« La rénovation thermique de plus de deux millions de logements classés « passoires thermiques » équipés de vieux convecteurs électriques représente un défi majeur à la fois pour la transition énergétique et pour l’urgence sociale. Or, le rythme de rénovation de ces logements est insuffisant. Les pouvoirs publics doivent se saisir de ce sujet au cours de l’examen du projet de loi Climat-Résilience au Sénat ». Brice Lalonde, président de l’association Équilibre des Énergies et ancien ministre de l’Environnement.
Remplacer les convecteurs pour atteindre les objectifs de transition énergétique
La réhabilitation des « passoires thermiques » est une nécessité Mais, si le remplacement des chaudières aux énergies fossiles, et en premier lieu de celles qui utilisent le fioul, est bien engagé avec des aides financières importantes, la rénovation des logements équipés de vieux convecteurs électriques rencontre d’importantes difficultés.
Cette situation est préoccupante. Ces vieux convecteurs, parce qu’ils sont très robustes, sont encore présents dans de très nombreux logements. Ils engendrent des surconsommations avec des factures élevées, génèrent de l’inconfort, et ont un impact notable sur la puissance appelée à la pointe. Aujourd’hui, on évalue à entre 6 et 7 millions le nombre de logements équipés de vieux convecteurs, avec une forte prévalence dans des « passoires thermiques » où ils représentent environ 2 millions des 4,8 millions de logements classés en F ou en G dans le nouveau diagnostic de performance énergétique – DPE1.
Un angle mort de la politique de rénovation
Pour une grande partie de ces logements, et à plus forte raison dans les immeubles, il serait quasiment impossible, en l’absence de circuits d’eau, de remplacer les vieux convecteurs par des pompes à chaleur ou des réseaux de chaleur. Dans ces cas, la seule solution pour moderniser le système de chauffage est d’installer des radiateurs performants en les accompagnant des gestes d’isolation nécessaires.
Mais aujourd’hui, même lorsqu’ils permettent d’améliorer l’efficacité énergétique et de réduire les factures, les radiateurs performants ne sont soutenus par aucune aide publique. Les radiateurs performants restent injustement confondus avec les vieux convecteurs alors que le progrès technique a fait des radiateurs performants une solution décarbonée en adéquation avec les différents objectifs de transition énergétique (cf. annexe) 2.
Lors de la vague de froid de 2018, le suivi en temps réel de 50 000 radiateurs connectés a montré qu’ils contribuaient à la maîtrise des consommations et des factures. En effet, les fonctionnalités de ces radiateurs ont permis de maintenir la température moyenne de chauffage des logements à 17C°, soit deux à trois degrés de moins que la température de consigne usuellement relevée.
D’autre part, outre l’utilisation de l’électricité décarbonée, les radiateurs performants sont des compléments pertinents aux solutions utilisant les énergies renouvelables telles que le chauffage au bois, les chauffe-eau thermodynamiques ou les panneaux photovoltaïques.
Équilibre des Énergies invite les pouvoirs publics à remédier à cette lacune de la politique de rénovation en mettant en place une aide financière dédiée aux radiateurs performants afin de soutenir la rénovation des deux millions de logements classés en passoires thermique équipées de vieux convecteurs. La création d’une telle aide combinée aux aides existantes, pour renforcer l’isolation ou pour moderniser le mode de production d’eau chaude, incitera les Français à engager des rénovations exemplaires tant sur les émissions de CO2 que les consommations d’énergie.
1 source : Dossier de presse DPE, ministère de la Transition écologique, 2021
2 Voir aussi la fiche Équilibre des Énergies - Les radiateurs électriques ont leur place dans la transition énergétique