Face au constat préoccupant qu’elle dresse, elle présente une série de recommandations, posant en premier lieu les conditions d’une utilisation et d’une production raisonnées de ces polymères, devenus incontournables dans bien des domaines. Elle appelle notamment politiques, industriels et économistes à s’engager conjointement dans une démarche de rupture pour permettre d’intégrer la filière plastique dans les principes d’une économie circulaire. Mais elle insiste également sur la nécessité de développer des programmes de recherche ambitieux, afin de mieux comprendre le devenir des déchets plastiques et leur impact sur le vivant.
Avec leurs multiples propriétés (légèreté, résistance mécanique et chimique, rigidité, souplesse ou élasticité), les plastiques sont devenus en l’espace de quelques décennies des matériaux incontournables, tant dans le secteur industriel que pour les usages de la vie domestique. En témoigne leur production mondiale qui ne cesse de croître, passant de 1 million de tonnes par an en 1950 à plus de 350 millions de tonnes par an aujourd’hui.
Pourtant, issus d’une matière première non renouvelable, difficiles à recycler et à digérer par les micro-organismes, ces plastiques sont aujourd’hui reconnus comme source de pollution pour l’environnement. Ils affectent la totalité des enveloppes superficielles de la planète – océans, eaux douces, continents et atmosphère – jusqu’aux régions les plus reculées. Leur impact toxicologique sur les êtres vivants, bien qu’encore mal documenté, constitue une préoccupation croissante.
Face à ce constat, qu’elle détaille dans son rapport, l’Académie des sciences s’inquiète de ce recours massif, et recommande une consommation raisonnée accompagnée d'une production adaptée des plastiques. Elle formule ainsi une série de recommandations, visant tous niveaux de la chaine production-utilisation de la filière plastique. Ainsi, outre l’indispensable tri sélectif à l’échelle individuelle et l’information des citoyens qui doit l’accompagner, l’Académie insiste sur les efforts à consentir de la part des acteurs industriels, pour repenser de manière radicale la production des plastiques et réduire la pollution à la source. Cette démarche doit nécessairement s’inscrire dans une action commune impliquant également les politiques et les économistes. Il s’agit notamment de remplacer les plastiques de commodité – un vrai défi car ils sont plus stables et moins chers à fabriquer – , de prendre en compte le recyclage des plastiques dès leur conception, en prévoyant un marquage facilitant le tri, de lutter contre l’obsolescence programmée, de favoriser les plastiques recyclables en instaurant des taxes sur le principe polleur-payeur et, de manière générale, de réduire leur production, que ce soit en proscrivant le recours à des polymères ou des adjuvants inutiles (notamment pour la fabrication des plastiques colorés), en arrêtant la fabrication de petits objets lorsque des produits de substitution existent, ou en banissant le suremballage.
L’Académie souligne en outre que la transition de la filière plastique vers une nécessaire économie circulaire doit s’accompagner d’une compréhension précise du devenir des déchets plastiques et de leur impact sur la santé et l’environnement. Elle préconise le développement d’un programme ambitieux de recherche fondamentale et appliquée à l’échelle mondiale, au sein duquel la recherche française pourrait tenir un rôle moteur. Des études sur la chimie des polymères devraient par exempe permettre la mise au point de produits et méthodes garantissant un meilleur recyclage. En matière d’écologie, l’Académie souligne qu’il est nécessaire de mieux documenter le cycle biogéochimique global des déchets plastiques, et en particulier les phénomènes de fragmentation et de dégradation de ces déchets mal gérés menant à la production de micro et nanodébris qui se retrouvent à terme par dizaines de millions de tonnes dans les océans. Enfin, sur le plan sanitaire, de nouvelles recherches doivent être entreprise pour évaluer l’impact des déchets plastiques sur les écosystèmes et les êtres vivants, en approfondissant les études qui, jusqu’à présent, ne sont encore que très insuffisantes.
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