"Incontestablement, la France se porte mieux" économiquement grâce aux réformes entreprises depuis 2017, estime M. Martin dans cette lettre de sept pages vue mardi par l'AFP.
Mais il souligne aussi "l'inquiétude" des acteurs économiques sur le creusement du déficit public ou sur le déficit de la balance commerciale : "le redressement du pays est engagé mais il est loin d'être abouti", résume-t-il.
Le Medef propose donc "d'augmenter le taux d'emploi de huit points pour atteindre le plein emploi" et rejoindre ainsi le niveau de l'Allemagne, "ce qui assurerait à la France une hausse de son PIB de près de 10 points" et un gain de recettes fiscales et sociales "de plus de 100 milliards d'euros par an".
Il observe notamment "le drame humain" des "13% de jeunes de 15 à 29 ans qui ne sont ni en emploi, ni en études, ni en formation, et prône "d'amplifier les réformes" sur l'éducation, et de "faire entrer pleinement l'entreprise dans la +bataille pour l'orientation+ décrétée par le Président de la République", avec la mise en place "d'un parcours de réussite" via les entreprises.
Deuxième objectif, "pourvoir un million d'emplois de chercheurs, d'ingénieurs et de scientifiques et porter la Recherche et le Développement (R&D) à 3% du PIB", alors que la France est actuellement à 2,2% du PIB pour ces dépenses, la moyenne de l'OCDE à 2,7% et l'Allemagne à 3,3%, selon les données que le président du Medef énonce dans sa lettre.
"Soutien total"
Il faut selon lui "doter l'Europe d'une véritable agence de l'innovation", à l'instar de la Darpa, l'agence de R&D du département de la Défense américain, "démocratiser" - notamment en faveur des femmes et des personnes de milieux modestes - et "normaliser" l'accès aux formations et aux carrières "de la science, de l'innovation et de l'entrepreneuriat".
Le troisième objectif décrit par M. Martin est de "baisser notre empreinte carbone deux fois plus rapidement, soit 100 millions de tonnes de CO2 de moins" par an.
Il faut selon lui arriver à "une révolution climatique des politiques publiques" comprenant un "quoi qu'il en coûte de la simplification" et un "Pacte Vert des investissements".
Interrogé par ailleurs mardi sur France-Inter sur le possible projet gouvernemental, avancé par les Echos, de faire passer le seuil d'indemnisation du chômage à 8 mois travaillés dans les 20 derniers mois, au lieu de 6 mois dans les derniers 24 mois actuellement, M. Martin a jugé que cela "générerait des économies significatives", mais qu'il faudrait "être attentif" à ce que les jeunes n'en soient pas "pénalisés".
Il a par ailleurs décrit le programme économique et social du RN comme "pour le moins flou" et semblant "être le même que pour les élections présidentielles" : "anti-européen et se traduisant par une augmentation massive des prélèvements obligatoires".
Il a souhaité la mise en place en Nouvelle-Calédonie "de dispositifs de chômage partiel" après les émeutes des derniers jours et demandé "qu'on ne se désintéresse pas du nickel et de l'activité économique" dans l'île.
Interrogé enfin sur le stage en entreprise des élèves de seconde, que le Medef soutient mais pour lequel très peu d'entreprises sont encore candidates, M. Martin a assuré "qu'on va y arriver", mais qu'il faut "se donner un peu de temps".