Discussions téléphoniques intempestives, vrombissements de moteurs, chantiers, bruit de voisinage... Les nuisances sonores, trop souvent sous-estimées, perturbent à la fois notre tranquillité et nos relations sociales. Cette situation entraîne une recrudescence des altercations et des dépôts de plaintes. Face à ce constat, les enjeux juridiques liés à l’environnement sonore deviennent un véritable sujet de société, appelant une meilleure prise en compte par les politiques publiques.
La Semaine du Son à l’UNESCO consacre au sujet toute la journée du mardi 21 janvier (de 10h30 à 19h30), à l’UNESCO (salle 1).
Bruits et tensions : un enjeu sous-estimé pour nos villes
Selon l’Ademe et le Conseil national du bruit (CNB), le coût social du bruit en France s’élèverait à plus de 147 milliards d’euros par an (2021). Selon Bruitparif, le chiffrage est de 42,6 milliards d’euros par an attribuables aux nuisances sonores en Île-de-France.
Un sondage inédit réalisé par OpinionWay pour la Semaine du Son de l’UNESCO montre que le bruit dans les villes menace la tranquillité des Français et la cohésion sociale. En effet :
- 69% des Français gênés dans leurs conversations par le bruit urbain. Le bruit urbain est identifié comme un obstacle majeur à la communication : près de 7 Français sur 10 considèrent qu’il entrave leurs échanges dans l’espace public. Discussions téléphoniques dans les transports (47%) ou vrombissements de deux-roues (38%) sont parmi les principales sources d'irritation.
- En 2024, 34% des Français impliqués dans des altercations liées au bruit et 43% des habitants de l’agglomération parisienne.
La gêne sonore va jusqu’à générer des conflits : 1 Français sur 3 rapporte avoir eu une altercation ou prévenu les forces de l’ordre à cause du bruit en 2024. Dans l’agglomération parisienne, ce chiffre atteint même 43%. Ces tensions reflètent un malaise social et un besoin urgent de régulation sonore dans les espaces publics.
- 76% des Français aimeraient des dispositifs mesurant le bruit dans la rue et/ou les lieux publics
Le sondage met enfin en évidence une méconnaissance préoccupante des seuils sonores dangereux :
- Seuls 43 % des Français estiment correctement les niveaux de décibels acceptables pour préserver leur audition.
- Les autres ignorent (33%) ou se trompent (24%) sur les limites à ne pas dépasser, soulignant la nécessité urgente d’éduquer sur les risques liés au bruit.
Face à ces nuisances, plus des 3/4 des Français souhaiteraient l’installation de dispositifs mesurant les niveaux sonores dans les lieux publics. Ces capteurs permettraient une meilleure régulation des sons et contribueraient à améliorer la qualité de vie urbaine.
Un décibélateur bientôt dans nos villes ?
Baptisé « décibélateur » par Erik Orsenna, parrain de la 22ème édition de la Semaine du Son de l’Unesco, et conçu par Preventec à l’initiative de La Semaine du Son, cet outil a pour objectif de familiariser le grand public avec la notion de décibel, une unité de mesure encore méconnue comme le montre ce sondage.
Alors que chacun perçoit naturellement les degrés Celsius pour le chaud et le froid, le décibel reste abstrait, souvent associé uniquement à des seuils de gêne sonore. L’ambition de ce projet est de rendre cette unité tangible et compréhensible, afin d'aider chacun à évaluer les niveaux sonores auxquels il est exposé au quotidien.
Le projet prévoit l’installation du "Décibélateur" sous forme d’enseignes ou de drapeaux, dans les boutiques d’audioprothésistes, les mairies et autres lieux publics. Ce dispositif permettra aux passants de se repérer facilement et de mieux comprendre l’environnement sonore qui les entoure. Une initiative éducative qui sensibilise tout un chacun à l’importance de protéger son audition face aux nuisances sonores.
Pour Christian Hugonnet, président fondateur de la Semaine du Son de l’UNESCO : « Le bruit dans l’espace public n’est pas qu’une gêne personnelle : c’est un problème collectif majeur qui impacte notre bien-être et notre capacité à vivre ensemble. En générant stress et violence, le bruit fragilise nos échanges, entrave l’écoute et limite notre ouverture au monde. Il est urgent de réguler cette pollution sonore pour restaurer la sérénité dans nos villes. Et cette régulation doit commencer par une meilleure information, premier pas indispensable vers une prise de conscience collective. »
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