avons tout simplement détruit la dynamique d’une filière. Nous sommes à un moment charnière, faisons preuve de pragmatisme et revenons à des choses simples qui ont fait leurs preuves, en permettant à des ménages de réaliser des monogestes successifs. Mettons l’accent sur l’accompagnement des plus modestes, quitte à réduire s’il le faut les aides pour les ménages aisés. C’est ce bon sens que nous avons perdu il y a quelques années, et qu’il nous faut maintenant retrouver de toute urgence ! »
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