Si un effondrement de l'emploi était à craindre dans de nombreux secteurs, il semble que l'artisanat ait limité la casse. En 2020, les emplois salariés ont ainsi mieux résisté dans l'artisanat (+1,7% par rapport à 2019) que dans l'ensemble du secteur privé (-2%). Une tendance positive observée sur l'ensemble du territoire. Bonne surprise également du côté des indépendants : l'année a été marquée par une très légère augmentation des immatriculations (+1% par rapport à 2019) malgré la baisse d'activité des micro-entrepreneurs.
Emploi salarié : il s'est maintenu sur l'ensemble du territoire malgré la crise
En 2020, malgré l'impact de la crise sanitaire et la crise économique qui en a découlé, l'emploi salarié a bien mieux résisté dans l'artisanat (+1,7% par rapport à 2019, soit 28.000 emplois créés) que dans l'ensemble du secteur privé où les effectifs ont diminué de 2% (-311.000).
Évolution 2019-2020 des emplois salariés par région et par secteur
Toutes les régions enregistrent une légère croissance des emplois salariés mais la dynamique est moins forte dans les régions du centre-est de la France. C'est en Corse et en Provence-Alpes-Côte d'Azur que l'on observe les plus fortes augmentations (+3%). La création d'emplois a été moins forte dans le Grand-Est, en Bourgogne-Franche-Comté, en Auvergne-Rhône-Alpes, en Bretagne et en Centre-Val de Loire (+1%), mais le solde reste positif.
Marielle Vo-Van Liger, Directrice Marketing et Communication MAAF : « Malgré la crise qui l'a touché de plein fouet, et qui pouvait faire craindre un effondrement de l'emploi, le secteur de l'artisanat a prouvé sa grande capacité de résistance et de résilience. Si certaines activités ont été plus pénalisées que d'autres à l'instar de la coiffure et des soins esthétiques, la faute aux multiples périodes de confinement qui n'ont pas eu les mêmes répercussions selon les secteurs, l'artisanat a réussi à maintenir ses emplois salariés dans toutes les régions, même les plus touchées par la crise. »
La création d'emplois portée par le BTP et l'alimentation
La tendance positive observée à l'échelle nationale est menée par l'artisanat du BTP (+3% d'emplois par rapport à 2019, 24.100 emplois créés) et de l'alimentation (+3%, 5.100).
Une croissance qui s'explique par la hausse de la demande en travaux de rénovation et de la consommation à domicile et par le retour vers les circuits de proximité. Les effectifs sont stables dans l'artisanat des services et de fabrication.
Évolution 2018-2019-2020 des emplois salariés par secteur
Dans le détail, ce sont donc les secteurs du BTP qui sont les plus créateurs d'emplois et ce malgré l'arrêt des chantiers lors du premier confinement : maçonnerie générale/construction (+3%, soit 8.530 emplois créés en 2020), électricité / plomberie (+4%, 7.130 emplois) et travaux de finition du bâtiment (+2%, 6.760 emplois). Viennent ensuite la boulangerie-pâtisserie (+2%, 3.010 emplois), les services automobiles (+2%, 2.590 emplois) et la boucherie-charcuterie-poissonnerie (+3%, 1.610 emplois).
Sans surprise, les secteurs qui ont connu les plus grandes pertes d'emplois sont les secteurs qui ont été les plus touchés par les confinements successifs : les transports (-4%, -540 emplois), la coiffure et les soins esthétiques (-2%, -2020 emplois).
Une baisse des embauches à relativiser en dehors du crack du 1er confinement
Les entreprises de l'artisanat ont réduit leurs embauches de 8% en 2020. Une baisse que l'on peut imputer aux mauvais résultats du 2ème trimestre 2020, période durant laquelle la France a été très strictement confinée. À cette époque, les entreprises de l'artisanat ont réduit leurs embauches de 32% par rapport à 2019. Un recul observé dans l'ensemble des secteurs : l'alimentation (-44%), les services (-35%), la fabrication (-34%) et le BTP (-23%).
Toutefois, si l'on regarde les chiffres des trois autres trimestres, on observe que la dynamique de recrutement est relativement stable en 2020 par rapport à 2019 : -1% d'embauches au 1er trimestre, +2% au 3ème et –2% au 4ème.
Évolution 2019-2020 des déclarations uniques d’embauche par secteur
La reprise des recrutements aux 3ème et 4ème trimestres est tirée par l'artisanat du BTP, avec des recrutements en hausse de 9% par rapport aux mêmes trimestres de l'année précédente.
Dans les autres secteurs, on observe de légers reculs qui peuvent s'expliquer par une baisse d'activité, par la plus grande prudence des entreprises mais aussi par la moindre mobilité des salariés (ils ont été probablement moins nombreux à changer d'entreprise, il y a eu donc moins de remplacements à pourvoir). Seul le secteur de l'alimentation a subi une baisse importante des embauches au dernier trimestre 2020 (-18%, surtout des CDD courts).
Catherine Élie, Directrice des études de l'ISM : « La baisse globale des embauches dans l'artisanat en 2020 a été fortement influencée par le coup de frein brutal porté aux recrutements dans la plupart des secteurs d'activité au 2ème trimestre, dans le contexte du premier confinement qui a mis le pays sous cloche et l'économie sur pause. Il faut donc relativiser cette baisse. Lorsqu'on regarde l'année dans son ensemble, on constate que la dynamique de recrutement s'est plutôt bien maintenue par rapport à 2019, attestant une nouvelle fois de la bonne résistance du secteur de l'artisanat face à la crise, grâce notamment aux dispositifs d'aide mis en place. »
Création d'entreprises : très légère augmentation des immatriculations
Évolution 2019-2020 des immatriculations en par trimestre
Bonne surprise : l'incertitude économique engendrée par la crise sanitaire n'a pas freiné la dynamique entrepreneuriale en 2020. Les immatriculations ont ainsi connu une légère augmentation d'1% sur l'ensemble de l'année.
Encore une fois, c'est le 2ème trimestre 2020 qui fait exception : on enregistre à cette période un recul de 25% des immatriculations.
Sur l'ensemble de l'année, la progression des immatriculations concerne surtout l'artisanat de fabrication (+4%) et le BTP (+2%). Le léger recul des immatriculations observé dans le secteur de l'alimentation (-2%) peut s'expliquer par une baisse des opérations de transmission-reprise, liée au contexte d'incertitude.
Une baisse d'activité chez les micro-entrepreneurs
Moins couverts par les dispositifs d'aide, les micro-entrepreneurs de l'artisanat ont été sévèrement touchés par la crise. Cela d'autant plus que les chiffres d'affaires déclarés montrent une baisse moyenne de 12% de leur chiffre d'affaires, en particulier dans les activités de taxis-VTC (-57%) et de coiffure / esthétique (-32%).
FOCUS : Revenus des travailleurs indépendants : ceux des micro-entrepreneurs sont deux à six fois moins élevés
Les micro-entrepreneurs se distinguent des autres travailleurs indépendants par le niveau de leurs revenus, beaucoup plus faible.
L'écart est le plus élevé dans les activités de l'artisanat de fabrication : en 2018, le revenu annuel moyen (charges payées) était de 3 871 € contre 33 949 € pour un indépendants du régime classique.
* données 2019 non encore disponibles pour les travailleurs indépendants
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